Par Emmanuel Marino Bruno
P-au-P, 28 avril 2022 [AlterPresse] --- Le Groupe de travail sur la sécurité (Gts) invite urgemment le chef du gouvernement de facto, Ariel Henry, à adopter des mesures exceptionnelles, pour lutter contre les actes de criminalité à Port-au-Prince, notamment à Croix des Missions et Santo, dans une prise de position dont a pris connaissance l’agence en ligne AlterPresse.
Face au climat de terreur, entretenue, en toute impunité, par les gangs armés, le Gts appelle le gouvernement de facto à décréter l’État d’urgence sécuritaire, pour une durée d’un mois, sur toute l’étendue du territoire national.
Le Gts exhorte aussi les résidentes et résidents des zones, exposées à des affrontements entre la Police Nationale d’Haïti (Pnh) et les gangs, à se mettre à l’abri, pendant la durée des interventions policières.
Il faut renforcer les contrôles au niveau de la frontière haïtiano-dominicaine et y déployer la Brigade de lutte contre les trafics illicites de stupéfiants (Blts), ainsi que dans tous les ports du pays, afin d’empêcher les gangs de se ravitailler en armes et munitions sur l’extérieur.
Il recommande de contrôler, de façon stricte, avec le support de l’Unité départementale de maintien d’ordre (Udmo), les déplacements et transports interdépartementaux, de sorte à prévenir toutes tentatives de renfort venant d’autres zones au profit des gangs de la capitale, Port-au-Prince.
Accorder aux policières et policiers le droit de fouille ou de perquisition, de tous les véhicules d’immatriculation officielle, et suspendre tous les régimes d’immunités des grands commis de l’État figurent parmi les propositions formulées par le Gts.
Depuis le 1er juin 2021, le quartier de Martissant (dans la périphérie sud de la capitale) est contrôlé par les gangs armés.
Le gang 400 Marozo, qui opère dans la commune de la Croix-des-Bouquets (au nord-est de Port-au-Prince), tente, pour sa part, d’étendre son emprise sur les zones environnantes.
Au moins 20 personnes civiles, dont 8 d’une même famille, ont été tuées, en trois jours, du dimanche 24 au mardi 26 avril 2022, dans des affrontements entre gangs rivaux, dans les quartiers de Clercine, Croix-des-Missions, Shada et Santo, relève un rapport préliminaire de la protection civile en Haïti.
Plus d’une vingtaine de personnes blessées ont été accueillies par l’organisation Médecins Sans Frontières France, dans son hôpital à Tabarre.
Plusieurs centaines de personnes ont dû abandonner leurs résidences, entre les dimanche 24 et mercredi 27 avril 2022, dans les quartiers de Butte Boyer, Croix-des-Missions, Marécage et Mapou.
Dans une note, l’Office de la protection de la citoyenne et du citoyen (Opc) dénonce le silence et l’inaction des plus hautes autorités de l’État, face à la détérioration du climat de sécurité en Haïti, en particulier, dans la Plaine du Cul-de-Sac (au nord et au nord-est de Port-au-Prince) et ses environs.
Cette indifférence de l’État, affichée face aux actes de banditisme, traduit une forme de cynisme et de mépris pour les droits humains, particulièrement le droit à la vie et à la sécurité, fustige l’Opc.
L’Office de la protection citoyenne demande au gouvernement de facto de protéger la vie et les biens des citoyennes et citoyens, conformément aux engagements en matière de droits humains contractés au niveau régional et international. [emb rc apr 28/04/2022 14:15]