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Criminalité : Une bonne partie du territoire d’Haïti sous l’emprise des gangs armés

295 personnes, dont 250 à Port-au-Prince, mortes de violences, de janvier à mars 2022 en Haïti

Par Marie Farah Fortuné

P-au-P, 25 avril 2022 [AlterPresse] ---La Police nationale d’Haïti (Pnh) n’a aucun contrôle sur une bonne partie du territoire national. Il n’y a aucun plan pour combattre la criminalité, relève l’organisme Gardiens des droits humains (Gdh), dans une interview accordée à l’agence en ligne AlterPresse.

Des affrontements meurtriers, qui ont éclaté, depuis le dimanche 24 avril 2022, entre les gangs armés rivaux 400 Mawozo et Chen mechan se poursuivent dans plusieurs quartiers dans la commune de la Croix-des-Bouquets (nord-est).

Un climat de terreur règne notamment à la Plaine du Cul-de-Sac, Croix-des-Missions et Butte Boyer.

Si aucune disposition n’est prise pour résoudre ce problème, beaucoup de familles vont devoir, dans très peu de temps, quitter leurs maisons, comme ce fut le cas à Martissant, depuis le 1er juin 2021, prévient Rovelson Apollon, coordonnateur de l’organisme Gardiens des droits humains.

« Les autorités doivent déclarer la guerre aux gangs pour mettre fin à ce fléau », exige l’organisme Gdh.

Sur les réseaux sociaux, des appels au secours ont été lancés par plusieurs résidentes et résidents des quartiers de Butte Boyer, Santo, Shada et Croix-des-Missions.

Dans un rapport d’observation, l’organisme Gdh a recensé la mort de 295 personnes dans des actes de violences, pour le premier trimestre de l’année 2022, en Haïti.

De ce nombre, on compte 250 personnes mortes, dans les violences enregistrées dans le département de l’Ouest.

300 cas de kidnapping ont été également dénombrés durant la même période.

L’organisme Gardiens des droits humains recommande à l’État haïtien de prendre des dispositions, pour que la sécurité règne sur le territoire national.

Permettre le bon fonctionnement du service de renseignements, donner des moyens appropriés à la police nationale pour son fonctionnement, renforcer les patrouilles policières dans des zones stratégiques sont parmi les propositions, formulées par l’organisme Gardiens des droits humains.

Il faut disposer de moyens pour le contrôle de tous les ports et aéroports, mais aussi des frontières, pour lutter contre le trafic des armes, préconise l’organisme Gdh, tout en appelant à prendre des sanctions contre les complices des gangs armés.

Il exhorte les autorités à prendre des dispositions, permettant le retour des personnes déplacées de Martissant (dans la périphérie sud de Port-au-Prince), de Bel Air (quartier surplombant le Champ de Mars, au nord-est de la capitale), de Canaan (au nord), ainsi que la mise sur pied d’un programme d’assistance psychologique et sociale dans les hôpitaux.

Il convient aussi de définir un plan de lutte contre la pauvreté, de favoriser la réalisation d’assises nationales sur la sécurité de la république et de renforcer le système judiciaire. [mff emb rc apr 25/04/2022 16:40]