P-au-P, 19 janv. 2022 [AlterPresse] --- Le Réseau national de défense des droits humains (Rnddh) appelle le Conseil supérieur du pouvoir judiciaire (Cspj) à ouvrir une enquête sur le comportement du magistrat Garry Orélien, qui était en charge, jusqu’au 18 janvier 2022, du dossier de l’ancien président de facto Jovenel Moïse, assassiné le 7 juillet 2021, dans une correspondance adressée aux membres du Cspj et dont a pris connaissance l’agence en ligne AlterPresse.
« Dès sa désignation à titre de magistrat instructeur, Garry Orélien a pris contact avec des personnes, contre lesquelles des mandats d’amener ont été émis par le parquet de Port-au-Prince. Il leur a demandé, à chacune d’elles, de lui verser jusqu’à 50 mille dollars américains pour l’annulation de ces mandats d’amener », dénonce le Rnddh.
L’organisme de défense des droits humains appelle le Cspj à prendre, à l’encontre du juge, les sanctions qui s’imposent, dont le remboursement, immédiat et au centime près, des montants indûment acquis.
« Un ancien directeur général de la Police nationale d’Haïti (Pnh) a versé deux millions (2,000,000.00) gourdes au magistrat instructeur Garry Orélien pour être auditionné par ce dernier », selon le Rnddh.
« Le jour de son audition, soit le 16 décembre 2021, il s’est présenté au Tribunal de première instance de Port-au-Prince, accompagné de cinquante-trois (53) agents de la Police nationale d’Haïti (Pnh) et pas moins de sept (7) véhicules, car, en dépit du versement de ce montant faramineux, rien ne lui garantissait que le magistrat n’allait pas décider de l’arrêter », poursuit-il.
Au moins l’un des quatre (4) policiers, libérés en date du 3 janvier 2022 par le juge Garry Orélien, dans le cadre du dossier, à savoir Paul Eddy Amazan, Wilner Cangé, Cedernier Cicéron et Jacques Sincère, a versé vingt-cinq mille (25,000.00) dollars américains au magistrat.
« Aucune commission rogatoire n’a été acheminée à la Dcpj, ni aucune instruction judiciaire n’a été menée par le magistrat Garry Orélien, à part quelques auditions consenties par ce dernier et le transport de la chambre criminelle sur les lieux du crime, à grand renfort de publicités », fustige le Rnddh.
Il rappelle aussi au Cspj que le greffier Elysée Cadet, attaché au magistrat Garry Orélien, avait affirmé à l’un des responsables de l’entreprise « Rj Rent a Car » que le magistrat instructeur annulera le mandat d’amener et l’interdiction de départ, qui avaient été émis à son encontre, s’il accepte de passer un véhicule à son nom.
Le greffier a fourni, par message WhatsApp au responsable de l’entreprise, les spécifications du véhicule qu’il veut avoir, y compris sa copie de son permis de conduire pour le transfert en question.
Une demande de prorogation de délai, formulée le 7 janvier (2022) par le magistrat Garry Orélien, pour continuer d’instruire le dossier d’assassinat de Jovenel Moïse, a été rejetée par le doyen du tribunal de première instance de Port-au-Prince, Me. Bernard Sainvil.
Le Réseau national de défense des droits humains a également critiqué le laxisme du magistrat instructeur dans ce dossier. [mj emb rc apr 19/01/2022 15:40]