P-au-P., 11 juil. 05 [AlterPresse] --- En présence de plusieurs milliers de ses partisans, des funérailles symboliques du tout puissant chef de bande Emmanuel Wilmé dit « Dread Wilmé » ont été chantées le 9 juillet à Cité Soleil.
Les journalistes présents ne pouvaient pas s’assurer que sa dépouille se trouvait effectivement dans le cercueil. Ce dernier demeurait fermé et était à un certain moment porté dans une ambiance de carnaval par quelques-uns des lieutenants du défunt.
C’est une organisation dont on ignorait l’existence jusqu’ici, « Jeunesse en mission », qui avait annoncé les obsèques de Wilmé pour le 9 juillet. Mais l’ancien maire de Delmas (nord de Port-au-Prince) Ernst Erilus avait qualifié cette annonce de farce, arguant que des partisans de Wilmé avaient immergé sa dépouille depuis le 7 juillet dans le plus grand bidonville de Port-au-Prince.
Le chef de gang, proche de l’ancien président Jean Bertrand Aristide, avait été tué, selon ses partisans, le 6 juillet dernier, lors d’une opération de grande envergure conduite par la Mission des Nations Unies pour la Stabilisation d’Haiti (MINUSTAH) à Bois Neuf. Mais la force ONUsienne et la Police nationale d’Haïti se sont gardées de confirmer son
décès.
Au cours de ses obsèques symboliques, les partisans de « Dread Wilmé » ont vanté les prétendus qualités de celui-ci, arrivant jusqu’à comparer le chef de bande à Charlemagne Péralte, héros haïtien dans la lutte contre l’occupation américaine, au cours de la première moitié du vingtième siècle.
Parmi les participants et intervenants à cette cérémonie des obsèques, qui ressemblait beaucoup plus à un rassemblement politique, figuraient plusieurs lieutenants de Dread Wilmé activement recherchés par la Police, dont le nommé Amaral.
Les partisans de Wilmé ont promis de poursuivre leur combat jusqu’au retour physique en Haïti de l’ancien président Jean Bertrand Aristide. Certains d’entre eux ont repris des métaphores auxquels recourait le leader lavalas à la fin de son règne, comme par exemple celui prédisant qu’il fera nuit, de jour comme de nuit, quand la flamme de l’espoir sera éteinte.
Les lieutenants de Wilmé ont par ailleurs gratifié l’assistance d’un message préenregistré de Jean Bertrand Aristide, vivant en exil en Afrique du Sud, destiné à ses partisans. Dans cette déclaration, Aristide a fait savoir que l’Afrique du Sud a été terre d’asile du résistant anti-impérialiste indien Ghandi, qui y a entamé sa lutte pour la libération de l’Inde en 1947.
Un diplomate américain de haut rang avait accusé le 23 juin dernier l’ancien président Jean Bertrand Aristide d’alimenter la violence en Haïti et avait fait savoir que Washington avait fait part de son inquiétude à l’Afrique du Sud, terre d’exil du leader lavalas.
« Nous savons que ses partisans reçoivent des instructions directement de sa voix et indirectement à travers ses acolytes qui communiquent avec lui personnellement en Afrique du Sud, avait déclaré Roger Noriéga, secrétaire d’Etat adjoint pour les affaires hémisphériques.
Le Comité des Avocats pour le Respect des Libertés Individuelles (CARLI) a exprimé « sa plus vive préoccupation face à l’usage abusif de la force en vue de résoudre les problèmes de la violence en Haïti ». Selon l’organisme, « plusieurs dizaines de maisons de familles pauvres (...) ont été criblées de balles », occasionnant « la mort de plusieurs membres de la population civile ».
Le CARLI exige de la police et de la MINUSTAH « des explications détaillées sur les évènements du mercredi 6 juillet 2005 à Cité Soleil ».
Suite à l’opération de la police et de la MINUSTAH à Cité Soleil, des témoignages rapportés par la station privée Radio Kiskeya ont fait état d’actes de représailles des partisans de Wilmè contre la population, faisant état de plus de 60 morts. [vs gp apr 11/07/2005 16:00]