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Haïti-Crise : Le gouvernement de facto promeut un accord négocié dans un mémorandum au parlement américain

Un comité de médiation tripartite mis en place

Par Emmanuel Marino Bruno

P-au-P, 31 mars 2022 [AlterPresse] --- L’ambassadeur d’Haïti à Washington, Bocchit Edmond, encourage à négocier un accord entre le premier ministre de facto Ariel Henry, le groupe Montana et d’autres parties prenantes concernées, en vue de la réconciliation et d’un retour à l’ordre institutionnel en Haïti, dans un mémorandum adressé aux membres du parlement américain dont a pris connaissance l’agence en ligne AlterPresse.

« Ce résultat a une chance de se concrétiser en soutenant l’effort du Comité tripartite composé de la Chambre de commerce, des deux chefs religieux et de la Conférence des recteurs et présidents des universités d’Haïti (Corpuha) », estime l’ambassade d’Haïti à Washington.

Comité de médiation tripartite

Un comité de médiation tripartite a été formé par la Corpuha, le président de la Chambre de commerce et d’industrie d’Haïti, ainsi que deux chefs religieux, rappelle l’ambassade d’Haïti à Washington.

Son but est d’aider à négocier un accord entre le gouvernement de consensus mené par le premier ministre Henry et le groupe Montana.

L’ambassade d’Haïti à Washington pense que cette approche serait plus susceptible de déboucher sur un accord politique durable.

« Il n’y a pas d’autre alternative pour les opposants actuels au gouvernement que de négocier un accord avec les signataires de l’Accord du 11 septembre 2021, dans lequel des dizaines de partis politiques et de groupes de la société civile se sont joints au Premier ministre Henry pour mettre en œuvre une feuille de route pour une gouvernance pacifique et efficace au cours de cette période de transition ».

Le gouvernement de facto appelle le Congrès américain à participer à l’effort de médiation

Les membres du Congrès américain pourraient participer à cet effort de médiation en exhortant les acteurs haïtiens à s’engager dans un dialogue constructif, considère l’ambassade d’Haïti à Washington.

« Leur position neutre semble améliorer les chances de faciliter un dialogue constructif. À l’inverse, les déclarations récentes, qui semblent favoriser un groupe plutôt qu’un autre, tendent à nourrir l’obstination de certains acteurs politiques, notamment dans l’opposition, qui ont refusé de transiger, estimant que la politique américaine pourrait changer en leur faveur », déplore-t-elle.

Dans une lettre datée du 17 mars 2022, sept membres du Congrès américain ont exhorté le président Josette Robinette Biden dit Joe Biden à « permettre au peuple haïtien de déterminer son destin politique en soutenant le consensus entre les acteurs politiques, la société civile, les secteurs religieux et privés pour créer une transition démocratique dirigée par la société civile, rappelle le mémorandum de l’ambassade d’Haïti à Washington.

« Depuis 1988, les premières élections après l’adoption de la constitution, Haïti est assez instable. C’est pourquoi, malgré la bonne foi des signataires de la lettre qui croient que l’approche du Montana Group est la meilleure pour Haïti, il est exagéré de croire que 35 ans de crise politique prolongée peuvent se terminer par le simple fait de retirer le soutien américain à un règlement négocié avec le chef du gouvernement actuel », souligne-t-elle.

En vue d’une transition de rupture, les organisations signataires de l’accord de Montana souhaitent l’installation d’un gouvernement dirigé par un "collège présidentiel" de cinq membres, qui partagera le pouvoir avec un Premier ministre en tant que chef du gouvernement.

Le Bureau de suivi de l’Accord (Bsa) du 30 août 2021, appelé accord de Montana a appelé le chef du gouvernement de facto en place, Ariel Henry à surseoir à la nomination illégale des juges de la Cour de Cassation ainsi qu’à la mise en place du Conseil électoral provisoire (Cep) et de l’Assemblée constituante.

Telles sont les conditions préalables, posées par le Bureau de suivi de l’Accord du 30 août 2021, appelé accord de Montana, pour reprendre le dialogue politique avec le pouvoir de facto en place.

Cette position est survenue après une rencontre avortée, le lundi 14 février 2022, entre les membres du Bsa et le premier ministre de facto, Ariel Henry, pour définir les conditions des négociations politiques.

Le premier ministre de facto Ariel Henry a aussi boudé, à trois reprises, une invitation qui lui a été adressée, par le tiers restant du sénat, pour discuter autour de la crise.

Jusqu’à date, aucune explication n’a été fournie par le bureau du premier ministre de facto. [emb gp apr 31/03/2022 16:15]