Par Marlyne Jean
P-au-P, 12 avril 2022 [AlterPresse] --- Le regroupement Konbit ayisyen pou lojman altènatif (Kayla) et la Plateforme des associations communautaires de la zone métropolitaine (Kozpam) appellent à la mobilisation de la population pour empêcher le gouvernement de facto d’Ariel Henry d’augmenter, à nouveau, les prix du carburant en Haïti, dans une prise de position dont a pris connaissance l’agence en ligne AlterPresse.
Depuis le vendredi 8 avril 2022, les automobilistes et motocyclistes commencent à faire la queue dans plusieurs pompes à essence, pour se procurer de l’essence.
Plusieurs stations d’essence n’ont pas fonctionné dans la capitale, Port-au-Prince.
« Aujourd’hui encore, nous entendons parler d’augmentation des prix de l’essence. Nous invitons la population à se mobiliser pour empêcher le gouvernement de facto de le faire à nouveau », lance Reyneld Sanon, secrétaire exécutif de Kayla, en conférence de presse, ce mardi 12 avril 2022, à laquelle a assisté l’agence en ligne AlterPresse.
Une nouvelle augmentation aura également des conséquences sur les prix des produits essentiels à la consommation, déjà trop chers pour la population qui croupit dans la misère, souligne Kayla.
A partir du vendredi 10 décembre 2021, le gallon de gazoline est passé de 201.00 (Ndlr : US $ 1.00 = 109.00 gourdes ; 1 euro = 119.00 gourdes ; 1 peso dominicain = 2.00 gourdes aujourd’hui) à 250.00 gourdes (24.38%), le diesel de 169.00 à 353.00 gourdes (109%) et le kérosène de 163.00 à 352.00 gourdes (115.95%).
Le regroupement Kayla a dénoncé le « complot du gouvernement de facto, en complicité avec la fédération des gangs G9 an fanmi e alye » qui ont empêché, pendant plusieurs semaines, les camions-citernes de s’approvisionner et de distribuer l’essence, dans les pompes, dans l’objectif de pouvoir augmenter les prix du carburant, au cours de la fin de l’année 2021.
Pendant les trois derniers mois de l’année 2021, les camions-citernes transportant du carburant avaient des difficultés pour se rendre dans les terminaux pour s’approvisionner, en raison du climat d’insécurité, provoquée par les bandits armés.
Beaucoup de ces camions ont été également détournés par les bandits.
De plus, le carburant se vendait à des prix exorbitants sur le marché parallèle. Cette situation avait poussé des institutions et entreprises, notamment des hôpitaux, à réduire drastiquement leurs activités ou à cesser de fournir leurs services à la population.
« La population doit se réveiller et se souvenir de sa bataille, les vendredi 6 et samedi 7 juillet 2018, pour dire non à ce système », déclare Jean-Robert Pierre, coordonnateur général de Kozpam.
Les vendredi 6, samedi 7 et dimanche 8 juillet 2018, les Haïtiennes et Haïtiens ont manifesté leur colère dans les rues, face à l’annonce de l’augmentation des prix des produits pétroliers (diesel, gazoline et kérosène), à travers des émeutes qui ont forcé le gouvernement d’alors à revenir sur sa décision.
Kozpam préconise une mobilisation sans limites pour aboutir à de meilleures conditions de vie en Haïti.
Par ailleurs, comme plusieurs autres organisations, Kayla et Kozpam expriment leur solidarité au Réseau national de défense des droits humains (Rnddh), dont le directeur exécutif, Pierre Espérance, est l’objet de menaces de mort du Parti haïtien tèt kale (Phtk) au pouvoir.
Kayla et Kozpam dénoncent ces menaces proférées par le régime du Parti haïtien tèt kale et son chef de file, l’ancien président Joseph Michel Martelly.
Kayla et Kozpam demandent au Rnddh de prendre ces menaces très au sérieux, tout en poursuivant son travail de monitoring des droits humains en Haïti.
La semaine dernière, le Rnddh a dénoncé un plan d’assassinat de Michel Martelly à son encontre.
« De retour en Haïti, il (Michel Martelly) a demandé, en janvier 2022, à son équipe que le plus beau cadeau qu’on pourrait lui offrir, c’est de m’assassiner. Ce plan était fixé pour être exécuté avant le 7 février 2022 », a témoigné Pierre Espérance.
Depuis le 18 mars 2022, le Réseau national de défense des droits humains a transmis, dans une lettre à la Direction centrale de la police judiciaire (Dcpj), un ensemble de données relatives à des réunions de planification d’exécution des menaces envisagées contre Pierre Espérance. [mj emb rc apr 12/04/2022 16:45]