P-au-P., 12 mai 2022 [AlterPresse] --- Une rencontre informelle a eu lieu entre le premier ministre de facto Ariel Henry et Magali Comeau Denis, une des dirigeantes du mouvement Montana, qui prône une transition de rupture, apprend AlterPresse.
La réunion considérée « informelle » a été demandée par Ariel Henry. Elle s’est déroulée durant plusieurs heures, à la résidence de la responsable socio-politique, précise une source du Bureau de suivi de l’Accord de Montana (Bsa), dont Magali Comeau Denis est membre.
La crise multidimensionnelle, qui secoue Haïti, et qui tend à s’aggraver, a été au centre des discussions. Il s’agit d’échanges qui devraient précéder « un processus de dialogue ou de négociation » pour trouver une sortie, indique la source.
Cette démarche tendrait à montrer combien, « finalement, Ariel Henry comprendrait que la chose est bloquée et ne pourra pas être débloquée en dehors de Montana », analyse prudemment la source.
« A moins que ce ne soit la recherche de quelque chose à présenter au sommet des Amériques », qui se tient en juin 2022 à Los Angeles, ajoute-t-elle.
AlterPresse apprend qu’une autre rencontre informelle est envisagée, dans un proche délai, en vue d’une entente sur un cadre formel de pourparlers.
C’est la première fois qu’un responsable de Montana et le chef du gouvernement de facto se rejoignent depuis 3 mois, après les discussions du 11 février 2022 entre des membres du Bureau de suivi de l’accord du 30 août 2021 (représenté par Jacques Ted St Dic, Leslie Voltaire, Magali Comeau Denis et Ernst Mathurin) et Ariel Henry.
La rencontre du 11 février 2022 aurait permis un déblayage des positions, des uns et des autres, ainsi qu’une clarification d’un ensemble de points, selon Jacques Ted St-Dic.
Pourtant, la deuxième rencontre, qui devait avoir lieu le 14 février 2022, entre les membres du Bsa et Ariel Henry, pour définir les conditions des négociations politiques, a été avortée.
Les membres du Bsa, qui s’étaient rendus à la résidence officielle du premier ministre de facto, avaient laissé les lieux, à cause du mépris « irrespectueux et inacceptable », affiché par le service de protocole et les alliés du chef du gouvernement de facto.
Les alliés du gouvernement de facto avaient, pour leur part, critiqué « la mauvaise foi de l’équipe Montana ».
La communauté internationale ne cesse point d’appeler à une « solution haïtienne », prônée au départ par l’Accord de Montana. Un appel considéré « hypocrite » par plusieurs secteurs, tenant compte des attitudes apparemment ambiguës affichées, dans plusieurs occasions, par les diplomates étrangers.
« Nous avons notre part de responsabilité, mais nous n’avons pas toute la responsabilité. Et dire que c’est la faute de l’étranger, c’est un mensonge. Tout le monde le sait. Il y a des responsabilités partagées », estimait, le 9 mai 2022, l’ambassadeur français en Haïti, Fabrice Mauries, qui participait à la Fête de l’Europe.
A cette occasion l’ambassadrice et cheffe de la délégation de l’Union européenne (Ue) en Haïti, la Française Sylvie Tabesse, a dit espérer que les Haïtiennes et Haïtiens trouvent la volonté de s’engager davantage, en vue d’une solution à la crise actuelle et de diriger le pays vers la voie du développement durable. [gp apr 12/05/2022 12:00]
Photo : Binuh
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