Actualisé le 22 mars 2022
P-au-P, 21 mars 2022 [AlterPresse] --- Des membres du cabinet du premier ministre de facto Ariel Henry seraient impliqués dans la libération des membres du gang armé 400 Mawozo, qui opèrent à Croix-des-Bouquets (municipalité au nord-est de la capitale), révèle le directeur exécutif du Réseau national de défense des droits humains (Rnddh), Pierre Espérance, lors d’une intervention à l’émission Tichèzba, sur AlterRadio 106.1 F.m.
« Des gens, qui sont dans la juridiction de Croix-des-Bouquets et qui font partie du cabinet d’Ariel Henry, ont fait des interventions pour libérer des membres du gang 400 Mawozo arrêtés, lors des opérations policières durant les mois de janvier et février de cette année (2022) », déplore le Rnddh.
Très influents à Croix-des-Bouquets, ces membres du cabinet d’Ariel Henry envisageraient d’aller aux prochaines élections pour devenir députés.
« Ils ont fait des interventions pour permettre à la population de retourner chez elle et aux activités de reprendre leur cours normal. De l’argent a été décaissé à cet effet », dénonce le Réseau national de défense des droits humains.
Ces personnes influentes seraient à l’origine de la trêve annoncée par le groupe armé 400 Mawozo, ces derniers jours, ajoute l’organisme de défense des droits humains.
Près d’une dizaine de membres du groupe armé 400 Mawozo, qui sème la terreur, depuis plusieurs mois, à Croix-des-Bouquets, ont été arrêtés par la Police nationale d’Haïti (Pnh), entre les mois de janvier et février 2022, dont les membres influents du gang Chouby Fénelon, connu également sous le nom de Youri Fénelon, et Christopher Alexandre alias Watoto.
Plas bandi yo, se nan prizon ak anba tè, a declaré Ariel Henry dans une adresse à la nation, le 18 mars 2022, dans laquelle il s’inscrit en faux contre toute connivence voire protection de son gouvernement de facto avec les bandits armés.
Dans cette déclaration à la nation, Ariel Henry a encore promis de reprendre le contrôle du territoire national, dont une partie est sous la terreur, en toute impunité, depuis plusieurs mois, de différents gangs armés.
Quoiqu’il ait boudé 2 invitations du tiers restant du sénat, Ariel Henry déclare « avoir tendu la main à tous ses compatriotes, qui veulent voir Haïti sortir de la crise actuelle, et être disponible pour recevoir les protagonistes, dans l’objectif construire un large consensus sur des questions fondamentales pour l’avenir du pays ».
Quoi qu’il en soit, le Réseau national de défense des droits humains s’élève contre une aggravation de la criminalité et la détérioration de la situation sécuritaire globale, depuis l’installation, le 20 juillet 2021, du gouvernement de facto d’Ariel Henry, après l’assassinat, le 7 juillet 2022, de l’ancien président de facto, Jovenel Moïse.
« Il est vrai qu’il y a eu 13 massacres sous la présidence de Jovenel Moïse. Mais depuis quelque temps, les groupes armés sortent de leurs fiefs et cherchent à occuper plus d’espaces », fait-il remarquer.
Cette situation serait maintenue par le régime du Parti haïtien tèt kale (Phtk) pour garantir leur continuité au pouvoir, dénonce l’organisme de défense des droits humains.
Parallèlement, le Rnddh dénonce un plan d’assassinat, mis en branle par l’ancien président du Phtk, Michel Martelly, à l’encontre de son directeur exécutif, Pierre Espérance.
« Michel Joseph Martelly a indiqué aux personnes, avec qui il était en réunion, que le meilleur cadeau, qu’elles pourraient lui offrir pour son anniversaire, c’est d’assassiner Pierre Espérance, avant le 7 février (2022) », révèle le Rnddh.
Des véhicules, appartenant à la fédération des gangs armés G9 an fanmi e alye et à la Brigade de surveillance des aires protégées (Bsap) [1], une unité au sein du Ministère de l’environnement (Mde), ont été identifiés lors de cette rencontre.
À travers une lettre, Pierre Espérance a demandé à la Direction centrale de la police judiciaire (Dcpj) d’ouvrir une enquête sur cette affaire, tout en mentionnant le nom de Joseph Michel Martelly et les plaques d’immatriculation des véhicules, qui ont été sur les lieux de la rencontre.
En février 2022, la Plateforme des organisations haïtiennes des droits humains (Pohdh) a dénoncé les menaces à répétitions, dont est l’objet le directeur exécutif du Réseau national de défense des droits humains (Rnddh), Pierre Espérance, dans une note de solidarité.
Ces menaces et attaques à l’égard de Pierre Espérance se sont amplifiées, suite au rapport du Rnddh, publié le 6 janvier 2022, en ce qui concerne l’assassinat de Jovenel Moïse. [mj emb rc apr 21/03/2022 15:25]
[1] Ndlr : Depuis plusieurs années, la population dénonce de nombreuses exactions, perpétrées par des agents de la Bsap sur le territoire national.
Un ancien militaire, faisant partie de la Bsap, ne s’est embarrassé d’aucun scrupule pour menacer la population, en utilisant des paroles n ap mache pran yo de la dictature des Duvalier. Cet ancien militaire a même déclaré qu’il traquera toutes les personnes, qui s’aviseraient de s’élever contre « son pouvoir », celui de Jovenel Moïse, au moment où plusieurs voix rappelaient la fin, le 7 février 2021, du mandat constitutionnel de ce dernier.
Le 22 février 2022, le Ministère de l’environnement (Mde) « a décidé d’annuler tous les badges délivrés à toutes les agentes et à tous les agents de la Brigade de surveillance des aires protégées (Bsap), pour un filtrage et un examen appropriés, en vue de prendre les dispositions que de droit ».
Dans la note y relative, le Mde informait avoir été « alarmé, par la répétition de comportements indélicats de certains de ces agents, retransmis à travers les médias, lesquels risquent de créer des confusions sur les attributions réelles du Corps de surveillance environnementale (Cse), garanties par le Décret du 26 janvier 2006 sur la gestion de l’environnement en ses articles 62 et suivants ».