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Haïti-Crise : Le 7 février à venir, un momentum ?

Par Gotson Pierre

P-au-P., 18 janv. 2022 [AlterPresse] --- Le 7 février prochain, date à laquelle l’ancien président Jovenel Moïse, assassiné en juillet 2021, prévoyait de laisser le pouvoir, représenterait-il un momentum pour un début de solution à la crise politique ?

A cette date, il aurait bouclé une année supplémentaire après la fin constitutionnelle de mandat le 7 février 2021, une échéance contestée par Moïse et ses partisans, contribuant ainsi à aiguiser la crise.

De nombreuses propositions de sortie de crise ont alors vu le jour, avant et après l’assassinat de l’ex président. Parmi les principales, figure l’Accord politique pour une gouvernance apaisée et efficace, signé le 11 septembre 2021, par le premier ministre de facto Ariel Henry et une frange de l’ancienne opposition. Ce document, publié dans le journal officiel Le Moniteur, est considéré par les signataires de fondement à l’actuel gouvernement.

Il y a également le Protocole d’entente nationale-Pen (9 juillet 2021), porté par d’autres secteurs d’opposition et l’Accord de Montana (30 aout 2021), une initiative de la société civile rejointe par des partis politiques.

La présidence de la transition

Une des particularités de l’Accord de Montana, qui prône une « transition de rupture » dirigée par un pouvoir bicéphale, est qu’il prévoit un processus électoral au second degré.

Deux acteurs de cet accord se sont portés candidats à la présidence provisoire : l’économiste Fritz Jean, ancien gouverneur de la banque centrale, et l’ingénieur Edgar Leblanc Fils, coordonnateur du parti politique Organisation du peuple en lutte (Opl).

Il y a là trois pôles, dont deux se sont, entretemps, rapprochés : Pen et Montana, s’entendant récemment sur une présidence collégiale pour la transition. De ce fait, l’élu de Montana deviendrait un membre d’un éventuel collège présidentiel.

C’est en parallèle que se tient le Sommet de l’unité haïtienne en Louisiane (États-Unis, 14-17 janvier 2022), une initiative de certaines organisations de la diaspora, qui s’est proposée de synthétiser toutes les propositions, afin de parvenir à un accord unique.

Le nom de Fritz Jean a encore émergé de ces assises. L’intéressé a salué le choix fait de lui par les participantes et participants à la rencontre de Louisiane et a fait part, en même temps, de son attachement à Montana.

Consensus politique nécessaire.. mais compliqué

Il faudra définitivement un large consensus pour sortir de la crise, qui dure depuis des années. Car les rapports de forces ne permettent qu’aucun des secteurs en présence s’impose au pouvoir, alors qu’on se trouve totalement en dehors de la constitution.

Le défi, c’est de s’accorder sur un plan de transition, tandis que la date du 7 février 2022 approche à grands pas. A ce moment, un sérieux problème de légitimité pourrait se poser pour Ariel Henry, qui a été nommé par Jovenel Moïse juste avant son assassinat. Des voix s’élèvent déjà pour contester le maintien d’Ariel Henry à la primature, après le 7 février 2022.

Le chef du gouvernement réitère, de son coté, son appel au dialogue, mais affirme, dans un tweet, qu’ « il n’y aura pas de président au palais national avant les élections ».

« Le temps n’est pas aux querelles de chapelle, ni aux luttes fratricides pour la conquête d’un pouvoir éphémère. Dans cette conjoncture difficile, nous ne pouvons pas nous engager dans le jeu de chaise musicale à la tête de l’État », met en garde Ariel Henry.

Mais, les propos du premier ministre de facto suscitent des interrogations, lui dont la présence au timon des affaires, depuis le 20 juillet 2021, est considérée, pour le moins, irrégulière. [gp apr 18/01/2021 08:00]