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Haïti-Politique : Le premier ministre de facto n’a ni titre ni qualité pour changer la Constitution, dénonce la Pohdh

P-au-P, 28 mars 2022 [AlterPresse]--- Le chef du gouvernement de facto, Ariel Henry n’a ni titre ni qualité pour changer la Constitution haïtienne de 1987, critique la Plateforme des organisations haïtiennes de droits humains (Pohdh), dans une déclaration dont a pris connaissance l’agence en ligne AlterPresse.

Ariel Henry s’entêterait à changer la Constitution « dans des conditions obscures », met en garde la Pohdh, tout en réitérant sa confiance dans le projet démocratique envisagé par la Constitution de 1987.

« Tout changement de Constitution, s’il s’avère nécessaire, doit résulter d’un large consensus entre tous les acteurs et doit pouvoir apporter des solutions à la crise socio-politique globale qui ronge le pays », lit-on dans la déclaration de la Pohdh.

Premier ministre depuis le 20 juillet dernier, après l’assassinat, le mercredi 7 juillet 2021, du président de facto, Jovenel Moïse, Ariel Henry a souhaité la formation, cette année 2022, d’une Assemblée nationale constituante, selon les prescrits de l’accord du 11 septembre 2021, qu’il a signé avec différentes organisations politiques, pour travailler sur la réforme constitutionnelle.

Les circonstances politiques pour initier une telle démarche ne sont pas réunies, avait estimé la Chaire Louis-Joseph Janvier de l’Université privée Quisqueya, dans une note publiée en février 2022.

Invitée, par le gouvernement de facto d’Ariel Henry, à intégrer une Assemblée constituante chargée de l’élaboration d’une nouvelle Constitution en Haïti, la Chaire Louis-Joseph Janvier de l’Université Quisqueya a rappelé s’être déjà exprimée sur l’inconstitutionnalité de la démarche, entreprise par l’ancien président de facto Jovenel Moïse.

Plusieurs secteurs continuent de dénoncer cette démarche de réforme constitutionnelle, qu’ils considèrent comme une volonté d’imposer une autre forme de dictature en Haiti.

« Ils (les dirigeants) disent qu’ils vont changer la Constitution mais ils ne disent pas pourquoi. Certains évoquent qu’il y a trop de députés et sénateurs, d’autres soulignent que la Constitution n’est pas assez décentralisée… Alors que ce n’est pas la Constitution qui crée le problème de l’insécurité, la violation du droit à l’éducation et à la santé… ».

C’est en ces termes qu’a réagi le directeur du Bureau des avocats internationaux (Bai), Me. Mario Joseph, lors d’une conférence-débats, le vendredi 25 mars 2022, à laquelle a assisté l’agence en ligne AlterPresse.

Cette activité organisée par la Pohdh s’est déroulée autour du thème : « Analyse de la Constitution de 1987 dans le contexte de crise socio politique globale que traverse le pays », en prélude au 35e anniversaire de la Constitution de 1987.

En plus de deux siècles, le pays a connu 28 Constitutions et 13 amendements « abracadabrants », alors que les États-Unis d’Amérique détiennent une seule Constitution depuis 1776, avance Me. Mario Joseph.

« En réalité, la Constitution n’est pas le problème fondamental. Après toutes ces Constitutions et amendements, le pays fait face actuellement à un vide institutionnel. Nous n’avons aucune des institutions prévues par la Constitution qui est en place actuellement. Est-ce la Constitution qui est à la base ? Non, je ne le crois pas », déclare, de son côté, Roland Wasembenck, membre de la Fondation du groupe d’alternatives et de justice (F-Gaj).

Il met en garde contre une tentative d’enlever un ensemble de « cadenas » (balises), mis par la Constitution de 1987 pour empêcher à n’importe quel étranger d’exploiter les ressources minières du pays et d’occuper des postes de décisions importants.

Roland Wasembenck appelle à un consensus entre les acteurs et actrices et une décentralisation du pays pour renverser la donne. [mj emb apr 28/03/2021 11:05]