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Crise : La situation demeure « tendue et fortement polarisée » en Haïti, selon le Binuh

P-au-P, 18 févr. 2022 [AlterPresse] --- La situation demeure « tendue et fortement polarisée », en Haïti, en dépit de quelques avancées, relève la représentante spéciale du secrétaire général de l’Organisation des Nations unies (Onu) en Haïti, l’Américaine Helen Meagher La Lime, lors d’une session organisée, ce vendredi 18 février 2022, par le Conseil de sécurité des Nations unies sur le Bureau intégré des Nations unies en Haïti (Binuh), dont a pris connaissance l’agence en ligne AlterPresse.

Helen La Lime, la cheffe du Bureau intégré des Nations unies en Haïti (Binuh), déplore les conséquences néfastes des violences des gangs armés criminels sur la vie économique et sociale de millions d’enfants, de femmes et d’hommes.

Elle qualifie d’odieux le recours aveugle de ces groupes criminels aux enlèvements, aux meurtres ainsi qu’aux violences sexuelles et sexistes, comme moyens de terroriser les communautés locales dans la lutte pour étendre leur contrôle territorial.

Multiplication des actes de kidnapping

Fabiola Payen, étudiante à l’École nationale des infirmières de Port-au-Prince (Enip), a été enlevée, le mardi 15 février 2022, dans les parages des locaux de la Faculté de médecine et de pharmacie (Fmp) de l’Université d’État d’Haïti (Ueeh) à la rue Oswald Durand, au centre-ville de Port-au-Prince.

Le mercredi 16 février 2022, plusieurs étudiantes et étudiants de l’Ueh ont organisé, un mouvement de protestations, pour exiger la libération de leur camarade, Fabiola Payen.

Le recteur de l’Université de Port-au-Prince, le professeur Gérard Dorcély, et le pasteur Rémy Lochard, kidnappés respectivement les vendredi 4 et dimanche 6 février 2022, sont maintenus toujours captifs par leurs ravisseurs armés.

Les autorités demeurent impuissantes à lutter contre la multiplication des actes de kidnapping, perpétrés, en toute impunité, par les gangs armés, qui sèment la terreur en Haïti, particulièrement dans la zone métropolitaine de la capitale, Port-au-Prince.

L’impuissance de la Police nationale face au banditisme

Surchargée, en sous-effectif et en manque de ressources, la Police nationale d’Haïti (Pnh) ne peut pas, à elle seule, freiner la montée alarmante de l’insécurité générée par les gangs armés, souligne La Lime.

Par ailleurs, Helen Meagher La Lime exhorte les autorités étatiques haïtiennes à s’attaquer, de toute urgence, au phénomène de l’impunité persistante.

Aucune avancée au niveau des dossiers d’assassinats et de massacres

« À ce jour, aucun progrès n’a été accompli dans l’établissement des responsabilités pour l’assassinat de Monferrier Dorval en 2020, le massacre de La Saline en 2018 ou ceux survenus à Bel Air en 2019 et 2020 », rappelle-t-elle.

L’enquête sur le meurtre épouvantable de Jovenel Moïse est toujours au point mort, sept mois après, regrette-t-elle.

L’ex-commissaire du gouvernement près le tribunal civil de Port-au-Prince, Me. Bedford Claude, a révélé avoir fait l’objet de pressions de la part du premier ministre de facto, Ariel Henry, suite à des mandats décernés contre de présumés assassins, dans le cadre du meurtre, le 7 juillet 2021, de l’ancien président de facto Jovenel Moïse, a-t-il dévoilé, le 11 février 2022, sur son compte twitter, consulté par AlterPresse.

Ces révélations surviennent après la parution de plusieurs articles dans des médias américains, qui soupçonnent Ariel Henry d’être de mèche avec les auteurs intellectuels de ce meurtre.

Le premier ministre de facto en Haïti, Ariel Henry, serait impliqué dans la planification de l’assassinat, le 7 juillet 2021, du président Jovenel Moïse, aurait déclaré le juge qui a supervisé l’affaire, Gary Orélien, selon les révélations de la chaîne américaine d’informations Cable news network (Cnn).

Ariel Henry aurait des liens étroits avec Joseph Félix Badio, l’un des suspects clés dans l’assassinat de Jovenel Moïse, selon Cnn et le journal américain The New York Times.

Le suspect Joseph Félix Badio est toujours en cavale, alors que d’autres suspects clés, comme Samir Handal, Antionio Palacios Palacios et John Joël Joseph, ont, par contre, été arrêtés, en terre étrangère.

Le dialogue politique bloqué

De plus, la représentante spéciale du secrétaire général de l’Onu suggère des pistes, pour sortir Haïti de sa crise politique et institutionnelle aiguë.

« Il est impératif que tous les dirigeants haïtiens se résolvent à s’engager, de manière constructive, pour orienter le pays vers un processus permettant la tenue d’élections », estime Helen Meagher La Lime.

Elle appelle la communauté internationale à continuer de dialoguer avec le gouvernement haïtien et les autres parties prenantes, pour soutenir les efforts visant à créer les conditions politiques et de sécurité nécessaires à la tenue d’élections nationales.

Une rencontre, qui était prévue, le lundi 14 février 2022, entre les membres du Bureau de suivi de l’Accord de Montana (Bsa) et le premier ministre de facto, pour définir les conditions des négociations politiques, a été avortée.

Surseoir à la nomination illégale des juges de la Cour de Cassation ainsi qu’à la mise en place du Conseil électoral provisoire (Cep) et de l’Assemblée constituante sont parmi les conditions préalables, posées, par le Bsa, pour reprendre le dialogue politique avec le chef du gouvernement de facto en place, Ariel Henry.

Le Bsa a fait part de ces exigences à respecter, le temps des discussions pour la recherche d’un consensus, dans une lettre adressée au premier ministre de facto et ses alliés, signataires de l’accord du 11 septembre 2021 avec Ariel Henry.

Ariel Henry devrait également « se déclarer prêt à répondre à toute invitation de la justice et à faciliter la reprise de l’enquête, seule à même de contribuer à lever les allégations relatives à son implication dans le dossier » d’assassinat de Jovenel Moïse, exige le Bureau de suivi de l’Accord du 30 août 2021, dit Accord de Montana. [emb rc apr 18/02/2022 13:00]