Par Marlyne Jean
P-au-P., 13 mai 2022 [AlterPresse] --- La Maison Dufort accueille, du samedi 14 mai au samedi 18 juin 2022, l’exposition « Archipelago », résultat final du programme de Résidences croisées dans les Caraïbes, initié par le Centre d’Art, grâce à un financement de l’Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture (Unesco), observe l’agence en ligne AlterPresse.
Les œuvres de 9 femmes artistes caribéennes seront présentées à cette exposition Archipelago.
Le lendemain de l’assassinat de Jovenel Moïse est retracé à travers la peinture Potomitan de Michelle Ricardo.
Michelle Ricardo est une créatrice dominicaine, venue en résidence à Jacmel (Sud-Est d’Haïti), à travers le programme de Résidences croisées dans les Caraïbes.
Alors qu’elle s’apprêtait à clôturer sa résidence avec son projet, survient, de manière inattendue, le drame de l’assassinat du président de facto haïtien Jovenel Moïse, le 7 juillet 2021.
Elle a donc tout laissé de côté pour produire l’œuvre « Potomitan », explique Frantz Délice, stagiaire en commissaire d’exposition et critique d’art, dans le cadre de l’exposition Archipelago.
À travers 13 tableaux de 24 cm chacun, l’artiste présente succinctement l’environnement, des scènes à Jacmel, après la mort de Jovenel Moïse.
Des images exposent des enfants qui jouent au ballon, des femmes qui se coiffent ou font la pédicure.
D’autres essaient de représenter la fermeture de la frontière annoncée par les autorités dominicaines, illustrée par un avion en vol, montrent une personne qui prépare à manger sur un feu de bois, une femme qui allaite son bébé, une marchande ambulante, une femme faisant la lessive, deux personnes assises au restaurant dont Michelle Ricardo et les pieds allongés « du président ».
Ces images sont présentées en bloc, en position plus horizontale.
Sur ces tableaux, sont inscrits, en trois langues (anglais, créole et espagnol), des phrases, des questionnements et des inquiétudes que les Haïtiennes et Haïtiens ont exprimé après le drame.
« Qui a tué le président ? », « Une série de personnes mystérieuses armées qui parlent l’espagnol », « La première dame a été atteinte par balle, mais elle a survécu », « L’assassinat du président haïtien va plonger le pays dans une crise plus profonde », pouvait-on lire sur certains tableaux.
Une femme noire en robe blanche est représentée dans un 13e tableau.
Une cuvette blanche, déposée sur le plancher, une bouteille de Florida, d’eau de Cologne très utilisée lors des cérémonies vodou, forment le décor.
« Le 13e tableau est comme une invocation à tous les loa (esprits) », explique Frantz Délice, soulignant que l’artiste ne faisait pas particulièrement référence au vaudou haïtien.
« Malgré tous les problèmes auxquels le pays est confronté, les réflexions suscitées, la population continue à vivre », affirme Michelle Ricardo.
Une autre thématique de l’exposition concerne les connexions géologiques des Caraïbes à travers la photographie numérique de Nadia Huggins.
Des tableaux liés mais séparés, disposés par terre, traduisent, en effet, l’idée des plaques tectoniques qui sont en train de bouger, les connexions géologiques des pays des Caraïbes, indique Veerlee Poupeye, commissaire d’exposition qui présentait l’œuvre de Kia Redman, de Saint-Vincent.
« A Saint-Vincent, on a des volcans et on a eu une explosion volcanique l’année dernière et en Haïti à cause de la mer géologique, on a des tremblements de terre. Donc, ce sont vraiment ces connexions là qu’elle a exploré », explique-t-elle.
Le volcan de la Soufrière, principal volcan de Saint-Vincent, s’était réveillé, le 9 avril 2021, après plusieurs décennies. Les cendres du volcan avaient affecté la visibilité de l’air de la région des Caraïbes et de l’Atlantique.
Selon Veerlee Poupeye, il s’agirait également d’une métaphore sur l’identité de vie, de changement…
Memoirs from Paradise, 2022 est une vidéo de l’artiste Kia Redman de la Barbade, présentée à travers l’une de ces vidéos, l’histoire et l’environnement des Caraïbes. « Elle reste, toutefois, très critique sur les stéréotypes, les histoires d’exploitations », explique Veerlee Poupeye.
« Le corps féminin y est également représenté comme le paysage, l’île, la terre ». poursuit la commissaire d’exposition. [mj emb apr 13/05/2022 16:30]