P-au-P, 10 févr. 2022 [AlterPresse] --- Des agents de la Police nationale d’Haïti (Pnh) ont réprimé, à nouveau, à coups de gaz lacrymogènes, ce jeudi 10 février 2022, une manifestation, à Port-au-Prince,, d’ouvrières et d’ouvriers de la Société nationale des parcs industriels (Sonapi), qui réclament 1,500.00 gourdes (Ndlr : US $ 1.00 = 104.00 gourdes ; 1 euro = 119.00 gourdes ; 1 peso dominicain = 1.80 gourde aujourd’hui) comme salaire minimum journalier, observe l’agence en ligne AlterPresse.
Plusieurs centaines d’ouvrières et d’ouvriers, les uns munis de branches d’arbres, ont défilé sur le boulevard Toussaint Louverture, couramment dénommé Route de l’aéroport international de Port-au-Prince, en scandant des propos hostiles aux patrons des usines de sous-traitance.
« 1,500.00 gourdes comme salaire minimum ! Vivent les 1,500.00 gourdes ! A bas 500.00 gourdes », ont scandé la foule de manifestantes et manifestants, avant d’être dispersés, à coup de gaz lacrymogènes, par des agents de la Pnh.
Des tirs nourris, également entendus dans la zone, ont provoqué une véritable panique.
Certains des protestataires ont riposté, en lançant des pierres en direction des agents de la Police nationale d’Haïti.
En colère, les protestataires ont également dressé des barricades de pneus usagés enflammés et de pierres sur la route de l’aéroport international de Port-au-Prince, perturbant la circulation automobile.
« Nous étions en train de manifester. On a envoyé la police pour nous bombarder de gaz lacrymogènes », dénonce un ouvrier.
Le salaire minimum journalier, actuellement de 500.00 gourdes dans la branche de la sous-traitance, est insuffisant, vu le coût élevé de la vie, argue un manifestant.
La veille, le mercredi 09 fevrier 2022, la Pnh avait aussi dispersé violemment une manifestation ouvrière sur la route de l’aéroport international de Port-au-Prince, en faisant usage de gaz lacrymogènes. Plusieurs ouvrières et ouvriers, dont une femme enceinte, étaient tombés en syncope.
Le coordonnateur de la Centrale nationale des ouvrières et ouvriers haïtiens (Cnoha), Dominique Saint-Eloi, dénonce une note du Conseil supérieur des salaires (Css) comme une tentative de casser la mobilisation ouvrière.
Des dispositions sont en train d’être prises pour fixer le salaire minimum dans les différentes branches d’activités du secteur privé, a fait savoir le Css.
Ce Conseil supérieur des salaires défend uniquement les intérêts des patrons, depuis plusieurs années, contre ceux des ouvrières et ouvriers, critique la Cnoha, annonçant la poursuite de la mobilisation ouvrière jusqu’à la satisfaction des revendications.
Des mouvements de protestations, organisés, les lundi 17 et vendredi 21 janvier 2022, par les ouvrières et ouvriers du Parc industriel de Caracol, dans le département du Nord-Est d’Haïti, en vue de réclamer une augmentation de salaires, avaient perturbé le fonctionnement du Parc de Caracol, qui accueille des milliers d’ouvrières et d’ouvriers.
Le gouvernement de facto a informé avoir déjà entamé un processus de concertation, avec les différents responsables du secteur patronal et syndical, en vue de trouver « un accord mutuellement bénéfique », pour une reprise négociée des activités, dans les plus brefs délais, au Parc industriel de Caracol.
Deux mois après le doublement des prix du carburant
Les nouveaux tarifs du carburant ont été annoncés en fin d’après-midi du 7 décembre 2021 par le gouvernement, consacrant le doublement des prix du diesel et du kérosène, et une augmentation substantielle de la gazoline.
Le gallon de gazoline passe de 201 à 250 Gourdes, le diesel de 169 à 353 Gourdes et le kérosène de 163 à 352 Gourdes, avait indiqué le ministre de l’économie et des finances Michel Patrick Boisvert.
Ces tarifs sont entrés en vigueur le 10 décembre 2021.
Le gouvernement avait fait savoir qu’il a renoncait à une partie des taxes sur la gazoline, contrairement au diesel et au kérosène, désormais totalement taxés.
Une augmentation des prix du carburant sur le marché local, dans le contexte actuel, pourrait entraîner de graves conséquences sur la population, dont la majorité vit dans la pauvreté, avait prévenu l’économiste Eddy Labossière. [mff emb rc apr 09/02/2022 11:05]