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Haiti : Le RNDDH dénonce le " caractère fantaisiste " d’une ordonnance judiciaire

P-au-P., 13 juil. 05 [AlterPresse] --- Le Réseau National de Défense des Droits Humains (RNDDH) exprime son indignation devant l’arrêt-ordonnance de la cour d’appel de Port-au-Prince du 1er juin dernier, qui enlève les charges retenues contre l’ancien militaire Jackson Joanis et le propriétaire terrien Rémy Lucas, dans l’assassinat du père Jean Marie Vincent en 1994.

Le 1er juin, la Cour a rendu un arrêt-ordonnance de liberté immédiate de Rémy Lucas et de l’ex capitaine des Forces Armées D’Haïti (FAD’H), Jackson Joanis, inculpés pour leur implication présumée dans le meurtre de Jean Marie Vincent survenu le 28 août 1994 à la Rue Baussan.

La cour a fait savoir qu’il y avait « insuffisance de charges ou d’indices capables de retenir les prévenus sus-mentionnés dans les lieux d’inculpation ».

Le RNDDH dénonce ce qu’il appelle le « caractère fantaisiste » de l’arrêt de la cour d’appel, considéré comme un « second crime commis contre le père Vincent ». « Les juges ont fait preuve d’une étonnante complaisance vis-à -vis des suspects », peut-on lire dans une note de l’organisme de défense des droits humains en date du 6 juillet 2005.

D’un autre coté, le Réseau désapprouve la décision de la cour qui enlève tout soupçon sur les témoins Youri Latortue, l’actuel chef de sécurité du premier ministre Gérard Latortue et Apinal Jean, tous deux de ex-militaires.

Le RNDDH dénonce le caractère « conjoncturel » du traitement du dossier de ce crime et critique « l’influence politique » dans l’arrêt de la cour en date du premier juin. Cet arrêt selon le RNDDH, « constitue une preuve supplémentaire de l’incapacité de l’appareil judiciaire à répondre aux revendications de justice du peuple haïtien, (...), le système étale au grand jour son inefficacité et son inefficience ».

Le RNDDH s’interroge sur les raisons qui pourraient motiver la Cour à placer Youri Latortue au dessus de toute suspicion dans l’affaire et met en cause l’indépendance de la magistrature. « Comment peut-on parler d’indépendance de la magistrature, quand les juges ne sont pas préparés mentalement à être indépendants » se demande-t-il ?

Prêtre engagé, Jean-Marie Vincent a accompagné la lutte démocratique des mouvements paysans. Il a été assassiné durant la période du coup d’Etat militaire de 1991 à 1994 contre la première administration de l’ancien président Jean Bertrand Aristide, dont il était un proche. [lf gp apr 13/07/2005 00:10]