P-au-P, 07 févr. 2022 [AlterPresse] --- Activités scolaires paralysées, activités commerciales perturbées, notamment dans la zone métropolitaine de la capitale, Port-au-Prince : c’est le tableau de la situation, ce lundi 7 février 2022, qui marque le 36e anniversaire de la chute (le 7 février 1986) de la dictature des Duvalier (de la fuite de Jean-Claude Duvalier, surnommé « Baby Doc », vers la France), observe l’agence en ligne AlterPresse.
Depuis plusieurs décennies, les secteurs rétrogrades, qui se sont toujours accaparé le pouvoir politique en Haïti, cherchent à effacer de la mémoire et à banaliser toutes les dates historiques, y compris le 7 février 1986, symbolisant les batailles du peuple en faveur de la démocratie et d’un mieux-être.
Mais, en restant chez eux, les habitantes et habitants d’Haïti ont envoyé un message non équivoque : colère, mécontentement..., contre le statu quo, estiment des analystes politiques.
Ce lundi 7 février 2022, les écoles n’ont pas fonctionné à Port-au-Prince ainsi que dans plusieurs villes en province.
Dans la capitale, les véhicules privés et de transports en commun sont très rares. La circulation automobile est fluide au niveau de diverses artères.
Les rues demeurent presque désertes en divers endroits, particulièrement au centre-ville de Port-au-Prince.
Les entreprises commerciales, comme les magasins, les banques, les pompes à essence, ont gardé leurs portes fermées, tandis que le commerce informel fonctionne au ralenti.
Les bureaux publics sont également fermés.
Beaucoup de services et bureaux divers n’ont pas fonctionné, non plus.
Depuis le weekend écoule, de nombreuses personnes avaient résolu de ne pas s’aventurer dans les rues, ce lundi 7 février 2022, non seulement en raison des zones d’ombre politique qui entourent cette date symbolique, mais aussi par prudence, avec la détérioration accélérée de la situation sécuritaire et des conditions de vie sur le territoire national.
Un calme apparent est observé dans la zone métropolitaine de Port-au-Prince, où plusieurs patrouilles de la Police nationale d’Haïti (Pnh) sont remarquées en certains points.
La Pnh avait informé que tout le personnel policier est placé en état d’alerte maximale, du samedi 5 au jeudi 10 février 2022, sur le territoire de la république.
Ce niveau d’alerte maximale n’a pas dissuadé, ni empêché la poursuite de la perpétration des actes de criminalité (assassinats par balles, entre autres), incluant des actes de kidnapping (enlèvements et séquestration de personnes), par les gangs armés, qui continuent de commettre leurs forfaits, en toute impunité, dans la zone métropolitaine de Port-au-Prince et dans plusieurs villes en province.
Hormis les cas de maladie, tous les congés ont été annulés, pour qu’un effectif suffisant soit disponible en permanence, dans toutes les structures de police.
Contrairement aux prescriptions constitutionnelles, l’ancien président de facto assassiné (le 7 juillet 2021), Jovenel Moïse, avait déclaré la fin de son mandat pour le 7 février 2022, en dépit des contestations de plusieurs secteurs de la vie nationale.
Le tiers restant du sénat dit prendre « acte, de manière incontestable et incontestée, de la fin du mandat de Jovenel Moïse le 7 février 2022 », dans une correspondance adressée à Ariel Henry en date du 4 février 2022.
Des organisations de la société civile, signataires de l’Accord du 30 août 2021, appelé Accord de Montana, exigent le départ du premier ministre de facto, Ariel Henry, à compter du 7 février 2022.
Cependant, Ariel Henry, qui s’est installé, le 20 juillet 2021, comme chef de gouvernement de facto, à la suite d’un tweet de la communauté internationale, affirme s’accrocher au pouvoir politique et vouloir organiser des élections générales, sans être en mesure de préciser qui lui a donné une telle mission et au nom de quelle structure constitutionnelle et légale il prend des décisions politiques engageant l’avenir de la nation...
Une marche citoyenne est projetée pour ce lundi 7 février 2022, en vue de forcer le gouvernement de facto en place à plier bagages, pour l’installation d’une transition de rupture en Haïti.
Cette mobilisation vise également à dénoncer les actes de criminalité et de kidnapping, les pratiques de corruption ainsi que l’ingérence de la communauté internationale dans les affaires internes d’Haïti.
Se comportent en spectateurs passifs, les autorités étatiques laissent la population à la merci des bandits armés, relève le Réseau national de défense des droits humains (Rnddh).
Une cinquantaine de personnes assassinées, dont cinq (5) policiers nationaux et deux (2) journalistes, ont déjà été enregistrées pour le seul mois de janvier 2022, signale un rapport du Rnddh.
Les nombreux cas d’enlèvements, suivis de séquestration de personnes, contre rançons ainsi que les blessures par balles enregistrées révèlent un niveau jamais atteint de banalisation de la vie en Haïti, déplore le Réseau national de défense des droits humains. [emb rc apr 07/02/2022 11:50]