Par Emmanuel Marino Bruno
P-au-P, 29 avril 2022 [AlterPresse] --- La Plaine du Cul-de-sac, au nord et au nord-est de la capitale, Port-au-Prince, offre le spectacle infernal d’une zone isolée et déserte, au sixième jour, ce vendredi 29 avril 2022, des violences meurtrières, qui ont éclaté le dimanche 24 avril 2022, entre des gangs rivaux 400 Mawozo et Chen Mechan, observe l’agence en ligne AlterPresse.
Des barricades dressées avec des pneus usagés, des pierres et des formes d’étalages en bois, érigés par des riverains, sont remarqués depuis le sous-commissariat de police de Lilavois (Bon Repos) jusqu’à la Croix-des-Missions.
Ces barricades sont installées dans ces zones, où opère le gang Chen Mechan (« chiens méchants »), dans l’objectif de se protéger contre d’éventuelles attaques venant du gang armé 400 Mawozo, selon les témoignages de riveraines et riverains.
Une patrouille policière est installée devant le sous-commissariat de police de Lilavois, où était observée la présence de quelques personnes.
Quelques véhicules privés et de transports en commun ont frayé d’autres passages, pour contourner les barricades installées à Lilavois. Seulement, quelques rares chauffeurs de motocyclettes osent les franchir.
Une seule patrouille fixe a été vue au niveau de Wout nèf, après Duvivier. Un calme apparent règne dans les quartiers de Canaan et de Bon Repos.
La paralysie, depuis le dimanche 24 avril 2022, des activités commerciales (petit et grand commerce) et scolaires (à partir du lundi 25 avril 2022) dans la Plaine du Cul-de-Sac a provoqué une augmentation des prix de différents produits alimentaires.
Le prix d’une grande marmite (plus de 5 livres) de maïs, qui se vendait à 200.00 gourdes (Ndlr : US $ 1.00 = 110.00 gourdes ; 1 euro = 117.00 gourdes ; 1 peso dominicain = 2.00 gourdes aujourd’hui) , il y a quelques semaines, a grimpé à 500.00 gourdes, pendant les violences enregistrées depuis le dimanche 24 avril 2022.
La Police nationale d’Haïti (Pnh) annonce la poursuite de ses opérations dans la Plaine du Cul-de-sac, notamment au niveau de la zone de Butte Boyer, pour déloger les bandits qui y sèment la terreur, dans une note publiée sur sa page Facebook, ce vendredi 29 avril 2022.
Des opérations de déblayage de rues ont débuté, le jeudi 28 avril 2022, dans ces zones, en vue de permettre la reprise de la circulation automobile.
Mais, le climat de peur et d’anxiété persiste dans les différents quartiers dans la Plaine du Cul-de-sac. Beaucoup craignent de s’aventurer dans les rues.
Cependant, plusieurs petites commerçantes et petits commerçants se sont efforcés, la peur dans l’âme, de se rendre dans les marchés publics de distribution en gros et en détail, pour permettre aux riveraines et riverains de s’approvisionner en différents biens, comme les produits alimentaires.
Par contre, un nombre indéterminé d’entreprises ne peuvent pas encore décider de reprendre leurs services, tant la situation est volatile.
D’une part, leurs employés ne peuvent pas emprunter les rues, à cause du climat de terreur. D’autre part, elles manquent de fournitures et de biens divers, pour leur clientèle.
De plus, à tout moment, des tirs d’armes lourdes sont susceptibles de provoquer de nouvelles tensions qui pourraient mettre en danger les vies et les biens.
La Pnh déclare s’engager à multiplier ses interventions pour rétablir l’ordre et la paix publique, tout en invitant la population à garder son calme.
Au moins 20 personnes civiles, dont 8 d’une même famille, ont été tuées, en trois jours, dans des affrontements entre gangs rivaux, qui ont éclaté le dimanche 24 avril 2022, dans les quartiers de Clercine, Croix-des-Missions, Shada et Santo, selon un rapport préliminaire de la protection civile.
Plus d’une vingtaine de personnes blessées ont été accueillies par l’organisation Médecins Sans Frontières France, dans son hôpital à Tabarre (municipalité au nord-est de la capitale, Port-au-Prince).
Plusieurs centaines de personnes ont dû abandonner leurs résidences entre les dimanche 24 et mercredi 27 avril 2022, dans les quartiers de Butte Boyer, Croix-des-Missions, Marecage et Mapou.
Dans une note, le Groupe de travail sur la sécurité (Gts) invite urgemment le chef du gouvernement de facto, Ariel Henry, à adopter des mesures exceptionnelles pour lutter contre les actes de criminalité à Port-au-Prince, notamment à Croix des Missions et Santo.
Face au climat de terreur, entretenue, en toute impunité par les gangs armés, le Gts appelle le premier ministre de facto à décréter l’État d’urgence sécuritaire, pour une durée d’un mois, sur toute l’étendue du territoire national.
Le Gts exhorte aussi les résidentes et résidents des zones, exposées à des affrontements entre la Police nationale d’Haïti (Pnh) et les gangs, à se mettre à l’abri, pendant la durée des interventions policières.
De janvier à mars 2022, près de 300 personnes sont mortes, dans les actes de violences enregistrées dans le pays, indique un rapport de l’organisme Gardiens des droits humains (Gdh).
250 d’entre elles ont été tuées dans le département de l’Ouest, précise l’organisme Gdh.
300 cas de kidnapping ont été également dénombrés, durant cette période.
De janvier à mars 2022, plus de 130 personnes ont été tuées dans les actes de violences, enregistrées dans la zone métropolitaine de Port-au-Prince, fait savoir, pour sa part, la Commission épiscopale (catholique romaine) Justice et Paix (Ce-Jilap). [emb rc apr 29/04/2022 15:30]