P-au-P, 09 févr. 2022 [AlterPresse] --- La cheffe de la délégation de l’Union européenne (Ue) en Haïti, la Française Sylvie Tabesse, a exprimé de vives préoccupations face à l’aggravation continuelle de la crise en Haïti, lors d’un webinaire organisé le mardi 8 février 2022, dont a pris connaissance l’agence en ligne AlterPresse.
La crise s’est exacerbée suite à l’assassinat, le mercredi 7 juillet 2021, de l’ancien président de facto Jovenel Moïse, relève Tabesse.
Ce débat autour de la situation de crise en Haïti a été réalisé à l’initiative de Caroline Roose, députée européenne Verts (Ale) et du politologue Frédéric Thomas du Centre tricontinental (Cetri).
Lors de son intervention, Sylvie Tabesse a mentionné une criminalité grandissante, des violations des droits humains, des indicateurs sociaux en chute libre depuis plusieurs années et une détérioration, tant humanitaire que sociale, dans le pays.
« Haïti traverse une crise institutionnelle et constitutionnelle, sur fond d’insécurité croissante », déplore-t-elle, tout en appelant les Haïtiennes et Haïtiens à s’entendre sur une solution de sortie de cette crise.
Les Haïtiennes et Haïtiens doivent s’engager véritablement dans la recherche d’une solution haïtienne à la crise, recommande-t-elle.
« C’est la seule option pour favoriser un retour à une certaine normalité institutionnelle et un retour à la sécurité », pour qu’enfin les Haitiennes et Haïtiens puissent travailler sur les questions urgentes d’ordre social et économique, estime Sylvie Tabesse.
Le pouvoir en place et les organisations de l’opposition sont toujours à couteaux tirés, en ce qui concerne la manière de résoudre la crise haïtienne.
Dans un discours, le 7 février 2022, Ariel Henry a qualifié de jeux d’enfant et de distraction les démarches, qui tendraient à trouver une concertation entre les différents protagonistes politiques en Haïti.
Ces démarches, qui se sont déroulées récemment en Haïti et dans sa diaspora aux États-Unis d’Amérique, viseraient à mettre en place des formules de transition, pour juguler la crise qui secoue le pays.
« Personne n’a le droit de se réunir dans un hôtel ou à l’étranger, pour décider en petit comité qui doit être président ou premier ministre », a fustigé Ariel Henry.
L’économiste Fritz Alphonse Jean et l’ancien sénateur Steven Irvenson Benoit ont été respectivement élus, le dimanche 30 janvier 2022, comme président et premier ministre pour diriger une transition de rupture en Haïti, dans le cadre de l’Accord du 30 août 2021 appelé Accord de Montana et de celui du Protocole d’entente nationale (Pen).
Par ailleurs, le tiers restant du sénat de la république demande à la Cour supérieure des comptes et du contentieux administratif (Cscca) de porter, à travers ses services compétents, une vigilance extrême sur les fonds de l’État, par rapport au nouveau statut du premier ministre de facto, Ariel Henry.
Le nouveau statut d’Ariel Henry limite désormais ses prérogatives, souligne-t-il, dans une correspondance adressée ce mardi 8 février 2022, à la Cscca.
A partir du lundi 7 février 2022, « Ariel Henry ne fait que liquider les affaires courantes », rappelle le tiers restant du sénat. [emb rc apr 09/02/2022 16:30]