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Haïti : Le Cap transformé en ville-poubelle, malgré un projet de 33,5 millions de dollars pour la gestion de déchets solides

L’Organisation Écovert-Haiti demande des comptes sur les 33,5 millions de dollars du Projet de gestion de déchets solides dans le Grand Nord, financé par la Banque interaméricaine de développement (Bid) en 2018.

Document soumis à AlterPresse

En 2018, pour permettre à la population du Grand Nord de vivre dans des conditions environnementales et sanitaires raisonnables, La Banque inter-américaine de développement (Bid) a approuvé un don de 33,5 millions dollars à Haïti pour développer un programme complet de gestion des déchets solides pour le Grand Nord à travers la mise en place d’un Centre de traitement de déchets solides municipaux pour les communes du Cap Haïtien, de Quartier Morin et de Limonade.

Ce centre devait être constitué d’un plateau de tri, d’un centre de compostage et de recyclage des déchets et serait en mesure de traiter par an 130 000 Tonnes de déchets et de produire 9000 tonnes de compost à usage agricole grâce à une flotte de véhicules promis aux municipalités Cap-Haïtien, Quartier Morin et Limonade pour transporter les déchets sur le centre de décharge à Mouchinette.

Cependant, suite aux menaces faites par la Bid d’annuler ce don, en raison des problèmes de litige opposant l’État haïtien à la famille Nazon, en ce qui a trait au terrain devant localiser le Projet à machinette, plusieurs organisations écologiques, dont le Groupe d’Intervention écologique d’Haïti (Ecovert-Haiti), le Mouvement d’Appui à la Paysannerie (Map) et l’Initiative haïtienne pour l’environnement et le développement (Inhed) se sont mobilisés en faveur de cette cause et ont pressé l’État d’agir, puisque c’est pour la première fois qu’Haïti, à travers le Grand Nord, allait se doter d’un centre de gestion de déchets moderne. Finalement le Président Jovenel MOISE, avait publié, le 05 juin 2020, l’arrêté présidentiel déclarant d’utilité publique 40 hectares de l’habitation Mouchinette, située dans la commune de Limonade, pour faciliter la mise en œuvre de ce projet, qui servirait également à gérer et traiter les déchets produits au Parc industriel de Caracol.

Constat alarmant !

Quatre (4) ans depuis que la Bid a paraphé cet accord de don à Haïti pour la construction de ce centre de décharge et 18 mois depuis l’arrêté présidentiel déclarant d’utilité publique la localité de Mouchinette, une zone agricole de Limonade, pour la construction de ce centre, afin de gérer et d’éliminer les déchets solides, c’est la déception totale. Rien n’a changé : le problème de déchets solides persiste. La ville du Cap est débordée de déchets de toutes sortes. Les habitants vivent avec les déchets au quotidien, comme s’il n’y avait rien d’anormal. Des ordures se trouvent dans toutes les rues et le bord de mer se transforme en un centre de décharge, qui se renforce avec la présence d’un marché public qui augmente le volume des déchets organiques dans la ville.

On se demande si cette ville est toujours administrée et, si oui, à quoi servent les dirigeants.

Du côté de Mouchinette, les travaux de construction du centre de gestion des déchets financés à hauteur de 33,5 millions de dollars par la Bid, sont arrêtés juste après l’élévation de la clôture pour sécuriser le site. À ce jour, aucune autre infrastructure pour la gestion des déchets solides comprenant une décharge sanitaire et des infrastructures pour la séparation, la valorisation, le recyclage et le compostage des déchets, comme l’indique le document du projet, n’a pas encore été mise en place et la flotte de véhicules promis dans le cadre de ce projet se fait toujours attendre.

L’organisation Écovert-Haiti, lors d’une visite effectuée sur le site de Mouchinette, le mardi 18 janvier 2022, a juste constaté que quelques camions de déchets ont été déversés sur le site et ce dernier, pour le moment, est transformé en un lieu d’élevage d‘animaux, pendant que les ordures sont jetées dans toutes les rues et sur le littoral de la ville du Cap-Haïtien et ses environs.

Face aux risques élevés que représentent ces dépôts d’ordures pour les habitants de la ville de Cap qui sont désormais exposés aux diverses maladies comme le paludisme, l’intoxication alimentaire, la fièvre, le choléra et la typhoïde sans compter la prolifération de microbes et de parasites (mouches) auxquels sont exposés les membres de la population du Cap haïtien, de Quartier Morin et Limonade, en raison de l’absence d’un centre de déchets dans le nord, l’organisation Écovert-Haiti demande à l’Unité technique d’exécution du Ministère de l’économie et des finances (Ute/Mef et à l’Unité de coordination de projet du Ministère de l’intérieur et des collectivités territoriales Ucp/Mict, deux organes étatiques chargés d’exécuter ce Projet, de fournir des explications au pays sur les 34,803,000.00 USD décaissés dans le cadre du Projet de déchets solides dans le Nord d’Haïti, dont seulement les travaux de sécurisation du site (clôture) ont été réalisés à ce jour, alors que des tonnes déchets sont visibles partout dans la ville du Cap mettant en danger la santé de la population et de la biodiversité marine dans le Grand Nord.

Cap-Haïtien, janvier 2022.

Anel DORLÉAN
Écologiste, Ing en Développement.
Coordonnateur Recherche Écovert-Haïti

Népha Junior ESTIME
Juriste, Rédacteur et Gestionnaire de projet / Écocitoyen
Secrétaire général Écovert-Haïti

Contact : ecoverthaiti02@gmail.com

Photo logo : Ecovert-Haïti