P-au-P, 03 mars 2022 [AlterPresse] --- Plusieurs syndicats d’ouvrières et d’ouvriers projettent de sommer le premier ministre de facto Ariel Henry et la Police nationale d’Haïti (Pnh), dans le cadre de leur mobilisation visant à réclamer 1,500.00 gourdes (Ndlr : US $ 1.00 = 105.00 gourdes ; 1 euro = 118.00 gourdes ; 1 peso dominicain = 2.00 gourdes aujourd’hui) comme salaire minimum journalier en Haïti.
C’est ce qu’a fait savoir Yannick Etienne, coordonnatrice de l’organisation syndicale Batay Ouvriye, lors d’une conférence-débat, le vendredi 25 février 2022, à laquelle a assisté l’agence en ligne AlterPresse.
Le premier ministre de facto Ariel Henry sera sommé d’annuler l’arrêté, fixant le salaire minimum journalier à 685.00 gourdes, dans la branche de la sous-traitance, pour les ouvrières et ouvriers.
« L’arrêté ne donne pas un salaire juste et équitable, il est discriminatoire. Donc, on va sommer le premier ministre et le gouvernement de facto, en vue de son annulation », insiste Yannick Etienne.
Toutefois, la syndicaliste évoque les difficultés pour trouver, dans ce contexte actuel, un juge pour pouvoir trancher sur ce dossier.
L’organisation syndiacle Batay Ouvriye s’engage également à sommer la Police nationale d’Haïti (Pnh), pour qu’elle dresse une liste de noms des policiers présents, lors des mobilisations ouvrières qui étaient violemment réprimées par la Pnh.
Des numéros de véhicules de police, qui y étaient présents, ont été répertoriés.
Lors de la mobilisation des ouvrières et ouvriers, le mercredi 23 février 2022, le photojournaliste du média en ligne « Roi des infos », Maxihen Lazzare, a été tué par balle, les journalistes Sony Laurore et Yves Moïse en sont sortis blessés.
Lors de cette manifestation du 23 février 2022, 20 ouvrières et ouvriers ont été victimes, parmi eux 17 femmes dont une femme enceinte, dénonce Batay Ouvriye.
Ces personnes ont été soit blessées par des balles réelles ou en caoutchouc, soit évanouies par l’inhalation de gaz lacrymogènes.
De son côté, l’économiste Camille Chalmers, directeur exécutif de la Plateforme de plaidoyer pour un développement alternatif (Papda), souhaite une connexion entre la bataille des ouvrières et ouvriers et la lutte contre le maintien du régime du Parti haïtien tèt kale (Phtk) au pouvoir, qui impose l’impérialisme en Haïti.
« La bataille ouvrière est juste, essentielle et importante. Elle permet de remettre en question toute la vision du néocolonialisme dans le pays », estime l’économiste, lors de la conférence-débat du vendredi 25 février 2022, organisée par la Plateforme des organisations haïtiennes des droits-humains (Pohdh), autour du thème « analyse sur les conditions de travail des ouvrières et ouvriers en Haïti, au regard des droits sociaux et économiques ».
Les 1,500.00 gourdes, exigées par les travailleuses et travailleurs du textile, devraient permettre une récupération partielle de leur pouvoir d’achat. Néanmoins, elles ne pourraient pas servir à grand-chose.
La Papda plaide en faveur d’une fixation d’un salaire minimum par heure, au lieu d’un salaire minimum journalier, dans le but de lutter contre l’extension illégale des heures de travail. [mj emb rc apr 03/03/2022 11:25]