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Haïti/États-Unis : Appel à déclarer Michel Martelly persona non grata à Miami

Actualisation à 22:00

P-au-P., 16 mai 2022 [AlterPresse] --- Une dizaine d’organisations et personnalités de la communauté haïtienne de Miami, aux États-Unis, demandent au maire de cette ville, Francis Suarez, de déclarer sans équivoque l’ancien président haïtien Joseph Michel Martelly persona non grata.

Elles ont adressé, le vendredi 13 mai 2022, une lettre au maire, dans laquelle elles déclarent s’opposer fermement à la présence du chanteur et ex chef d’État, qui prévoit une tournée dans cette ville du mercredi 18 au au samedi 21 mai 2022, selon une copie de la correspondance transmise à AlterPrese.

« La journée du drapeau haïtien (le 18 mai) est honorée, chaque année, par des célébrations culturelles en Haïti et dans la diaspora haïtienne. Les villes de New York et de Montréal ont déclaré Michel Martelly persona non grata, pour les crimes violents (enlèvements/crimes liés aux gangs), commis contre des innocents Haïtiens, hommes, femmes et enfants », lit-on dans cette lettre.

« Il serait l’un des principaux chefs de gangs, qui terrorisent actuellement le peuple haïtien », soutiennent ces entités et personnalités qui déclarent s’opposer « avec véhémence » à sa présence dans Little Haiti, quartier haïtien de Miami.

Parmi les signataires, figurent Roger E. Biamby de la Fondation David, Tony Jeanthénor de l’organisation Veye Yo, le Dr Larry Pierre, du Centre d’études haïtiennes, Farah Juste, chanteuse et activiste communautaire, ainsi que les entrepreneurs Arsène Oméga et Wadson Tony.

Un rassemblement est prévu le 21 mai en face du Centre culturel de Little Haiti, où Martelly compte se produire, selon un des signataires, Tony Jeanthénor, contacté par AlterPresse. L’objectif, dit-il, est d’empêcher le déroulement de l’activité.

En mars 2019, un bal auquel devait prendre part Martelly à Montréal a été annulé.

Des manifestations avaient été annoncées devant le lieu du spectacle par des protestataires qualifiant l’ancien président et chanteur de « misogyne notoire ».

La mairesse de Montréal, Valérie Plante, avait auparvant affirmé avoir demandé à Ottawa de refuser l’entrée en sol canadien de l’ancien président haïtien.

De 2019 à 2022, la situation s’est dégradée en Haïti où Martelly est pointé du doigt pour les éventuelles responsabilités que plus d’un lui attribue dans l’aggravation de la crise.

Des secteurs de défense de droits humains le pointent même du doigt dans la montée sans précédent des actes de violences, de kidnapping, notamment dans la zone métropolitaine de la capitale, Port-au-Prince. Ces violences armées entre gangs rivaux poussent, hors de leurs résidences, de nombreuses familles, qui tentent de se réfugier sur des places publiques ou dans des familles d’accueil.

Des soupçons pèsent également sur Martelly dans l’assassinat de l’ancien président Jovenel Moïse. « Le parrain, Joseph Michel Martelly, a ordonné l’assassinat de son filleul, Jovenel Moïse… Lisez les rapports de la Direction centrale de la police judiciaire (Dcpj). Regardez pourquoi l’enquête de la police judiciaire est bloquée, les personnes qui l’ont planifié, le cerveau du crime et vous allez voir qui ils sont. Nous avons des informations, nous avons mené des enquêtes, nous avons des dossiers et nous disons que le parrain est impliqué dans l’assassinat », a déclaré en conférence de presse le mercredi 6 avril 2022, le directeur exécutif du Réseau national de défense des droits humains (Rnddh), Pierre Espérance.

« 3 mois avant l’assassinat de Jovenel Moïse, le parrain a tenu une réunion à Miami, aux États-Unis d’Amérique, pour faire attaquer le Rnddh, moi en particulier. Il a donc fait assassiner le filleul. Se sentant confortable, de retour en Haïti, il a demandé, en janvier 2022, à son équipe que le plus beau cadeau qu’on pourrait lui offrir, c’est de m’assassiner. Ce plan était fixé pour être exécuté avant le 7 février 2022 », témoigne Pierre Espérance.

Une autre réunion a été organisée le 16 mars 2022, poursuit Pierre Espérance, qui affirme avoir informé la Dcpj, depuis le 18 mars 2022, de ce plan d’assassinat à son encontre. [mj rc apr 16/05/2022 14:17]