P-au-P, 18 févr. 2022 [AlterPresse] --- La Centrale nationale des ouvrières et ouvriers haïtiens (Cnoha) qualifie de provocation la proposition du Conseil supérieur des salaires de fixer à 625.00 gourdes (Ndlr : US $ 1.00 = 104.00 gourdes ; 1 euro = 118.00 gourdes ; 1 peso dominicain = 1.90 gourde aujourd’hui) le salaire minimum journalier pour les ouvrières et ouvriers de la sous-traitance, dans une interview accordée à l’agence en ligne AlterPresse.
Cette proposition d’ajustement du Css est une décision criminelle des patrons, visant à provoquer les ouvrières et ouvriers, dénonce la Cnoha, qui annonce, pour la semaine prochaine, une mobilisation générale dans la branche textile en Haïti.
« Les ouvrières et ouvriers continueront à se mobiliser jusqu’à ce qu’ils obtiennent satisfaction de leurs revendications, qui comprennent également des avantages sociaux, en plus de 1,500.00 comme salaire minimum journalier en Haïti. Ce qui a été proposé ne passera pas », déclare Dominique Saint-Éloi, coordonnateur général de la Cnoha.
« La semaine prochaine, du lundi 21 au vendredi 25 février 2022, ce sera la mobilisation générale dans la branche textile, si Ariel Henry refuse de publier un arrêté, pour faire passer le salaire minimum journalier à 1,500.00 gourdes, incluant des accompagnements sociaux ».
La Centrale nationale des ouvrières et ouvriers haïtiens invite les ouvrières et ouvriers, dans les autres départements géographiques, à prendre part deja la mobilisation en faveur de 1,500.00 gourdes comme salaire minimum journalier et de divers avantages sociaux en Haïti.
Le Conseil supérieur des salaires (Css) aurait proposé au gouvernement de facto un salaire minimum journalier de 625.00 gourdes pour les travailleuses et travailleurs des industries d’assemblage tournées vers l’exportation (segment F).
Actuellement, le salaire minimum journalier est de 500.00 gourdes dans la branche de la sous-traitance.
Les revendications des ouvrières et ouvriers, qui réclament 1,500.00 gourdes comme salaire minimum journalier en Haïti, sont justes, puisque l’inflation a augmenté à plus de 24% en Haïti, estime l’économiste haïtien Enomy Germain, dans une interview accordée à AlterPresse.
La loi, notamment le Code du travail, en son article 137, prévoit des ajustements de salaire minimum, rappelle Enomy Germain.
Le dernier ajustement du salaire minimum journalier en Haïti remonte à novembre 2019, alors que le code du travail exige des ajustements à chaque augmentation d’au moins 10% du taux d’inflation, souligne l’économiste.
Des centaines d’ouvrières et ouvriers ont investi de nouveau, les mercredi 16 et jeudi 17 février 2022, les rues dans la zone métropolitaine de la capitale, Port-au-Prince, pour continuer d’exiger 1,500.00 gourdes comme salaire minimum journalier en Haïti.
Lors de la première journée de mobilisation ouvrière, des agents de la Police nationale d’Haïti (Pnh) ont dispersé, à coups de gaz lacrymogènes et par des tirs nourris, la foule de manifestantes et manifestants, au niveau de Delmas.
La manifestation, qui s’est ensuite reconstituée, a poursuivi son parcours sur la route de Delmas, jusqu’à Musseau, où ils se sont rassemblés devant l’entrée principale de la résidence officielle de premier ministre de facto, Ariel Henry, pour faire entendre leurs revendications.
L’Office de la protection de la citoyenne et du citoyen (Opc) a recommandé à l’État haïtien de prendre des mesures, à court terme, pour ajuster le salaire minimum journalier des ouvrières et ouvriers de la branche textile, conformément à la loi, en leur garantissant un salaire décent.
En prélude à la commémoration de la journée mondiale de la justice sociale, le dimanche 20 février 2022, l’Opc a appelé l’État, ce vendredi 18 février 2022, à respecter, promouvoir et mettre en œuvre les principes et droits fondamentaux au travail, en faveur de meilleures conditions de vie et de l’intégration sociale. [mj emb rc apr 18/02/2022 16:25]