Par Emmanuel Marino Bruno
P-au-P, 10 mai 2022 [AlterPresse] --- La Coordination nationale de la sécurité alimentaire (Cnsa) anticipe une augmentation beaucoup plus importante, sur le marché national, dans les prochains mois, des prix des produits (locaux et importés) essentiels à la consommation, dans un bulletin spécial consulté par l’agence en ligne AlterPresse.
« Sur le marché national, les prix du riz importé, de l’huile importée, de la farine importée et du sucre importé ont augmenté, respectivement de 40%, 84%, 60%, 84%, en mars 2022, par rapport au mois de mars 2021, et de 5%, 2%, 7% et 5% en rythme mensuel », souligne la Cnsa.
Les prix du maïs local et du pois noir local ont augmenté respectivement de 37% et 23% en rythme annuel, contre 8% et 2% en rythme mensuel, ajoute-t-elle.
Cette hausse s’explique, en partie, par la période de soudure, même si les prix des produits locaux ont ordinairement tendance à suivre le comportement des produits importés.
Le niveau actuel d’inflation est surtout dû à l’indice des prix des produits importés. Mais cette situation prévalait bien avant la guerre russo-ukrainienne, relève la Cnsa.
Début mai 2022, dans une note sur la politique monétaire, couvrant la période de janvier à mars 2022, la Banque de la république d’Haïti (Brh) avait déjà anticipé une inflation de près de 28% en avril 2022, contre 25.2% en février 2022, rappelle-t-elle.
La Brh ou Banque centrale avait, ainsi, alerté sur les impacts négatifs de la criminalité sur les activités économiques globales en Haïti.
Une hausse plus importante de l’indice des prix à la consommation a été observée au niveau des produits importés, soit 34.2 % en glissement annuel contre 20.2% pour les produits locaux.
Le pouvoir d’achat des productrices et producteurs agricoles s’est grandement détérioré, suivant une analyse des termes de l’échange de ces exploitantes et exploitants, qui doivent vendre leurs productions pour faire l’acquisition d’autres produits importés, signale la Cnsa.
Cette situation pourrait également s’expliquer par une perte de revenus, liée à la baisse du niveau de production.
La Cnsa cite, en exemples, les termes de l’échange pois local/produits importés de base, qui ont détérioré d’au moins 15%.
« En 2021, la vente d’une livre de pois permettait d’acquérir 0.5 litre d’huile, tandis qu’en 2022, l’équivalence est de 0.3 litre, soit une baisse de 40%. En 2021, la vente d’une livre de pois permettait d’acheter 1.9 livre de riz, tandis qu’en 2022, la vente de cette même livre de pois ne permettait d’acquérir que 1.6 livre de riz importé, soit une baisse de 15% ».
« En 2021, la vente d’une livre de pois permettait d’acheter 2.7 livres de farine de blé, tandis qu’en 2022, la vente de cette même livre de pois ne permettait d’acquérir que 2.0 livres de riz importé, soit une baisse de 26% », lit-on dans le bulletin de la Cnsa.
Réalisé dans le contexte de la perturbation des marchés, provoquée par la crise russo-ukrainienne, ce bulletin spécial de la Coordination nationale de la sécurité alimentaire, relatif à l’analyse des produits alimentaires de base, met l’accent sur la tendance de la situation sur le marché national, en regard de la situation prévalant sur le marché international. [emb rc apr 10/05/2022 13:20]
Photo : Cnsa