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Criminalité : Le Cardh alerte sur une recrudescence des actes de kidnapping en Haïti

Par Marie Farah Fortuné

P-au-P, 1er avril 2022 [AlterPresse] --- 225 cas de kidnappings ont été enregistrés pour le premier trimestre de l’année 2022 (janvier, février et mars 2022) contre 142 pour celui de 2021, relève la Cellule d’observation de la criminalité du Centre d’analyse et de recherche en droits humains (Cardh), dans un rapport consulté par l’agence en ligne AlterPresse.

Le Cardh signale une augmentation de 58.45% des cas de kidnapping pour le premier trimestre de l’année 2022.

71 cas de kidnapping ont été recensés pour le mois de mars 2022 contre 27 en mars 2021.

Portail Léogane, Bas Peu de Chose, rues Capois, Champ de mars, avenues Christophe, John Brown (plus connue sous le nom de « Lalue », Poupelard, Lamartinière (plus connue sous le nom de Bois Verna), Bourdon, Turgeau, Canapé-Vert (au centre-ville de Port-au-Prince) sont devenues des zones rouges, alors que, paradoxalement, une présence plus constante de la Police nationale d’Haïti (Pnh) est constatée dans ces zones », signale le Cardh.

Les interventions systématiques de la Pnh à la Croix-des-Bouquets (une des municipalités au nord-est de la capitale) auraient, dans une certaine mesure, affaibli le gang 400 Mawozo, qui, entre juillet et décembre 2021, était responsable en moyenne de 60% de cas de kidnapping.

Des membres de ce groupe criminel sont tués, d’autres sont en cavale ou arrêtés

Moins de 20% de cas de kidnapping sont répertoriés à la Croix-des-Bouquets pour le premier trimestre de 2022, indique l’organisme de droits humains.

Parallèlement, les alliés du gang 400 Mawozo se renforcent, particulièrement à Tabarre, à Torcel, à Pétionville. Pernier est devenu un foyer de gangs, souligne le Centre d’analyse et de recherche en droits humains.

Les gangs de Martissant, dans la périphérie sud de Port-au-Prince, reprennent le « leadership », en moyenne 45% pour le premier trimestre de 2022.

Les socio-professionnels, particulièrement les médecins, les avocats, les professeurs, les cadres de l’administration publique, les étudiants, les policiers, les petits commerçants et détaillants, les fils et les filles de ceux qui vivent au quotidien sont les personnes les plus touchées par ce fléau, qu’est le kidnapping, mentionne-t-il.

Des victimes sont enlevées dans leurs résidences, sur des axes routiers où il y a une présence policière constante, des professionnels dans leurs cabinets, entre autres, déplore le Cardh.

Des manifestations contre le kidnapping

Plusieurs milliers de personnes ont gagné les rues, le mardi 29 mars 2022, dans la capitale, Port-au-Prince, ainsi que dans la ville des Cayes (Sud), aux Gonaïves (Artibonite / Nord) et Jacmel (Sud-Est), pour exprimer pacifiquement leur ras-le-bol contre le kidnapping en Haïti.

Ce mouvement de protestations contre l’insécurité grandissante, entretenue par les gangs armés, en toute impunité, sur le territoire national, a eu lieu, à l’occasion du 35e anniversaire de la Constitution haïtienne du 29 mars 1987.

Lors du défilé, les protestataires ont exigé le départ du chef du gouvernement de facto Ariel Henry.

Dans la ville des Cayes, dans le département du Sud, une personne a été tuée et une dizaine d’autres blessées par balles, lors d’un mouvement de protestations, le même jour, contre la criminalité.

Les manifestants ont investi la piste de l’aéroport Antoine Simon des Cayes et incendié un petit avion, qui assure le transport Cayes/Port-au-Prince.

[Des compagnies aériennes ont décidé de suspendre temporairement leurs vols à l’intérieur d’Haïti- >https://www.alterpresse.org/spip.php?article28138], après l‘incendie d’un petit avion aux Cayes.

Les protestataires dénoncent les compagnies aériennes qui, selon eux, profiteraient de la situation d’insécurité qui règne à Martissant (sud de la capitale), pour s’enrichir sur le dos de la population livrée à elle-même.

Des centaines de citoyennes et citoyens ont encore gagné les rues de la capitale, Port-au-Prince, le mercredi 30 mars 2022, pour dénoncer les actes de criminalité dont le kidnapping en Haïti.

Les manifestants ont installé des barricades de pneus usagés enflammés sur la route de Delmas, en présence d’agents de la Pnh.

Le commissaire du gouvernement près le parquet du tribunal civil de Port-au-Prince, Jacques Lafontant, demande à la Direction centrale de la police judiciaire (Dcpj) de diligenter une enquête sur l’attaque armée, perpétrée, dans la soirée du mercredi 30 mars 2022, contre l’ancien député de Tabarre/Delmas, Arnel Belizaire.

Cette attaque sur Arnel Bélizaire survient, au terme d’une manifestation, à laquelle il a pris part, avec ses alliés, dans les rues de Port-au-Prince, le 30 mars 2022, pour dénoncer la criminalité et exiger la démission du premier ministre de facto Ariel Henry. [mff emb rc apr 1er/04/2022 13:30]