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Haïti-Criminalité : L’organisme de droits humains Fjkl pointe du doigt l’irresponsabilité de l’État dans les violences armées à Port-au-Prince

Plusieurs centaines de familles essaient de fuir leurs résidences, à cause des violences...

Par Emmanuel Marino Bruno

P-au-P, 02 mai 2022 [AlterPresse] --- Les violences meurtrières entre des gangs rivaux 400 Mawozo et Chen Mechan (« chiens méchants »), qui se poursuivent, notamment dans la Plaine du Cul-de-sac, au nord et au nord-est de la capitale, Port-au-Prince, seraient le résultat de l’irresponsabilité des autorités étatiques, critique l’organisme de défense des droits humains, Fondasyon je klere (Fjkl), dans une interview à AlterRadio/AlterPresse.

« Haïti est dirigée par des irresponsables. Ce qui est en train de se passer montre combien le pays n’est pas dirigé. Les autorités à la tête du pays ne sont pas à la hauteur de leurs tâches », fustige la directrice exécutive de la Fjkl, Marie Yolène Gilles.

« Les gangs sont si puissants, parce que les autorités n’assument pas leurs responsabilités face au climat de terreur sur le territoire national ».

Les gangs, qui bénéficient d’une impunité sans pareille, étendent leur contrôle sur plusieurs espaces (territoires) sans être inquiétés, dénonce la Fjkl, qui exhorte les dirigeants à prendre les mesures qu’il faut, pour permettre aux citoyennes et citoyens de dormir en paix, dans leurs maisons.

Tôt ce lundi 2 mai 2022, des tirs nourris d’armes à feu, entendus partout dans la Plaine du Cul-de-Sac et ses environs, ont contraint de nombreuses personnes à quitter leurs maisons, avec des enfants sous les bras, pour chercher refuge vers d’autres lieux paisibles.

La peur au ventre, ces familles déplacées de Lathan, Shada... se sont réfugiées à Bon Repos et à Marin.

Toutes les activités commerciales et scolaires demeurent bloquées depuis l’éclatement, le dimanche 24 avril 2022, de ces conflits armés entre les gangs 400 Mawozo et Chen Mechan.

Ce lundi 2 mai 2022, des tirs nourris d’armes à feu inquiètent également les habitantes et habitants dans la zone de Drouillard et à Cité Soleil (au nord de Port-au-Prince).

La famille d’une personne âgée, décédée de mort naturelle, la nuit du dimanche 1er au lundi 2 mai 2022, dans la zone de Vincent, non loin de Drouillard, ne peut pas sortir de sa maison, pour aller entreprendre les démarches nécessaires auprès d’une entreprise funéraire, où elle pourrait faire transporter le cadavre, en attendant les funérailles, déplore, avec beaucoup d’émotion, un membre de la famille, qui a témoigné à AlterPresse.

La Plaine du Cul-de-sac offre le spectacle infernal d’une zone isolée et déserte, au 9e jour, le lundi 2 mai 2022, de ces violences meurtrières.

Au moins 20 personnes civiles, dont 8 d’une même famille, ont été tuées, en trois jours, dans des affrontements entre gangs rivaux, qui ont éclaté le dimanche 24 avril 2022, dans les quartiers de Clercine, Croix-des-Missions, Shada et Santo, selon un rapport préliminaire de la protection civile.

Face au climat de terreur, entretenue, en toute impunité, par les gangs armés, le Groupe de travail sur la sécurité (Gts) a appelé le premier ministre de facto, Ariel Henry, à décréter l’État d’urgence sécuritaire, pour une durée d’un mois, sur toute l’étendue du territoire national.

Dans une note, le Gts a invité urgemment le chef du gouvernement de facto à adopter des mesures exceptionnelles pour lutter contre les actes de criminalité à Port-au-Prince, notamment à Croix des Missions et Santo. [emb rc apr 02/05/2022 12:15]