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Haïti : Au moins 75 morts, dans les violences armées, en 10 jours, à Port-au-Prince, révèlent les Nations unies

Viols collectifs sur des enfants âgés d’à peine 10 ans

Par Emmanuel Marino Bruno

P-au-P, 06 mai 2022 [AlterPresse] --- Au moins 75 personnes, dont des femmes et des enfants, ont été tuées, et 68 autres blessées, dans les affrontements violents, entre des gangs rivaux, qui ont éclaté depuis le dimanche 24 avril 2022, dans les communes de Croix-des-Bouquets et Tabarre (municipalités au nord-est de la capitale, Port-au-Prince) et Cité Soleil (nord), selon des chiffres fournis par les Nations unies, citant plusieurs sources, dans un document de préoccupations, rendu public ce 6 mai 2022 et transmis à l’agence en ligne AlterPresse.

Au moins 12 maisons ont été délibérément incendiées et cinq personnes auraient été brûlées vives, au cours d’événements à Cité Soleil, relatent les Nations unies.

Elles expriment de vives préoccupations face à la rapide détérioration de la situation sécuritaire et des droits humains, dans la zone métropolitaine de la capitale, Port-au-Prince, causée par ces affrontements meurtriers.

« Au moins 9,000 personnes ont été contraintes de fuir leurs maisons et de se réfugier dans des sites temporaires, tels que des églises et des écoles, ou encore dans des familles d’accueil. De nombreuses autres personnes se sont déplacées vers d’autres quartiers de la capitale ou d’autres départements ».

Tout en déplorant la fermeture des dizaines d’écoles et de centres médicaux, les Nations unies signalent aussi une rareté des produits de base, notamment de l’eau et de la nourriture, dans les zones affectées.

Près de 1,700 écoles sont actuellement fermées dans la zone métropolitaine de la capitale, Port-au-Prince, a relevé, dans un communiqué en date du 5 mai 2022, le Fonds des Nations unies pour l’enfance (Unicef), signalant combien la terreur des gangs armés menace l’avenir des enfants en Haïti.

En 10 jours (du dimanche 24 avril 2022 au mardi 3 mai 2022), 10 enfants, dont 6 en une seule journée, ont été tués dans les violences perpétrées par les gangs armés au nord-est de Port-au-Prince.

Cette situation affecte grandement l’avenir de 500 mille enfants, qui ont perdu l’accès à l’éducation, en raison de la violence liée aux gangs, déplore l’Unicef.

Les difficultés, liées à la circulation de personnes et de biens sur l’ensemble du territoire national, pourraient, à terme, « avoir des effets dévastateurs sur la stabilité socio-économique du pays ainsi que sur l’accès humanitaire déjà fortement restreint, notamment pour les départements du grand Sud (Ndlr : Sud, Grande Anse et Nippes / Sud-Ouest d’Haïti) affectés dans le tremblement de terre du samedi 14 août 2021 », avertissent les Nations unies.

Selon plusieurs actrices et acteurs locaux, les gangs en conflits auraient également recours à des actes de violence sexuelle, y compris le viol collectif d’enfants âgés d’à peine 10 ans, pour terroriser et intimider les communautés locales vivant dans des zones contrôlées par des gangs rivaux, rapportent-elles.

Bon nombre d’enfants, qui auraient été recrutés au sein des gangs armés, ont été exécutés, selon des rapports alarmants, cités par les Nations unies, qui appellent les autorités nationales à poursuivre en justice les responsables de ces violences.

Elles leur demandent de poursuivre leurs efforts dans la lutte contre les gangs armés, afin que l’ordre public soit rétabli le plus rapidement possible, dans le respect des droits humains. [emb rc apr 06/05/2022 12:55]