P-au-P, 25 avril 2022 [AlterPresse] --- A l’occasion de la « journée nationale du souvenir » des victimes de répression, le 26 avril, l’Office de la protection du citoyen (Opc) demande aux États-Unis d’Amérique de restituer à l’État haïtien les archives des Forces armées d’Haïti (Fad’h) et du groupe paramilitaire Front révolutionnaire armé pour le progrès d’Haïti (Fraph).
La demande de l’Opc, relative à ces archives saisies lors du débarquement en 1994 des militaires américains à Port-au-Prince, est produite à travers une lettre adressée, en date du 25 avril 2022, à l’ambassadrice Nicole D. Therio, chargée d’affaires ad intérim des États-Unis en Haïti, et dont copie a été acheminée à AlterPresse.
L’Opc souhaite des pourparlers avec les plus hautes instances du gouvernement américain, en vue d’une restitution de ces documents réclamés au niveau de la société civile haïtienne depuis de nombreuses années.
Les Fad’h ont perpétré de multiples atrocités, dont des coups d’État et des violations multiples de droits humains, particulièrement au cours de la période dictatoriale des Duvalier (1957-1986) et durant les régimes militaires qui ont suivi. Ces pratiques se sont poursuivies jusqu’à leur démobilisation par le président Jean-Bertrand Aristide, en 1995, pour être remplacées par la Police nationale d’Haïti (Pnh).
Parallèlement, de 1990 à 1994, le Fraph a aussi participé à d’horribles violations de droits humains en Haïti (disparitions forcées, détentions arbitraires, viols et actes de torture et de violence en Haïti).
Les tortionnaires, auteurs, co-auteurs et complices des atrocités n’ont jamais été inquiétés par la justice. De plus, aucune action pénale n’a été engagée pour remonter la responsabilité jusqu’aux donneurs des ordres, déplore l’Office de la protection de la citoyenne et du citoyen.
La question de la documentation et l’incapacité du système judiciaire à assumer ses responsabilités sont parmi les obstacles majeurs y relatifs.
La date du 26 avril est consacrée « journée nationale du souvenir à la mémoire des victimes de Fort Dimanche » (sous la dictature des Duvalier, 1957 - 1986).
Le mardi 26 avril 2022 ramène le cinquante-neuvième anniversaire du massacre du 26 avril 1963, perpétré sous François Duvalier et qui a endeuillé de nombreuses familles en Haïti.
Le 26 avril 1986, lors d’un mouvement de protestations pour réclamer justice en faveur des victimes du massacre de 1963, de nombreux citoyens, notamment le militant politique Fred Coriolan, furent massacrés par des militaires devant la caserne de Fort Dimanche à Port-au-Prince.
L’Opc évoque une situation très préoccupante, notamment en matière de lutte contre l’impunité en Haïti.
La demande aux États-Unis de restituer les archives des Fad’h et du Fraph s’inscrit, selon l’Opc, dans une perspective de promouvoir le droit à la vérité, à la justice et aux réparations pour les victimes directes et indirectes des violations de droits humains à travers le pays. [emb gp apr 25/04/2022 19:00]