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Haïti-Criminalité : Après la Plaine du Cul-de-Sac, traumatisée, les bandits veulent progresser vers l’est

La police tente de desserrer l’étau

P-au-P., 16 mai 2022 [AlterPresse] --- La vie tend à reprendre timidement, 3 semaines après la tuerie qui a fait au moins 148 morts dans la Plaine du Cul-de-Sac (périphérie nord/nord-est), où de fortes détonations persistent, alimentant la peur, selon des témoignages recueillis par AlterPresse.

Plusieurs écoles ont malgré tout recommencé à fonctionner, alors que les enfants, autant que leurs parents sont encore sous le choc, dans un contexte volatile.

Après la violence inouïe qui a caractérisé les affrontements entre gangs rivaux, leurs chefs ne cessent de proférer des menaces à travers les réseaux sociaux. De nombreux riverains hésitent à s’aventurer dans les rues et cela s’en ressent au niveau des activités quotidiennes très réduites.

Certains témoignages faisant état de possibles nouveaux morts ces derniers jours parmi la population civile n’ont pu être vérifiés.

Un pas vers le bouclage de la capitale ?

Entretemps, la situation sécuritaire s’est gravement détériorée dans plusieurs localités liant la commune de Croix-des-Bouquets à celles de Tabarre et Pétion-Ville (périphérie est).

Parmi les zones touchées figurent quelques quartiers des localités de Pernier (Pétion-Ville) et Torcelle (Tabarre) où une base de gang tend à prendre racines, non loin de l’Académie de police et de l’immeuble de l’ambassade américaine.

Durant le week-end écoulé, une situation de tension a régné dans ces zones, suite à une opération policière, tandis que des riverains ont abandonné leurs maisons de gré ou de force, selon des témoignages concordants.

Les gangs font tout pour étendre leurs tentacules vers les localités montagneuses de l’est de la capitale, notamment Métivier et Diègue, où des incidents violents se sont produits ces derniers jours.

Ces zones sont cependant de loin moins affectées par la poussée de violence des dernières semaines. Mais, les activités demeurent au ralenti et la circulation est plutôt fluide.

L’impression est que les gangs cherchent à encercler totalement la capitale en occupant ses périphéries nord, sud et est, au moment où la police multiplie pourtant des opérations causant des pertes aux bandes armées.

Inverser la tendance, le défi de la police

Les médias sociaux de la police font état quotidiennement d’arrestations de présumés bandits, de confiscations d’armes et de la mort de personnes armées au cours d’échanges de tirs avec les forces de l’ordre.

Ils montrent également des images de séances d’entrainement et de formation de perfectionnement d’agents de la Pnh ainsi que leurs déploiements sur le terrain, accompagnés de blindés et d’engins lourds.

Des secteurs politiques, économiques et sociaux s’impatientent de voir des résultats concrets en terme de diminution de l’insécurité et critiquent le fait que la police ne reste pas sur place après ses interventions coup de poing.

« Des patrouilles préventives et des opérations ciblées » se poursuivent au niveau de toutes les juridictions de police, afin de neutraliser les gangs, tente de rassurer le commandement de la police.

Dans une récente déclaration à la télévision, le directeur général de la police, Frantz Elbé, se dit « conscient de la fatigue de la population » et des dommages causés à l’économie par l’insécurité et la violence.

Il appelle à la collaboration de la population et à des mesures adaptées, articulées aux interventions de la police, afin que le problème soit résolu durablement.

En plus des massacres opérées dans divers quartiers par les gangs depuis 4 ans, la violence a pris une tournure dramatique durant les 11 derniers mois avec la terreur semée par les gangs de Martissant (secteur sud), qui sont parvenus à bloquer l’accès par la route à quatre départements du pays. [apr 16/05/2022 22 :00]

Photos : Pnh