P-au-P, 07 févr. 2022 [AlterPresse] --- « La société n’a fait aucune avancée réelle, ni politique, ni économique, ni sociale », depuis le référendum du dimanche 29 mars 1987, intervenu après la chute de la dictature des Duvalier, selon l’écrivain et analyste politique Pierre Michel Chéry.
Une quinzaine de crises majeures ou événements politiques ont eu lieu, de 1986 à 2016, dans la société, a relevé Pierre Michel Chery, dans une analyse sur la crise et les transformations sociales en Haïti depuis la chute de Jean-Claude Duvalier.
Les crises sont le résultat d’une société bloquée, précise-t-il.
Il a mentionné la crise de l’élection de 1987, qui s’est terminée avec le massacre de la rue Vaillant, le 29 novembre 1987, et le coup d’État militaire, le 30 septembre 1991, contre le président Jean Bertrand Aristide, qui a fait vivre au pays un embargo de 3 ans, entre autres.
« La transformation qui débloquera la société repose sur la capacité et l’intelligence des acteurs sociaux, citoyens ordinaires, militants de base comme dirigeants de l’appareil politique », estime-t-il.
La date symbolique du 7 février 2022, qui coïncide avec un contexte de grave crise politique dans le pays, marque le 36e anniversaire de la chute de la dictature des Duvalier en Haïti.
Depuis plus de trois décennies, les gouvernements rétrogrades, qui se sont succédé au pouvoir politique, accomplissent différentes manœuvres pour effacer les dates historiques symbolisant le cheminement des masses vers la démocratie et un mieux-être, souligne l’agence en ligne AlterPresse.
Déjà, le 7 février 1987, premier anniversaire de la chute de la dictature des Duvalier, fut noyauté dans plusieurs actes de répression, orchestrée par le Conseil national de gouvernement (Cng), qui s’accapara le pouvoir. Après avoir organisé le massacre d’électrices et d’électeurs, le dimanche 29 novembre 1987, sur l’ensemble du territoire national, le Cng fit installer, le 7 février 1988, Leslie François Manigat, à la suite d’élections controversées le 17 janvier 1988.
Puis s’ensuivirent toute une kyrielle de prétextes, jusqu’en l’année 2022 (en cours), pour ne pas se souvenir du 7 février 1986, une date progressivement et de plus en plus banalisée.
Plusieurs politiciens osent même déclarer qu’ils ont marre du 7 février 1986, qu’il faudrait bannir à leurs yeux.
Depuis le weekend écoulé, de nombreuses personnes avaient résolu de ne pas s’aventurer dans les rues, ce 7 février 2022, non seulement en raison des zones d’ombre politique qui entourent cette date symbolique, mais aussi par prudence, avec la détérioration accélérée de la situation sécuritaire et des conditions de vie sur le territoire national. [emb rc apr 07/02/2022 12:50]