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Médias : Les Nations unies en Haïti demandent justice pour les journalistes haïtiens assassinés

Par Daphnine Joseph

P-au-P, 03 mai 2022 [AlterPresse] --- L’Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture (Unesco) en Haïti et le haut-commissariat des Nations unies aux droits humains ont organisé, le lundi 2 mai 2022, un procès simulé sur l’assassinat fictif d’un journaliste d’investigation, en prélude à la journée internationale de la liberté de la presse, le mardi 3 mai 2022, a observé l’agence en ligne AlterPresse.

Ce procès simulé visait à sensibiliser les pouvoirs publics et la population en général sur la nécessité de prévenir et de punir les crimes, perpétrés contre les journalistes, d’après le chargé de bureau de l’Unesco en Haïti, Elmehdi Ag-Muphtah.

A travers cet événement symbolique, les organisateurs voudraient rappeler, à toutes et à tous, la dimension primordiale de la liberté de la presse et de la liberté d’expression, dans la sauvegarde de la démocratie et de l’état de droit en Haïti.

Ag-Muphtah a également mis l’accent sur la dégradation grandissante de la sécurité des journalistes en Haïti, dans le contexte actuel, marqué par un niveau élevé de criminalité sur le territoire national.

« Le journalisme constitue un bien commun que nous devons, toutes et tous, défendre et soutenir entant que tel ».

Ag-Muphtah lance un appel aux autorités judiciaires du pays, aux organisations de défense de droits humains et à toute la société civile, en général, de faire en sorte que les dossiers judiciaires des journalistes, victimes dans l’exercice de leur profession, aboutissent.

S’il n’y a pas de journalistes, il n’y a pas de démocratie, déclare le représentant du Bureau du haut-commissariat des Nations unies aux droits humains, Arnaud Gustave Royer.

Ce procès simulé va montrer combien la justice, pour les journalistes en Haïti, est possible, dès lors que la volonté des actrices et acteurs concernés est au rendez-vous, affirme Royer.

« La liberté de la presse n’est pas une simple liberté. Elle est la plus haute expression de la liberté. A chaque fois qu’une atteinte est portée aux droits fondamentaux d’un journaliste, c’est aussi à la démocratie que cette atteinte est portée ».

Sur une vingtaine de journalistes, assassinés en Haïti durant les 30 dernières années (de 1992 à 2022), seulement deux procès ont eu lieu, déplore le secrétaire général de l’Association des journalistes haïtiens (Ajh), Jacques Desrosiers, dans des considérations de circonstance.

Le procès de Brignol Lindor, jeune journaliste de Radio Écho 2000 à Petit-Goâve (Ouest) - assassiné le 3 décembre 2001 par des membres de l’organisation dénommée Dòmi nan Bwa -, qui n’a pas permis d’identifier les auteurs intellectuels de cet assassinat et celui d’Alix Joseph aux Gonaïves (Artibonite/Nord), dont l’assassin a été libéré après avoir bénéficié d’une grâce présidentielle.

Brignol Lindor, journaliste à Radio Echo2000 de Petit-Goâve, a lâchement été assassiné le 3 décembre 2001, par des gens se réclamant du mouvement « Lavalas » du président Jean-Bertrand Aristide.

Jerry Bien-aimé a été accusé d’avoir tué par balle le journaliste de la téléradio Provinciale, Alix Joseph, le 16 mai 2007 aux Gonaïves.

« Aujourd’hui, l’insécurité et l’impunité sont les principaux éléments de blocage, à la pleine jouissance de la liberté de la presse en Haïti », relève l’Association des journalistes haïtiens, en attirant l’attention des autorités étatiques sur les engagements, pris par Haïti, pour garantir la liberté de la presse. [dj emb rc apr 03/05/2022 13:45]