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Un point d’histoire d’Haïti revisité : le massacre des Haïtiens en République Dominicaine en 1937

Par Jérôme Paul Eddy Lacoste

Spécial pour AlterPresse

Le Centre Challenge, sous la direction du Professeur Watson Denis, vient de procéder à la publication d’un ouvrage de grande portée académique et scientifique qui a retenu notre attention. Le livre s’intitule Terreurs de frontière, le massacre des Haïtiens en République dominicaine en 1937. Il s’agit en fait du fruit de plusieurs décennies de recherches menées sur le terrain, sur la Frontière de la terreur, à partir de la méthodologie de l’histoire orale par deux historiens américains : la Docteure Lauren Derby de l’Université de Californie à Los Angeles (UCLA) et le Docteur Richard Turits, du College of William and Mary de Virginie. Le corpus textuel de l’ouvrage a été traduit de l’Anglais par Hélène Cardona, Elise Finielz, Lernik Hovsepyan et Nicole Dufresne. D’autres textes de l’ouvrage ont été traduits de l’Espagnol au Français et révisés par le Professeur Ethson Otilien et le Dr. Watson Denis. Il est à noter que l’édition de l’ensemble a été établie par le Professeur Denis avec une introduction, des notes explicatives et des références bibliographiques fort judicieuses sur la question. Nous y reviendrons.

En lisant et en relisant cet ouvrage d’une forte densité, 306 pages de texte avec des notes touffues, des références bibliographiques sérieuses pour ceux et celles qui veulent approfondir la question, des retranscriptions d’entretiens avec les survivants du massacre et un index nominum structuré et consistant, nous ne pouvons nous empêcher d’avoir à l’esprit la phrase du Professeur Leslie F. Manigat en 1954, « Du nouveau chez Clio [1] », en commentant la parution de l’ouvrage du Dr. Jean-Price Mars : Haïti et la République dominicaine : éléments divers d’un problème d’Histoire, de Géographie et de d’Ethnologie. Oui, il s’agit du nouveau, chez nous en Haïti, plus précisément dans le champ d’étude des relations haïtiano-dominicaines. Et du nouveau aussi concernant l’invocation d’un moment tragique de l’évolution de ces relations : le massacre de 1937. Cet évènement malheureux, s’il a fait couler du sang, beaucoup de sang, n’a pas fait encore couler assez d’encre du côté haïtien. Et, comme le souligne le Professeur Watson Denis, ce point d’histoire n’avait pas assez interpellé l’historiographie haïtienne en dépit des travaux du Dr. Jean-Price Mars [2], d’Arthur de Mattéis [3] et de Suzy Castor [4]. Ainsi, après les vives et patriotiques protestations de divers secteurs de la vie nationale contre le Président Sténio Vincent pour sa gestion de l’évènement, l’on semblait s’acheminer calmement, lentement, mais sûrement vers un certain oubli, pour ne pas dire tout simplement un oubli certain. Ce, dans le souci constant et manifeste des dirigeants haïtiens des tendances politiques les plus diverses de vouloir cultiver, coûte que coûte, des « relations harmonieuses » avec les dirigeants de la République voisine. Volontaire et instrumentalisé subtilement par les raisons insoupçonnables et parfois « irraisonnées » de la Raison d’Etat, ce désir d’oubli, cette démarche visant « yon kase fèy kouvri sa » comme on dit couramment dans notre savoureux créole, n’en est pas moins à l’œuvre et participe d’un sérieux problème de mémoire chez nous trouvant sa plus grande et concrète manifestation dans l’enseignement de l’Histoire au niveau du secondaire et surtout à l’Université. Ici, nous touchons du doigt un problème académique structurel et qui ne sera pas résolu de sitôt. Nous en avons fait personnellement l’expérience en interrogeant nombre de nos étudiants en scolarité de licence en Sciences humaines et sociales sur cet évènement et d’autres aspects de notre histoire contemporaine. Résultats : ignorance totale. Et, dans le meilleur des cas, des réponses reprenant des clichés ou des données fragmentaires et imprécises. Ainsi, à côté de l’adoption d’une stratégie globale et nationale de l’enseignement sérieux de l’Histoire dans tous les programmes des Facultés des Universités publiques et privées du pays, l’ouvrage que nous présente aujourd’hui le Professeur Watson Denis vient à point nommé en revisitant un point d’histoire insuffisamment exploré par nos chercheurs et méconnu par notre jeunesse scolaire et universitaire. Il s’articule autour des sources documentaires sérieuses compulsées dans les archives de plusieurs pays et des enquêtes menées sur le terrain auprès des survivants du massacre au début des années 1980. A ce niveau les possibilités de l’histoire orale à la fois comme méthodologie et techniques d’investigation ont été mises en évidence.

L’histoire d’une « histoire » : celle de l’ouvrage

Le Professeur Watson Denis : Directeur-Exécutif du Centre Challenge, initiateur du projet, présentateur et commentateur de l’ouvrage.

Le livre débute avec une fort instructive présentation du Dr. Watson Denis précisant le contexte du massacre de 1937 et celui, non moins pertinent d’élaboration de l’ouvrage, fruit d’un processus de recherches. En effet, au cours de l’année 2017, le Centre Challenge avait organisé un ensemble d’activités pour marquer le 80ème anniversaire du massacre de 1937. L’ouvrage de l’historienne Suzy Castor sur ce massacre a été réédité aux Editions C3. Un colloque a été tenu par le Centre Challenge à l’auditorium de la Faculté de Médecine les 11 et 12 octobre 2017 avec la participation de divers spécialistes sur la question. Ces activités de commémoration ont donné au Professeur Watson Denis l’opportunité, en revisitant la bibliographie internationale sur la question du massacre de revoir les travaux des Professeurs Lauren Derby et Richard Turits qui avaient effectué des recherches de terrain sur la question et publié leurs résultats dans de nombreuses revues scientifiques de langue anglaise.

Dans sa présentation de l’ouvrage, le Professeur Watson Denis est clair : « rien ne peut justifier le massacre des Haïtiens commis par le régime de Trujillo en 1937 ». Néanmoins, l’Histoire comme discipline scientifique académique a la responsabilité de comprendre et de chercher à expliquer. D’où le retour sur cette tranche d’histoire avec l’apport des chercheurs précités. En effet, pour M. Denis, « le massacre des Haïtiens en République dominicaine en 1937 a été réalisé avec un objectif politique très clair : contrôler (politiquement et militairement parlant) la frontière haïtiano-dominicaine pour en faire une référence dominicaine ». Ce, pour le type de nation dominicaine que le dictateur, avec le support d’une frange de l’intellectualité et de la bourgeoisie naissante, voulait constituer. Il fallait alors éliminer « cette communauté fortement intégrée » constituée de Dominicains et d’Haïtiens, tous descendants d’Africains et qui vivaient en toute intelligence dans la zone de la frontière septentrionale entre les deux États. De cet objectif stratégique, il en est découlé la mort tragique par arme blanche, la souffrance, la désolation et des stigmates irréparables pour des dizaines de milliers de compatriotes haïtiens ou de Dominicains d’ascendance haïtienne. Bref, un génocide. Au cours du massacre, les victimes ont été dépouillées de leurs biens meubles et immeubles qu’ils avaient constitués depuis plusieurs générations par le fruit de leur travail et leur esprit d’entreprise. La thèse de M. Arthur de Mattéis de considérer le massacre des Haïtiens de 1937 comme « une succession immobilière internationale », thèse retenue d’ailleurs par le Professeur Watson Denis dans sa revue de littérature, trouve ici toute sa pertinence. Mais, ce massacre visait plus et, par leurs recherches dans les archives, leurs analyses des entretiens réalisés sur les lieux mêmes du génocide, et leurs démonstrations, les Professeurs Derby et Turits lèvent le voile sur les tenants et aboutissants de ce point tragique de l’histoire des deux peuples.

Aux sources d’un génocide programmé

Les auteurs : Professeurs Lauren Derby et Richard Turits : « Histoires de terreur et les terreurs de l’histoire : le massacre des Haïtiens de 1937 en République dominicaine… ».

Dans une préface fort documentée à partir des sources d’archives faisant autorité en la matière, les auteurs Lauren Derby et Richard Turits exposent une évolution de l’histoire des relations haïtiano-dominicaines depuis la période coloniale. Ils ont noté la « forte intégration » entre les Haïtiens et les Dominicains pendant toute la période précédant le massacre. Ces auteurs ont montré comment cette forte intégration était le fruit, voir même le « résultat d’expériences historiques partagées ». En effet, pour les auteurs, « les Haïtiens, aussi bien que les Dominicains, étaient, pour la majorité, des descendants des Africains maintenus en esclavage et qui avaient conquis leur propre liberté à l’encontre de la volonté et du pouvoir de leurs propriétaires ». Ce processus de «  forte intégration » s’est poursuivi durant tout le XIXème et les débuts du XXème siècle créant, au fil des générations, sur la zone de la frontière non encore délimitée par des Traités, des bornes et limites géographiques, une communauté vivant de l’agriculture de subsistance paysanne, de l’élevage, de la chasse et du petit commerce de produis viviers et du bétail. L’occupation américaine des deux côtés de l’Ile de 1915 à 1934 en Haïti, en République dominicaine de 1916 à 1924, allait modifier considérablement les données du problème. Désormais, il fallait mettre l’accent sur les grandes plantations produisant le sucre, les agrumes, le sisal avec un contrôle total des frontières et des populations. Il fallait en finir avec cette « communauté paysanne » à la « culture hybride » évoluant pratiquement en dehors et parfois contre le contrôle des États. Bref, il fallait rétablir « l’ordre ». Le premier tracé de la frontière fut effectué en 1929 en pleine occupation américaine d’Haïti par les Présidents Louis Borno et Horacio Vaquez. Il sera révisé en 1936 entre les Présidents Vincent et Trujillo. Des armées furent reconstituées des deux côtés de l’Ile et formées dans l’idéologie de contrôle de territoire. Dans ce contexte, M. Rafael Léonidas Trujillo y Molina, d’ascendance haïtienne par sa grand-mère Luisa Erciná Chevalier, comme c’est mentionné dans l’ouvrage [5], accéda au pouvoir avec le fort appui des intellectuels nationalistes et antihaïtiens comme Manuel Battle et Joachim Balaguer. Une idéologie officielle raciste, anti-haïtienne, commençait à se mettre en place alors, dès l’école, en terre dominicaine. Au sein de ce corpus idéologique impliquant une révision, voire une réécriture même de l’histoire dominicaine, la question de la frontière et de son contrôle occupait une place de choix. Pour les auteurs, en effet, « la frontière poreuse entre Haïti et la République dominicaine et sa société transnationale constituaient un problème et un défi clairs pour le nouveau régime [celui de Trujillo], alors qu’il cherchait à ramener les régions rurales dans le champ de la vision de l’Etat central et de les soumettre à son autorité, à sa surveillance et à son contrôle effectif ». A partir de là, l’acte de perpétuation du massacre dépendait seulement des circonstances et des opportunités. Ce que les dirigeants haïtiens, en acceptant par le biais du Président Sténio Vincent, le traité de 1936 de révision du tracé de la frontière, ne manquèrent pas de fournir au dictateur Trujillo.

Structuration de l’ouvrage : du peuple des terres-mêlées à l’opération Kout Kouto

Page 219 du livre : Rare photo historique des victimes après l’opération Kout Kouto de 1937

L’ouvrage comporte deux parties elles-mêmes divisées en chapitres touchant chacun un aspect spécifique de la problématique du massacre. La première partie, en s’inspirant du titre du roman de René Philoctète, s’intitule « Le peuple des terres mêlées à la frontière haïtiano-dominicaine et le massacre des Haïtiens en République dominicaine en 1937 ». Elle regroupe un ensemble de trois chapitres présentant d’une part les aspects historiques de la question avec les sources d’archives et les bibliographies les plus pertinentes et les plus récentes sur la question et, d’autre part, des extraits d’entretiens réalisés par les auteurs. Des hypothèses sont formulées pour essayer de saisir les causes profondes du massacre par rapport au contexte spécifique des années 1930 ou fleurissaient sur le théâtre européen les théories les plus racistes et les plus violentes sur la « hiérarchie des races », théories qui devraient conduire au fascisme et nazisme avec les désastres que l’on sait. Ainsi, dans le premier chapitre ayant pour titre : « un monde détruit, une nation qui s’impose », Richard Turits présente un récit du massacre, « de ce que les Dominicains désignent encore fréquemment aujourd’hui comme el corte (« l’abattage ») et que les Haïtiens nomment Kout Kouto (« Kout Kouto »). L’auteur note que des « Haïtiens furent massacrés alors même qu’ils tentaient de fuir en Haïti, en traversant la rivière qui sépare les deux nations et qui porte le nom fatidique de rivière massacre ». Des chiffres furent avancés. Selon le New York Times cité par l’auteur, une liste de 12. 168 personnes tuées, a été établie par des prêtres de la région et des fonctionnaires locaux en Haïti. M. Joachim Balaguer, futur Président de la République voisine parlera lui de 17. 000 victimes. Selon l’auteur, « la plupart des 20.000 à 50.000 Haïtiens résidant dans la province de Monte-Cristi, selon les estimations, avaient été tués ou avaient fui en Haïti ». M. Turits présente également l’histoire de la zone frontalière, ainsi que les avatars d’un tracé aléatoire s’imposant brusquement en 1936 à une communauté d’Haïtiens et de Dominicains vivant depuis des générations en bonne intelligence. Selon Richards Turits, l’analyse des « histoires orales montrent que les personnes d’origine haïtienne et celles d’origine dominicaine se mélangeaient facilement et formaient des familles ». Bref, un monde formé de petits agriculteurs, pratiquant l’élevage et vivant une certaine aisance au sein d’une économie paysanne. Selon l’auteur, les personnes d’origine haïtiennes n’occupaient pas une place inférieure dans l’économie et les sociétés rurales de la région frontalière en République dominicaine ». De plus, « la religion, la musique, et le dialecte populaire dominicains, tout cela présentait des traits caractéristiques qui les reliaient à l’Afrique et aux pratiques afro-haïtiennes ». C’est ce monde que les élites racistes dominicaines allaient essayer de détruire en vue de contrôler militairement toute la zone de la frontière et de l’intégrer à leur espace et projet national dans le cadre de l’intégration de ce pays au modèle nord-américain des grandes plantations capitalistes. Pour l’auteur, « l’intérêt de l’Etat dominicain de renforcer et de sécuriser le contrôle à la frontière convergea avec les préjugés de l’élite pour donner naissance aux efforts gouvernementaux de « colonisation » agricole dans cette région. A partir de cet arrière plan historique, géographique et géostratégique, l’élimination pure et simple de la présence de ces communautés d’Haïtiens ou de Dominicains alliés aux Haïtiens par des liens de sang, d’amitié, de famille, de travail et de commerce allait être prise de sang froid. L’histoire de cette « Terreur de frontière » est alors contée avec des détails qui font frémir le lecteur à partir de témoignages de survivants du massacre recueillis par l’auteur sur le terrain même de l’opération Kout Kouto. Il en est de même de la gestion du massacre par les autorités politiques haïtiennes. Et là, le lecteur haïtien que je suis éprouve ce sentiment de révolte dont parle le Professeur Watson Denis dans la présentation de l’ouvrage. C’est la capitulation totale du Président haïtien Sténio Vincent aux objectifs de M. Trujillo. Ainsi, sur un monde détruit avec violence, une idéologie raciste, se voulant « anti-haïtien » et « nationaliste » allait s’imposer et procéder à une réécriture de l’histoire officielle dominicaine qui, depuis, est enseignée dans les écoles de ce pays. Ici, la citation d’Ernest Renan mis par l’auteur Richard Turits en exergue de ce chapitre trouve toute sa profonde signification.

Dans le second chapitre intitulé « Les Haïtiens, la magie et l’argent » la Professeure Lauren Derby étudie « les représentations officielles et populaires des Haïtiens, du massacre et de la nation en République dominicaine ainsi qu’au contexte historique des relations haïtiano-dominicaines et aux questions d’hégémonie et de violence sous le régime de Trujillo ». Il s’agit alors « d’examiner l’identité haïtienne dans l’imaginaire populaire dominicain avant le massacre de 1937 et d’analyser dans quelle mesure « la transformation d’une ligne frontalière en une frontière rigide dans la première décennie du XXème siècle changea la signification des termes raza ou race dans les usages locaux ». Ce, dans un contexte global ou la République dominicaine intégrait l’économie mondiale. L’auteure traite alors de notions conceptuelles de grande pertinence. De solides repères historiques et géographiques sont donnés sur l’évolution de la frontière depuis l’époque coloniale jusqu’en 1936, année précédant le massacre et l’évolution subséquente des relations haïtiano-dominicaines dans cet espace « liminal ». Cet espace est étudié en un triptyque : Histoire, Economie et Société. Des faits historiques sont rapportés. L’auteur note alors que les représentations que se font les Dominicains des Haïtiens avant le massacre de 1937 n’étaient point négatives. « Les Dominicains de la frontière ne possédaient pas un ensemble univoque de préjugés ou de stéréotypes négatifs contre les Haïtiens et Haïti. La plupart des Dominicains habitant la frontière se rendaient en Haïti fréquemment […] et considéraient les villes haïtiennes de la frontière plus riches que leurs villes sœurs dominicaines ». De plus, les Haïtiens étaient alors associés à l’argent dans l’imaginaire des Dominicains. Les Haïtiens étaient généralement des commerçants, des agriculteurs moyens. Ils étaient considérés comme détenant des pouvoirs surnaturels et magiques que confèrent les pratiques et rituels du vaudou. Selon la Professeure Derby, « des Dominicains participaient aux rituels du vaudou et avaient fréquemment recours aux prêtres vodous pour leurs pouvoirs curatifs, leurs amulettes et leurs bénédictions ». Enfin, selon l’auteure, « la magie haïtienne était particulièrement révérée [par les Dominicains] pour les pouvoirs procréateurs et protecteurs et sa capacité à régénérer la vie ». Des conceptions qui n’ont pas substantiellement changé dans l’imaginaire dominicain, après plus de quatre-vingt années.

Au troisième chapitre, les auteurs, toujours avec la méthodologie de l’histoire orale essaient de répondre à la question centrale, à savoir : « comment la violence peut-elle transformer les opinions que l’on a d’un peuple » ? En d’autres termes, « comment, dans la mémoire officiellement promulguée comme dans la mémoire populaire, l’anti-haitianisme est devenu un élément indiscutable et comment cet anti-haitianisme était à la base d’un nouveau sens et d’identité en République dominicaine » ? A ces questions, tout en contant les terreurs de l’histoire, ils ont proposé des réponses que nous laissons à la libre appréciation du lecteur.

La seconde partie de l’ouvrage compte quatre (4) chapitres. Elle s’intitule : Histoire orale concernant le massacre des Haïtiens (Operasyon Kout Kouto). Cette partie se base essentiellement sur les analyses et le traitement des entrevues réalisées avec les survivants du génocide. Ainsi, « les témoignages ont été recueillis entre 1986, date de la chute du Président Jean-Claude Duvalier et septembre 1991, date du Coup d’Etat contre le Président Jean Bertrand Aristide. Les recherches ont été menées dans les localités frontalières contenant des survivants ayant échappé au massacre comme Dosmond, Grand Bassin, Mont Organisé, Terrier-Rouge, Thiotte et Savane Zombi ». Dans le chapitre IV, l’auteure Lauren Derby scrute l’imaginaire populaire des survivants au massacre. Elle analyse alors « les récits racontés par les Haïtiens à propos de vols conduits en secret par les politiciens haïtiens en complicité avec des étrangers ». De l’analyse de ces entrevues, se détache la question du mythe de la Citadelle. Les chapitres V, VI, VII constituent des récits vivants du massacre. Le matériau de base comprend alors les « récits oraux des survivants d’origine haïtienne du massacre, dans le cadre d’un effort plus vaste visant à comprendre le génocide, son contexte historique, ainsi que la manière dont une telle violence est ancrée dans l’imaginaire populaire des deux pays ». En effet, pour le Professeur Richard Turits, « les extraits d’interviews […] donnent un aperçu des souvenirs de ceux qui ont assisté au drame et survécu au génocide. Ils constituent la description d’une fenêtre qui s’est brusquement arrêtée le 2 octobre 1937 ». Les chapitres VI et VII ont une inestimable valeur documentaire en termes de restitution de la mémoire. Il s’agit de la transcription, expressis verbis, des entretiens réalisés à Dosmond, Ouanaminthe, avec les personnalités comme Isil Nicolas Cour et Irelia Pierre. Encore une fois, nous laissons la balle dans le camp du lecteur.

Au niveau des aspects formels de l’ouvrage, nous avons un travail bien fait. La première de couverture nous présente un tableau du peintre Didier William : Perejil, Perejil, Perejil, réalisé en 2015. Ensuite, nous avons en deuxième, troisième et quatrième de couverture des informations pertinentes sur les auteurs et un résumé informatif du contenu de l’ouvrage. Une Table des matières bien structurée avec des parties, des chapitres, des sous chapitres et un index nominum consistant guident le lecteur de façon efficace. L’iconographie est de qualité avec la reproduction en couleur du tableau du peintre Didier William, des photographies des auteurs, ainsi que la présentation des cartes géographiques et des photos historiques du massacre à l’intérieur du texte. Les traductions sont également de très bonne qualité et le texte, quoique de grande teneur académique, se laisse lire par la clarté et la simplicité même du style des auteurs. Les références bibliographiques sont très bien données et les auteurs Lauren Derby et Richard Turits nous gratifient de notes explicatives vraiment instructives, tant sur la méthodologie de la recherche que sur des informations pertinentes se rapportant au massacre lui-même.

Enfin, nous devons retenir le travail de l’éditeur lui-même, le Professeur Watson Denis. C’est déjà une tâche louable d’avoir pu mettre les résultats de cette recherche à la disposition du public haïtien et de la jeunesse universitaire en particulier. Désormais, sans omettre la portée et l’importance des travaux antérieurs, un ouvrage de référence est disponible dans les bibliothèques haïtiennes sur le massacre des Haïtiens en République dominicaine en 1937. C’est déjà beaucoup. Mais il y a mieux. L’ouvrage des Professeurs Lauren Derby et de Richard Turits est d’une « Présentation et Edition établie par Watson Denis ». Dans la tradition des grandes maisons d’édition, il est une pratique bien ancrée de confier à un spécialiste la présentation et les commentaires des travaux et textes d’auteurs faisant autorité dans leurs champs de compétence, ou tout au plus des auteurs dits classiques. La présentation du livre Le Prince de Nicolas Machiavel par Raymond Aron [6] a fait autorité. Il en est de même de l’ouvrage Sociologie des religions de Max Weber avec des textes réunis, traduits et présentés par Jean-Pierre Grossein pour les Editions Gallimard en 1996 [7]. L’établissement de l’édition et la présentation d’un ouvrage de recherche suppose une bonne connaissance de la matière et des capacités particulières d’analyse, de synthèse, de rédaction et la bonne connaissance de la bibliographie pertinente sur la question. Tout un ensemble de capacités dont a fait montre le Professeur Watson Denis dans son travail de présentation et de commentaires. Sous ce rapport, il est à noter la valeur des notes explicatives et des références bibliographiques fournies par le Professeur sur la question. Ainsi, sur la méthodologie de l’histoire orale, le lecteur trouvera des références d’une grande pertinence lui permettant d’approfondir ses propres connaissances en la matière. De plus, ces références bibliographiques prouvent en fait deux choses intéressant le documentaliste que nous sommes : d’une part, la production intellectuelle est immense sur le massacre des Haïtiens en République dominicaine en 1937 dans les centres de recherche et revues étrangères. D’autre part, cette production est faible, très faible en Haïti même. La question n’est pas assez travaillée chez nous par les chercheurs haïtiens. C’est l’occasion de lancer, encore une fois, un appel en vue de la mise en place de cadres institutionnels pour la recherche historique au niveau des universités et sociétés savantes en Haïti. La recherche coûte cher, très cher. On le sait. Mais les sponsors, tant haïtiens qu’étrangers existent. Il faut les rechercher et établir des rapports de sérieux partenariats avec eux.

L’histoire orale comme méthodologie et comme art d’écrire l’histoire

Les questions de méthode d’investigation en vue d’écrire l’histoire sont déterminantes dans l’évolution de cette discipline académique comme elles le sont d’ailleurs dans toute la grande famille des sciences humaines. Comment effectuer la recherche en Histoire ? Comment présenter les résultats de la recherche ? Comment accéder aux sources documentaires et traiter les documents ? Autant de questions qui se sont posées et qui ont trouvé des réponses tantôt différentes, tantôt convergentes tout au cours du processus de constitution de l’Histoire comme discipline académique autonome. Hérodote, considéré comme le père de la discipline historique à cause de ses Historia (Enquêtes, Récits) a été le premier à utiliser des sources orales, en allant sur le terrain, dans les pays les plus lointains et parmi les peuples les plus divers. De lui, nous avons la tradition descriptive et évènementielle de l’histoire avec la description des peuples, de leur histoire et de leurs coutumes. Avec Thucydide, c’est l’histoire analytique. Dans son classique ouvrage Histoire de la guerre du Péloponnèse, Thucydide analyse les causes de la guerre, les motivations des acteurs, les techniques et stratégies des parties en cause. S’il avait compulsé des archives et documents officiels, il avait aussi interrogé des témoins et des survivants. Ainsi, dans les deux cas, le recours aux sources orales était présent. Chez les premiers historiens romains, Suétone, Tacite et Tite-Live, les sources documentaires officielles tendaient à prédominer. Ensuite, il y a eu les chroniques et hagiographies du Moyen-âge, les récits de vie des personnages célèbres, des princes, des rois, des généraux où il était parfois difficile de séparer le vrai du merveilleux. Au XVIIIème siècle, Voltaire, en écrivant son ouvrage Le siècle de Louis XIV, avait marqué un tournant dans l’évolution de la science historique avec la consultation des sources documentaires disponibles et surtout le traitement des documents dans un souci d’objectivité. Les historiens comme Jules Michelet, Adolphe Thiers, Hyppolite Taine ont contribué au XIXème siècle à l’avènement en France d’une histoire privilégiant l’utilisation des archives et des sources institutionnelles. Dans la montée du positivisme triomphant au cours de la seconde moitié du XIXème siècle, Charles Seignobos lancera le mouvement de l’histoire méthodique. Mais le tournant le plus durable a été la constitution de l’Ecole des Annales sous l’impulsion des auteurs Marc Bloch et Lucien Febvre. C’est alors « l’histoire totale », globale, l’histoire des idées, des institutions, des structures économiques, sociales et politiques et sur le « temps long ». L’Ecole des Annales a eu un grand succès et comportait plusieurs tendances. Elle a modifié, dans une large mesure, l’enseignement et l’écriture de l’histoire en élargissant le champ de la discipline et en structurant la recherche dans les archives sans pour autant écarter les sources orales. Entretemps, dans la décennie des années 1960, suite aux travaux de Mariatégui en Amérique Latine et de Cheik Anta Diop en Afrique francophone, il y a eu tout un début de questionnement des modes de production et de diffusion du savoir en général et dans les sciences humaines en particulier. En histoire, il se posait dans de nombreux pays du Sud la question de l’organisation et, dans certains cas, de l’existence même des archives publiques. Pourtant dans toutes ces sociétés, il y a des témoins, des survivants d’évènements historiques de grande ampleur. L’histoire orale, dans une démarche pluridisciplinaire alliant Histoire, Anthropologie, Ethnographie et Linguistique allait se constituer avec ses propres méthodes et techniques de traitement des entretiens et de l’art d’écrire l’histoire. Tout un nouveau champ paradigmatique allait se constituer en Histoire, surtout dans les universités anglo-saxonnes ayant une longue pratique de la question avec des centres de recherche spécialisés sur l’histoire orale. En Amérique latine, on parlait de « systématisation d’expériences » suite aux travaux d’Oscar H. Jara. dans les sciences humaines. Le chercheur est alors un facilitateur aidant les personnes et les communautés à s’exprimer, à découvrir, réévaluer et récupérer leur propre histoire [8].

En Haïti, l’un des premiers historiens haïtiens, Thomas Madiou avait abondamment utilisé les sources orales dans les premier et second tomes de son Histoire d’Haïti. Madiou l’avait mentionné lui-même dans ses propos introductifs. En effet, Madiou avait eu la possibilité d’interroger les survivants de la guerre de l’Indépendance ainsi que des témoins et acteurs clés des gouvernements de Pétion et de Boyer. Mais le fait d’utiliser les sources orales équivaut-il pour autant à faire de l’histoire orale ? Non. La méthodologie de l’histoire orale implique davantage. Il faut l’identification et la localisation de la source, la relation des conditions de conduite, de réalisation et de traduction des entretiens avec les mentions de date, de lieu, des prénoms et noms interviewées en étiquetage. Il en est de même des modes de traitement. Ce n’est pas une petite affaire. En Haïti, à notre connaissance, l’historien Roger Gaillard, dans de nombreux volumes de la collection Les blancs débarquent, avait utilisé les méthodes et techniques de l’histoire orale. Dans son ouvrage Premier écrasement du cacoïsme de la même série, M. Gaillard a pu, à partir des entretiens réalisés sur le terrain avec mention de date et de personnes interviewées, présenter toute la généalogie de la famille Péralte jusqu’à la troisième génération. Il en est de même de certains épisodes de la jeunesse de François Borgia Charlemagne Péralte. Actuellement, les professeurs Jean Rénol Elie, Lewis Clorméus Ampidu, Ilionor Louis et Georges Eddy Lucien, à des niveaux divers bien entendu, utilisent dans leurs recherches les méthodes et techniques de l’histoire orale.

Qu’en est-il de la mise en œuvre de ces méthodes et techniques dans l’ouvrage des Professeurs Lauren Derby et Richard Turits sur le massacre des Haïtiens en République dominicaine en 1937 ? Disons-le clairement. C’est une réussite totale. Tout le processus méthodologique est décrit dans l’ouvrage. Ce, depuis la conception, les justifications des lieux de l’enquête, du choix des personnes interviewées, des conditions de réalisation des entretiens, de leur traduction de la langue créole à l’Espagnol, du mode de traitement, de présentation et d’interprétation des extraits de ces mêmes entretiens. Ainsi, cet ouvrage, fruit de plusieurs décennies de recherche est en quelque sorte une restitution de la mémoire des populations de la frontière septentrionale d’Haïti avec la République Dominicaine. Il constitue ainsi un appel à d’autres recherches aussi approfondies sur d’autres évènements non moins déterminants de notre vie de peuple.

En guise de conclusion

Le grand philosophe français et historien du livre Roger Chartier [9] disait des lecteurs qu’ils sont des voyageurs et de la lecture un voyage vers l’inconnu. La lecture, suivant les spécificités de la thématique, peut prendre les contours de la spirale de Frankétienne. Ainsi, si voyage il y a, l’on peut toujours revenir aux mêmes positionnements, avec néanmoins un déplacement circulaire impliquant augmentation et modification de la connaissance acquise au cours du processus. Pour Umberto Eco [10], l’acte de lecture propose, de par son essence, des relations particulières entre l’intention du lecteur (intentio lectoris), l’intention de l’auteur (intentio auctoris) et l’intention même de l’œuvre (intentio operis) par rapport au contenu lui-même en devenir. La lecture de l’histoire du massacre de 1937 pourrait s’inscrire dans cette triade. Il y a donc des lectures devant se répéter eu égard aux problèmes qu’elles mettent en œuvre et par les impacts de ces problèmes sur le cours de l’existence humaine. L’ouvrage que nous présente aujourd’hui le Professeur Watson Denis s’intègre dans ces schèmes de compréhension, d’appropriation et de transmission d’une connaissance spécifique : celle du massacre des Haïtiens en République dominicaine en 1937 avec ses tenants et ses aboutissants. Il implique un voyage dans l’Histoire, dans notre propre histoire. Ce, dans le sens de la spirale de Frankétienne, en revisitant d’autres événements non moins déterminants dans les rapports entre les deux peuples, entre les deux Etats qui se partagent l’ile avant, pendant et après le fameux « Kout Kouto » de 1937. L’ouvrage présenté par le Professeur Denis pose, à sa lecture, dans la perspective d’Umberto Eco, des questions de rapport entre le lecteur et la relation d’un évènement vraiment malheureux et terrible ayant des causes complexes, profondes, variées et des conséquences se faisant sentir jusqu’à nos jours. Il s’agit d’un livre demandant des lectures plurielles et répétées. Des lectures lentes, très lentes comme dirait le Dr. Jean-Price Mars, également spécialiste des relations Haïtiano-Dominicaines. Ce, pour apprendre et comprendre, comprendre et expliquer. La question de la frontière, même quand les autorités haïtiennes n’ont rien répondu, revient en force, quatre vingt cinq années plus tard, dans l’évolution des rapports entre les deux États. Est-ce que cette frontière, depuis sa très vague délimitation dans le traité de Ryswick de 1697, en passant par les avatars du XVIIIème siècle, du XIXème et du début du XXème siècle, va-t-elle toujours rester une « frontière de la terreur » où explosent brusquement, à chaque conjoncture de crise, « des terreurs de la frontière » comme celles de 1937 ? Nul ne peut le dire. Mais l’avenir est inquiétant, comme l’avait déjà souligné le Dr. Jean-Price Mars en 1954. Quatre-vingt (85) années après le massacre de 1937, la question de la frontière revient aujourd’hui sur le tapis avec l’annonce officielle, le 27 février 2021 par le Président dominicain M. Luis Rodolfo Abinader, de la décision d’édifier un mur au niveau de la frontière haïtiano-dominicaine. Pour le Professeur Watson Denis, « les Haïtiennes et Haïtiens qui liront ce livre d’histoire et de mémoire sur le massacre de 1937, même dans un esprit de détachement ou de discernement, sortiront de la lecture avec un sentiment de révolte, de consternation et d’impuissance ». J’ai personnellement terminé la lecture du livre avec ces mêmes sentiments. Cependant, en lisant les témoignages poignants d’Isil Nicolas Cour et d’Irelia Pierre, je dois avouer ici que j’ai pleuré… Comment se fait-il que nous en étions arrivés là, après plus de cent trente années d’une indépendance acquise dans les conditions héroïques que nous connaissons tous ? Qu’aurait dit un Henri Christophe après cette honte nationale, lui qui n’avait pas hésité à incendier sa propre maison de sa propre main pour déclarer symboliquement et courageusement la guerre contre l’expédition de Leclerc de 1802 venant effectuer le retour à l’esclavage ? Qu’aurait dit l’Empereur Jean-Jacques Dessalines, lui qui avait sacrifié sa propre jeunesse et sa vie entière pour la fin de l’esclavage et l’édification d’un État fort, libre et indépendant sur la terre d’Haïti ? J’ai pleuré, comme eut à le faire l’historien Roger Gaillard quand il lisait le récit du pillage de la bibliothèque personnelle de M. Anténor Firmin au Cap-Haïtien en 1902, pour se documenter en vue d’écrire son ouvrage intitulé La déroute de l’intelligence [11]. L’ouvrage des Professeurs Lauren Derby et Philip Turits, présenté par le Dr. Watson Denis, en cette année 85ème anniversaire de cet odieux massacre, nous appelle à rentrer en nous-mêmes. Dans quelle mesure avions-nous pu constituer une nation ? Dans quelle mesure avons-nous le contrôle de notre espace géographique par le biais d’un Etat souverain et assurer, au sein même de cet espace, un minimum de sécurité et de bien-être à notre population dans la perspective de mise en place d’un vivre ensemble ? Oui, la relation des « terreurs de la frontière » présentées dans le cadre de l’ouvrage amène nécessairement à un questionnement, à un retour sur soi afin de mieux envisager les perspectives d’avenir. Et, c’est essentiellement la mission de l’histoire. Car, comme le Professeur Watson Denis a l’habitude de le dire, l’histoire n’est pas seulement la science du passé. C’est aussi une science du présent en vue de mieux appréhender l’avenir. L’ouvrage Terreurs de frontière, le massacre des Haïtiens en République dominicaine en 1937 des auteurs Lauren Derby et Richard Turits avec « Présentation et Edition établie par Watson Denis » le prouve bien. Cet ouvrage est maintenant disponible dans les librairies en Haïti. Il faut le lire. Et surtout le lire avec courage. C’est une exigence académique de base pour tout intellectuel. Et, pour tout Haïtien, c’est un devoir de mémoire et, surtout, un devoir citoyen.

* Bibliothécaire, Professeur à l’Université d’Etat d’Haïti (UEH)

Logo : Première de couverture de l’ouvrage des Professeurs Lauren Derby et Richard Turits présenté par le Professeur Watson Denis. Au centre de la couverture, le tableau Perejil, Perejil, Perejil du peintre Didier William.


[1Dans la mythologie grecque, Clio est la déesse de l’Histoire.

[2Jean Price Mars (1953). Haïti et la République dominicaine : éléments divers d’un problème d’Histoire, de Géographie et de d’Ethnologie. Port-au-Prince, Collection du Tri-Cinquantenaire.

[3Arthur de Mattéis (1987). Le massacre des Haïtiens en République dominicaine ou une succession immobilière internationale. Port-au-Prince, Bibliothèque Nationale d’Haïti.

[4Suzy Castor (1988). Le massacre de 1937 et les relations haïtiano-dominicaines. Port-au-Prince, CRESFED.

[5Page 91. Note en bas de page explicative 68. « La grand-mère maternelle de Trujillo Luisa Erciná Chevalier était haïtienne ».

[6Nicolas Machiavel (1962). Le Prince. Préface de Raymond Aron. Ed. Gallimard, Paris.

[7Max Weber (1996). Sociologie des religions. Textes réunis, traduits et présentés par Jean-Pierre Grossein. Ed. Gallimard, Paris.

[8Voir sous ce rapport l’ouvrage d’Oscar Jara Holliday (1997). Sistematización de experiencias. Ed. Alforja. San José. Ainsi que les travaux de cet auteur sur la question.

[9Roger Chartier (2001). Las revoluciones de la cultura escrita. Ed. Gedisa, Barcelona.

[10Umberto Eco (1992). Los límites de la interpretación. Ed. Lumen. Buenos Aires.

[11Roger Gaillard (1992). La République exterminatrice. La déroute de l’intelligence. Ed. Le Natal. Port-au-Prince. Cet ouvrage de l’historien Roger Gaillard relatant la défaite de M. Anténor Firmin face au Général Nord Alexis n’est plus disponible sur le marché. Il est complètement épuisé pendant qu’il est très demandé au sein de la jeunesse universitaire. Nous lançons donc un vibrant appel à la Professeure Klara-Gustie Gaillard pour sa réédition.