Par Glodel Mezilas*
Soumis à AlterPresse le 24 janvier 2022
- « Ce qui est historique advient d’une certaine manière. »
Herbert Marcuse
- L’acte de commémorer est généralement vécu comme un rappel du « modèle initial », une remémoration de l’« acte fondateur », un retour à une « origine primordiale ». Il remplit la même fonction : il légitime les choix effectués et sanctifie les valeurs partagées ».
Mondher Kilani
L’idée d’écrire cet article remonte aux manifestations et troubles politiques qui ont émaillé le pays le 1er janvier 2004, qui ramenait le bicentenaire de la Révolution haïtienne. A l’époque, je me trouvais à l’Institut des Relations Internationales du Cameroun (Iric) dans le cadre d’une formation de spécialisation en fonction publique internationale coordonnée par l’École Nationale d’Administration (Ena, Paris), l’Institut des Nations Unies pour la Recherche et le Développement (Unitar) et l’Iric. A ce moment-là, des camarades africains et antillais m’ont appris qu’ils ont vu à la télévision des images de violence et de trouble en Haïti dans le contexte du bicentenaire de sa Révolution. Comme Haïtien, j’éprouvais un sentiment de honte, de faiblesse et de gêne face à ces camarades pour qui la Révolution haïtienne se faisait aussi, car son idéal était de donner à l’homme noir sa dignité face à la structure raciale, raciste, coloniale et esclavagiste du monde moderne européen.
Tout ceci pour dire que la rédaction de cet article n’est pas dictée par l’actualité – d’ailleurs, je ne suis membre d’aucun parti politique - mais plutôt elle relève d’une préoccupation de longue date qui me travaille sans cesse. Cette préoccupation se transforme en une nécessité d’analyse et de réflexion pour aider à mieux comprendre ce qui ne va pas, ce qui est intolérable, ce qui est indigne de la Révolution haïtienne. En empêchant de commémorer une date nationale, les politiciens haïtiens ont banalisé la mémoire nationale, ont souillé une date sacrée et intouchable. Que l’on soit d’accord ou pas avec le pouvoir établi, il faut du respect pour le 1er janvier, pour les héros de l’indépendance. Par exemple, il serait difficile qu’en France le Parti Républicain empêche un président du Parti Socialiste de commémorer le 14 juillet, car cette date fait partie du mythe national. Cela ne se passerait pas en France, vu qu’en général les politiciens de ce pays sont de haute culture, ont une grande formation académique. La plupart d’entre eux sortent de l’Ena, où j’ai eu la chance d’étudier pendant un certain temps, malgré mon origine paysanne.
Ce qui est encore plus grave dans la difficulté à commémorer certaines dates historiques, c’est qu’il n’y a presque pas de réflexions et d’analyses sur ce problème afin de porter lesdits politiciens haïtiens à avoir une certaine conscience historique, à observer une trêve politique pour pouvoir célébrer certaines fêtes nationales, car celles-ci se situent au-delà du temps politique. Le temps politique est le temps du conflit, de l’antagonisme, et la date historique renvoie au temps du recueillement, de la méditation, de la mémoire, de l’unité nationale.
Enfin, la banalisation de certaines historiques est devenue une sorte de fait social, au sens de la sociologie d’Émile Durkheim, c’est-à-dire, un fait répétitif, contraignant et impersonnel. Il s’impose aux acteurs comme une forme de nécessité.
Les gens qui poussent à profaner certaines dates nationales agissent dans l’ignorance de l’histoire, du patriotisme, du culte des aïeux, de l’esprit démocratique, etc. Ils s’autodénigrent en montrant au monde qu’ils sont sans cervelle, sans culture sociale et politique. Car on n’éclabousse pas la fête nationale d’un peuple qu’on prétend aimer. Les manifestations contre les fêtes nationales relèvent de la tragédie, d’une crise existentielle qui devient un fait divers, une lettre à la poste.
L’incapacité à mettre en scène une date historique comme le 1er janvier (ce moment mythique du passé historique national) suppose une crise de légitimation, l’impossibilité de retrouver par le rituel le temps mythique, le temps des fondations, le retour à l’âge d’or, les hauts lieux de la mémoire nationale. Elle traduit une crise symbolique profonde qui va au-delà du fait politique. Elle exprime aussi l’absence du sens historique de la part des acteurs politiques qui empêchent la mise en scène symbolique de la mémoire collective.
Dès lors, l’échec dans la célébration du bicentenaire de l’indépendance d’Haïti en 2004 était une honte nationale, un soufflet aux héros de l’indépendance, alors que des hommes politiques ignorants, médiocres et antipatriotes s’en félicitaient, ouvrant la porte à une intervention étrangère contraire à l’idéal dessalinien.
Une date historique comme 1804 n’appartient à personne : ni au pouvoir ni à l’opposition. Elle fait partie du patrimoine immatériel de la nation haïtienne et révèle son mythe fondateur, son émergence sonore dans l’histoire universelle dans un contexte où prédominaient le racisme, le colonialisme et l’esclavagisme. Le respect dû à cette date ne doit pas faire l’objet de contestations, de combines politiques, mais d’un culte sacré. La date nation est apolitique et se trouve au-dessus des contradictions idéologiques et politiques de la société.
La révolution haïtienne de 1804 a remis en question l’ontologie raciale de la modernité basée sur la hiérarchisation raciale de l’ordre social. Elle était l’unique évènement historique que prenait le contre-pied de l’histoire moderne. Elle était tellement radicale que l’historien Rolph Trouillot soulignait qu’elle se produisait, alors qu’elle était ignorée par les puissances de l’époque.
Elle s’apparente au temps sacré échappant à toutes souillures politiciennes et politiques de tout acabit. L’incapacité de la célébration de certaines fêtes nationales traduit donc une crise symbolique, une crise ontologique, une crise d’existence, etc. Le manque de conscience historique, de formation académique, de patriotisme et de culture de la tolérance entraine que les politiciens induisent la nation dans l’erreur, dans la souillure de son passé historique, la rendant incapable de prendre conscience du caractère sacré (intouchable) de sa mémoire historique. Une telle situation interpelle la réflexion critique, au-delà de toutes appartenances politiques ou idéologiques.
De cette manière, cet article part du constat que la célébration d’une date historique par le biais de la ritualisation ou de la théâtralisation n’est pas un phénomène politique neutre. Elle est plutôt un acte politique visant à renforcer/conquérir sa légitimité à travers un dispositif visuel, scénique ou théâtral.
C’est une manière pour le pouvoir de se faire voir, de faire signe à la société, de gérer l’apparence de l’unanimité, de la légitimité et du consensus, mettant en exergue sa capacité à symboliser le lien social, à faire accepter l’ordre établi, à neutraliser les contradictions, les luttes internes, les conflits politiques qui traversent le corps social.
Si la date historique est le résultat d’un consensus national à un moment déterminé de l’histoire, sa célébration génère dans le contexte haïtien des tensions, des luttes au sein des groupes hégémoniques en raison d’une crise symbolique, d’identité nationale, de représentation du commun, du vivre-ensemble. La ritualisation d’une date historique devrait rendre possible la mise en relation entre la longue durée historique (le passé) et le flottement temporel (la conjoncture). Tout l’enjeu de sa mise en scène se trouve ballottée entre son moment structurel et l’aléa conjoncturel.
Dès lors, sa mise en scène n’est pas donnée d’avance. Elle dépend de la qualité du lien social, des représentation collectives, de la nature de la communauté politique, des relations politiques entre les forces sociales en présence. La difficulté à célébrer une date historique révèle, dans ce cas, la fragilité et la faiblesse du tissu social, la crise profonde du vivre-ensemble et l’absence d’un récit commun soudant la communauté nationale.
Signification d’une date historique
L’une des particularités des sociétés humaines est leur curieux rapport au temps. Elles imaginent toutes sortes de stratégies pour pérenniser certains événements historiques qui les marquent profondément. Face à l’écoulement du temps, elles développent leur puissance imaginaire afin de figer éternellement certains faits du passé se produisant dans des moments déterminés. Ainsi, certaines dates historiques sont-elles retenues comme faisant partie d’une forme d’identité nationale, de reconnaissance collective, de conscience d’appartenance, d’un lieu de mémoire.
Mais la signification de ce passé ne peut être saisie en dehors de son rapport avec le présent et l’avenir. Si le passé n’est plus, cela ne veut pas dire qu’il est sans consistance, sans importance, sans impact sur le présent. D’ailleurs, le présent n’existe pas sans le passé. Il en est une émanation. Le passé est ce qui structure le présent. Avec raison, Jean Paul Sartre a écrit, « le passé n’est pas rien, il n’est pas non plus le présent, mais il appartient à sa source même comme lié à un certain présent, à un certain futur ». Plus loin, le philosophe français ajoute : « Mon passé n’apparait jamais dans l’isolement de sa « passéité », il serait même absurde d’envisager qu’il puisse exister comme tel : il est originellement passé de ce présent. C’est là qu’il faut élucider d’abord. »
Dès lors, une date historique est une « mise en scène », une « mise en sens » et une « mise en forme » du rapport au passé. Elle fait émerger la puissance, la vitalité et le dynamisme du passé dont l’essence continue d’imprimer sa marque sur le présent. La date historique révèle ainsi le sentiment d’appartenance à une communauté nationale dont la signification lui est fournie par la conscience historique commune. Elle invite à théâtraliser la vie collective à travers la célébration rituelle, habituelle, factuelle et continue d’un certain moment du passé.
La date historique solidifie voire statufie un moment fugace et une expérience vive du passé. Elle devient alors la « métaphore vive » d’une unité nationale qui converge tous les membres d’une communauté vers une conscience intime et commune du temps absent. Elle est pour cela le produit d’un discours et/ou d’un consensus national sur un passé qui le transforme en un lieu de mémoire, voire en un patrimoine national immatériel échappant aux déterminations du temps et de l’espace.
Elle devient ainsi essence, pureté, densité et symbole d’une conscience collective qui ne peut souffrir d’aucune appropriation politique. Autrement dit, elle n’appartient à aucune chapelle politique, ni ne peut être l’objet d’une manipulation politicienne. Elle échappe à la souillure du quotidien, aux conflits d’intérêt, aux luttes pour le pouvoir. Car elle plane dans le ciel des idées pures, en ce que son essence échappe à toutes formes de perversion que le changement pourrait affecter.
Elle est en théorie ce qui devrait contraindre les membres d’une communauté politique à observer un cessez-le-feu ou une trêve pour entrer dans une profonde méditation sur la signification du vivre-ensemble. Elle devrait faire émerger la haute politique, celle qui renvoie aux mythes profonds de la nation. Le philosophe allemand Car Schmitt définit l’essence du politique par l’antagonisme entre l’ami et l’ennemi, ce qui implique l’idée du polemos, du conflit, de la lutte qui caractérise la communauté politique. Les théories politiques d’Ernesto Laclau, de Hannah Arendt, de Jacques Rancière, considèrent le conflit, le dissensus, la mésentente comme le trait dominant de l’univers politique. En apposition à un tel horizon de pensée, une date historique implique l’effacement de cette figure du politique pour faire émerger une temporalité post-conflictuelle, post-politique, car elle est issue d’un consensus sur la signification de la vie en commun.
La date historique est un signe, un vecteur d’identité collective, un mouvement profond de la conscience collective qui fige dans une essence atemporelle un moment déterminé du passé historique. Elle permet à une communauté de retrouver son unité perdue, sa foi dans les compromis politiques, son respect des valeurs du passé, les limites de ses actions politiques, sa capacité à se dépasser, à reconnaitre qu’il y a des limites à l’action politique, etc.
Elle lutte contre l’usure et la puissance destructrice du temps. Elle inscrit une communauté dans une sorte d’éternité et lui rappelle que le passé ne passe pas, qu’il est sur place et impose respect, adoration, célébration, commémoration, valorisation, recueillement, réflexion, méditation, etc.
Une date historique travaille une communauté nationale comme le deuil, conçu comme le chemin obligé du souvenir, mais aussi comme un devoir de mémoire. Elle parvient à réconcilier l’histoire et la mémoire.
Elle regarde à la fois vers le passé, le présent et l’avenir. Pour elle, le passé fut un moment d’intenses émotions collectives qui bouleversaient la communauté à un moment déterminé. Le présent, comme lieu de recueillement, de méditations sur ces émotions. Et l’avenir comme cadre de construction d’un projet collectif sur ces émotions.
C’est pourquoi la date historique est née du consensus, d’une entente entre les membres d’une communauté nationale. Elle s’apparente au sacré, en ce qu’elle impose respect. Elle est proche de l’univers religieux défini par l’opposition entre le sacré et le profane, selon Émile Durkheim. Ce sociologue français souligne que ce qui fait la particularité de la religion est la distinction entre l’univers profane et l’univers sacré. Ce dernier impose aux croyants des restrictions dans son comportement quotidien. Le célèbre ramadan des musulmans est un exemple patent. Durant le mois du ramadan, le musulman observe une restriction dans sa conduite. Il sait qu’il appartient à un univers plus puissant que lui, qui l’oblige intérieurement au respect de sa religion.
Problème de légitimation
L’effectivité d’une date historique passe par sa ritualisation ou sa théâtralisation par le pouvoir existant. Sans cette mise en scène, la date historique demeure sans consistance, sans portée symbolique. Or, toute mise en scène est un acte politique. Elle permet au pouvoir de se justifier, de se renforcer, d’impacter l’imaginaire collectif. Le moment de la mise en scène permet au pouvoir de mettre en veilleuse les contradictions, les fractures de l’ordre social et de consolider sa légitimation politique.
Le pouvoir n’existe pas ou devient faible en dehors de la légitimation. Celle-ci est le processus par lequel le corps social reconnait le pouvoir établi. L’acceptation d’un pouvoir ne va pas de soi. Elle suppose une opération de légitimation, par laquelle il obtient le consentement du corps social. Cela signifie que la légitimation n’est pas une substance, une donnée, mais plutôt un processus, une conquête constante. Elle est liée à un travail d’accréditation et de ressourcement. Sans la légitimation, le pouvoir manque de stabilité, de reconnaissance sociale. La légitimité du pouvoir rend possible la stabilité de l’ordre social. Elle n’est pas une essence, comme la légalité. Elle dépend des circonstances, de l’évolution sociale, de la mise en scène du pouvoir. En dehors de la légitimité, le pouvoir s’expose à des tensions, des turbulences. La légitimité renvoie à l’aspect sociologique du pouvoir.
Ce que nous constatons en Haïti, c’est que les autorités politiques sont confrontées à un problème de légitimité, au moment de vouloir commémorer certaines dates historiques. Ou du moins, une large frange de l’opposition s’efforce par tous les moyens d’empêcher toute forme de commémoration venant des autorités établies.
La mobilisation contre la commémoration des fêtes nationales de la part des partis de l’opposition révèle une certaine désacralisation du passé historique lié à ces fêtes. Ces dernières deviennent des enjeux de lutte pour le pouvoir, au lieu de fédérer les consciences, de construire un espace de recueillement collectif, de méditation nationale sur l’importance du passé historique. Essentiellement, la crise liée à la commémoration des dates historiques est plus qu’une crise de légitimité ; elle renvoie plutôt à une crise symbolique, d’identité nationale, de la conscience collective.
Crise symbolique
L’incapacité à commémorer les dates historiques ou les fêtes nationales est l’expression d’une crise symbolique traversant la communauté nationale. Autrement dit, le problème de la célébration des dates historiques en Haïti n’est pas un simple fait politique, ni un fait divers. Elle traduit un malaise profond, une crise symbolique liée aux structures profondes de l’imaginaire collectif national, etc. Une date historique comme celle du 1er janvier ne peut pas faire négociation ou combines politiques pour sa mise en scène nationale, comme vous l’avons dit antérieurement.
Elle met en relation le passé et le présente à travers la mémoire. Elle devient donc un lieu de mémoire, la continuité du passé dans le présent, la persistance du temps primordial, de temps de l’origine dans le devenir historique de la société. La date historique révèle la cohésion du lien social, la structure symbolique qui lie les membres de la communauté. Elle invite la communauté nationale à poursuivre les grandes actions du passé à travers la commémoration. « Commémorer, c’est faire le choix d’un commencement et le consacrer comme modèle d’avenir », selon Mondher Kilani.
La date historique est une comme une structure symbolique, un code de signification qui oriente les attitudes, les comportements sociaux. Elle est un signal, un modèle à suivre, etc. En effet, la crise symbolique surgit au sein d’une communauté quand elle est incapable de suivre le fil conducteur de son lieu de mémoire (défini par le Grand Robert de la langue française comme étant « Unité significative, d’ordre matériel ou idéel, dont la volonté des hommes ou le travail du temps a fait un élément symbolique d’une quelconque communauté »), de son modèle fondateur, exemplaire, significatif, etc.
La dimension symbolique de la date historique renvoie à une toile d’araignée de significations, de représentations sociales qui fournit un ensemble de codes à la communauté nationale. Le code suppose un accord sur certaines significations ou représentations collectives qui traversent la société et qui guident les sujets sociaux. La date historique considérée comme code symbolique fournit une logique et une grammaire de représentations collectives pour que les membres de la société se reconnaissent et s’identifient comme faisant partie d’un même destin national.
Le code symbolique est donc producteur de sens, de significations, de représentations, d’idées sur le passé, sur le présent et éventuellement sur l’avenir. Le code symbolique fournit à la communauté nationale ce que le linguiste Roman Jakobson appelle des « possibilités préconçues et des représentations préfabriquées ». Il rend possible la sémiosis sociale, la production collective du sens, la logique de reconnaissance et d’interconnaissance.
La crise symbolique provoquée par l’incapacité è commémorer des dates historiques est l’expression d’une rupture profonde, d’une absence de lien symbolique, d’une crise de l’être national. Elle révèle que la communauté nationale est sans âme, sans substance, sans vitalité. Elle montre que cette communauté traverse une zone de hautes turbulences ontologiques, en ce sens qu’elle navigue sur le vide spirituel et symbolique et est privée d’un modèle mythique de significations et de représentations collectives.
En d’autres termes, cette incapacité à commémorer des dates historiques met à nu l’inexistence d’une communauté nationale. Dans la modernité, la formation des nations est liée à des mythes fondateurs, des mythes de l’origine. Aucune société, aucune nation ne s’est constituée en dehors des mythes de genèse, de l’origine. Malgré la diversité des théories du contrat social, la formation de l’État, de la nation présuppose une base culturelle, mythique, symbolique et spirituelle.
La dimension symbolique de la nation n’est pas un acte volontaire, mais plutôt le produit des codes symboliques socialement partagés et rituellement commémorés. Parmi les éléments qui favorisent la communauté du semblable se trouve la date historique. Elle se situe au-delà du politique, du conflit et des tensions sociales. Elle produit au sein de la communauté une forme de conscience historique, d’identification nationale voire d’identité nationale.
Ce qui précède nous porte à déduire que la crise liée à la commémoration des dates historiques en Haïti est surtout une crise symbolique, plutôt qu’une crise de légitimité politique. Cette dernière est passagère et dépend de l’évolution du rapport entre le pouvoir et la société. Pourtant, l’incapacité à commémorer les dates historiques révèle une crise de sens, d’identité, de valeurs, de solidarité, d’historicité, etc. Elle traduit aussi que les prétendues élites politiques n’ont aucun respect pour le patrimoine immatériel de la nation et aucune attache au passé glorieux de la communauté nationale.
*Docteur en Études Latino-Américaines
Contact : glodelmezilas25@gmail.com