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Genre : Plusieurs spécialistes préconisent une éducation spécifique des femmes et des filles en santé sexuelle et reproductive en Haïti

P-au-P, 17 févr. 2022 [AlterPresse] --- De nombreux problèmes de santé publique, auxquels sont confrontées les femmes et filles en Haïti, pourraient être évités si l’on tenait compte d’une forme d’éducation spécifique en la matière.

C’est ce que recommandent plusieurs professionnelles et professionnels, dans le secteur de droits humains et éducatif, lors d’une conférence en ligne, le jeudi 10 février 2022, à laquelle a assisté l’agence en ligne AlterPresse.

L’éducation en santé sexuelle et reproductive constitue un outil crucial dans la vie des jeunes, spécialement des filles en Haïti, prônent-ils, lors de l’activité déroulée autour du thème « les conséquences du manque d’éducation et de sensibilisation sur la santé sexuelle et reproductive ».

Le Dr. Erold Joseph, spécialiste en promotion de santé et directeur de santé scolaire au sein du Ministère de l’éducation nationale et de la formation professionnelle (Menfp), plaide pour une formation non-formelle des jeunes sur la santé sexuelle, à travers des débats, des journées de santé et des activités culturelles, entre autres, pour pouvoir discuter ouvertement de leur santé sexuelle et reproductive.

« Les jeunes filles n’ont pas de soins de santé sexuelle et reproductive, adaptée à elles-mêmes. Elles n’ont pas de centres de santé pour elles-mêmes, où elles peuvent s’y rendre pour des cas d’infection, de grossesses non désirées, de viols. Elles sont obligées de se rendre au même endroit que tout le monde, où elles risquent d’être stigmatisées et discriminées ».

Au panel de cette conférence, le Dr. Yves Termidor de la branche en Haïti du Fonds des Nations unies pour la population (Unfpa), a dressé le tableau de la situation des grossesses précoces en Haïti et les stratégies, susceptibles d’être adoptées pour empêcher les filles de tomber enceintes prématurément.

Selon le Dr. Termidor, cet épiphénomène ne saurait être résolu que par la santé ou par l’éducation à la sexualité dans les écoles.

Les stratégies extrascolaires pourraient aider les personnes non-scolarisées à avoir un minimum d’éducation à la sexualité.

« Nous avons le ratio de mortalité maternelle le plus élevé dans la région. D’après les résultats d’Enquête sur la mortalité, morbidité et l’utilisation des services en Haïti (Emmus), nous avons presque six fois plus de femmes touchées par les décès maternels que la République Dominicaine, par année. L’un des facteurs, qui influencent ce ratio de mortalité, ce sont les grossesses précoces, les grossesses non désirées », signale-t-il.

Pour Ludmille Lyvert de la Fondation Toya, il est important pour une fille d’ « embrasser sa féminité », d’être à l’aise avec son corps, de connaître les différents organes relatifs à la santé sexuelle et reproductive. Ce qui renforcera son pouvoir de décider pour son corps.

« La jeune fille doit avoir des informations, pouvant guider ses décisions. C’est ainsi qu’elle pourra avoir des consentements éclairés dans les rapports sexuels et éviter de vivre de mauvaises expériences, susceptibles d’avoir des conséquences très lourdes sur sa santé sexuelle », précise la militante pour les droits de la femme.

En 2018, l’Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture (Unesco) a publié son deuxième programme d’éducation complète à la sexualité (Ecs) pour les jeunes du monde entier, un processus d’enseignement et d’apprentissage visant à donner aux enfants et aux jeunes des connaissances, aptitudes et des valeurs, qui leur permettront de s’épanouir dans le respect de leur bien-être et de leur dignité.

Fondé sur l’égalité des genres, le programme d’éducation à la sexualité de l’Unesco prend en considération hommes et femmes, avec leur spécificité et leurs points communs sur le plan culturel, social et biologique. [dj emb rc apr 02/17/2022 16:20]