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Haïti : La République Dominicaine lance la construction d’une clôture frontalière

P-au-P, 21 févr. 2022 [AlterPresse] --- La République Dominicaine a lancé, le dimanche 20 février 2022, la construction d’une clôture frontalière à dispositif technologique sur la frontière haïtiano-dominicaine, pour lutter contre le trafic de drogue et la mafia, selon les déclarations du président dominicain, Luis Rodolfo Abinader Corona (né le 12 juillet 1967 à Santo Domingo), rapportées par des médias internationaux, consultées par l’agence en ligne AlterPresse.

Construite également dans le souci d’arrêter la migration irrégulière venant d’Haïti, cette clôture sera dotée de fibres optiques, de détecteurs de mouvement, de tours de communication, entre autres, qui aideront à empêcher le passage d’immigrantes et d’immigrants sans papiers sur le sol dominicain, selon les autorités dominicaines.

« La clôture intelligente à la frontière profitera aux deux pays, en permettant de contrôler beaucoup plus efficacement le commerce bilatéral, de réguler les flux migratoires pour lutter contre les mafias, le trafic de drogue et la vente illégale d’armes », déclare Luis Abinader, insistant sur la grave crise que traverse Haïti, ces derniers temps.

Une première partie de cette construction devrait avoir une longueur de 54 kilomètres de béton armé, pour un investissement de 1,750 millions de pesos, soit environ 30,7 millions de dollars américains (Ndlr : US $ 1.00 = 104.00 gourdes ; 1 euro = 118.00 gourdes ; 1 peso dominicain = 1.90 gourde aujourd’hui), pour une période de sept à neuf mois.

L’ensemble de la clôture intelligente couvrira 160 kilomètres sur le long de la frontière de 391 kilomètres avec Haïti.

« La construction de murs frontaliers est inacceptable dans notre région », ont mis en garde près de 200 institutions, dont des organisations de défense des droits humains, des centres universitaires, des associations de la société civile, des médias et autres groupes, majoritairement basés sur le continent américain (dont Haïti), ainsi que de nombreuses personnes, dans une lettre ouverte, en date du 17 mars 2021, adressée à Luis Abinader.

Les autorités dominicaine devraient plutôt « utiliser les énormes ressources, qu’impliquerait un projet de cette envergure, pour mettre en œuvre des actions alternatives », ont recommandé ces institutions et personnalités.

Des organismes de défenses de droits des migrantes et migrants, notamment la plateforme Groupe d’appui aux rapatriés et aux réfugiés (Garr) en Haïti, avaient exprimé leurs préoccupations face à la construction de ce mur qui, selon eux, risquerait de briser les liens de bon voisinage entre les deux peuples.

Ils avaient plutôt plaidé en faveur d’un dialogue franc, entre les autorités des deux pays, pour trouver une solution commune. [mj emb rc apr 17/02/2022 16:05]