Par Marlyne Jean
P-au-P, 29 mars 2022 [AlterPresse] --- Plusieurs milliers de personnes ont gagné les rues, ce mardi 29 mars 2022, dans la capitale Port-au-Prince ainsi que dans la ville des Cayes (Sud) pour exprimer pacifiquement leur ras-le-bol contre le kidnapping en Haïti, a observé l’agence en ligne AlterPresse.
Ce mouvement de protestations contre le climat de terreur, contre l’insécurité grandissante entretenue par les gangs armés, en toute impunité, sur le territoire national, a eu lieu, à l’occasion du 35e anniversaire de la Constitution haïtienne du 29 mars 1987.
Lors du défilé, les protestataires ont exigé le départ du chef du gouvernement de facto Ariel Henry.
« À bas l’insécurité, À bas Ariel », ont scandé les manifestantes et manifestants à Port-au-Prince, très indignés par le climat de terreur dans le pays.
Ils déplorent l’incapacité du gouvernement de facto à garantir la sécurité de la population et à favoriser la libre circulation des personnes et des biens sur le territoire national.
« Nous gagnons les rues pour exiger le respect de la Constitution, qui demande à l’État de garantir notre sécurité. Après avoir consenti beaucoup de sacrifices pour établir la Constitution de 1987 et mettre fin à la dictature, ce n’est pas cette situation de terreur quotidienne que nous avons espérée. Nous avons besoin d’un pays stable. Nous exigeons le départ d’Ariel Henry. Il faut des personnes valables à la tête du pays », ont exprimé des manifestants.
« Nous avons besoin de nous rendre à Jacmel (Sud-Est), aux Cayes (Sud). Nous ne sommes même plus capables d’aller à la plage. Nous ne pouvons plus supporter ce qui se passe. Ils doivent débloquer la route de Martissant. Nous ne pouvons pas payer les billets exorbitants d’avion pour aller dans le Sud », ont-ils poursuivi.
La route de Martissant, dans la périphérie sud de la capitale, est assiégée par des gangs armés depuis le 1er juin 2021. Ces bandits tuent, kidnappent, volent et violent en toute impunité, devant la passivité des responsables de l’État.
« Nous n’avons pas l’impression que cette situation interpelle les autorités de facto, dont Ariel Henry. Je suis un peu pessimiste quant au résultat de cette marche du 29 mars 2022. Mais, je suis bien content qu’il y ait ce réveil », exprime le journaliste Jean Monard Metellus, présentateur des émissions politiques Ranmase et « Intersection » sur la radio Caraïbes Fm, qui était présent sur le parcours, à Port-au-Prince, de la manifestation contre le kidnapping en Haïti.
Jean Monard Metellus appelle toutes et tous à faire preuve d’un comportement citoyen, dans leurs quartiers, pour contrer les bandits qui menacent la vie de chacune et de chacun.
Au rythme de musique d’ambiance, la manifestation du 29 mars 2022 contre le kidnapping a démarré sur la place de la Constitution, au Champ de Mars (principale place publique, dans la capitale, Port-au-Prince).
Elle a parcouru la rue Capois, l’avenue John Brown plus connue sous le nom de « Lalue », l’avenue Martin Luther King plus connue sous le nom de « Nazon », le carrefour des routes de Delmas et de l’aéroport international de Port-au-Prince, Delmas 32, entre autres.
Des agents de la Police nationale d’Haïti (Pnh) ont établi un périmètre de sécurité avec deux camions, pour empêcher les manifestants de continuer à défiler sur la route de Delmas.
Les protestataires ont été contraints de longer la route de Delmas 32, passant par Christ-roi, Lalue, l’avenue Lamartinière plus connue sous le nom de « Bois Verna », pour aboutir à leur destination finale au Champ de Mars.
La population a gagné les rues aujourd’hui pour montrer combien elle rejette le phénomène de kidnapping, estime Jean Robert Argant, coordonnateur du Collectif 4 décembre 2013, une des organisations ayant pris l’initiative de la marche du 29 mars 2022 à Port-au-Prince.
D’autres démarches à suivre seront définies, a-t-il annoncé.
Dans la ville des Cayes, principale ville en importance économique dans le département du Sud, 1 personne a été tuée et une dizaine d’autres blessées par balles, lors d’un mouvement de protestations, ce mardi 29 mars 2022, contre la criminalité.
Les manifestants ont investi la piste de l’aéroport Antoine Simon des Cayes et incendié un petit avion, qui assure le transport Cayes/Port-au-Prince.
Les protestataires dénoncent les compagnies aériennes qui, selon eux, profiteraient de la situation d’insécurité qui règne à Martissant (sud de la capitale), pour s’enrichir sur le dos de la population livrée à elle-même. [mj emb rc apr 29/03/2021 15:50]
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