P-au-P., 06 juil. 05 [AlterPresse] --- Le Conseil Electoral Provisoire (CEP) a inauguré ce 6 juillet un centre d’enregistrement des électeurs au siège de la compagnie des Télécommunications d’Haïti (TELECO) à Pont Morin (bloc est de Port-au-Prince) en présence du Secrétaire général de l’Organisation des Etats Américains (OEA), le chilien José Miguel Insulza.
L’inauguration d’un centre d’inscription dans une institution aussi fréquentée que la TELECO permettra certainement à un plus grand nombre d’électeurs de se faire inscrire, selon le président du CEP, Max Mathurin. Le Conseil travaille activement en vue de la mise en place des 424 bureaux pour boucler l’inscription des 4.5 millions d’électeurs et d’électrices au milieu du mois de juillet, a affirmé Mathurin.
Le président du CEP a salué le soutien des organisations nationales et internationales, particulièrement l’OEA « qui contribuent à l’avancement du processus dans l’opération d’enregistrement des électeurs ».
« Grâce à l’appui technique de l’OEA, à travers sa mission spéciale, le processus d’inscription des électeurs qui permettra de constituer le registre électoral et qui débouchera sur la constitution d’un registre d’état civil a démarré depuis deux mois. Bientôt, les électeurs haïtiens pourront se doter d’une carte d’identification nationale fiable », a-t-il fait savoir.
Mathurin a estimé que la montée de l’insécurité à Port-au-Prince, le manque d’infrastructure et d’une bonne coordination entre les divers opérateurs empêchent au processus d’inscription d’atteindre sa vitesse de croisière. Cependant, a-t-il dit, « l’engouement dont font preuve les électeurs dans divers endroits du pays est des plus encourageants et vient nous conforter dans la conviction que la population est consciente de l’importance des prochaines compétitions électorales ».
Le numéro un du Conseil Electoral Provisoire a profité de la présence du Secrétaire général de l’organisation hémisphérique pour renouveler l’engagement de son institution de mener à bien la machine électorale. En outre, il a annoncé pour le dimanche 17 juillet la tenue d’une journée nationale d’inscription des électeurs et électrices dans 12 sites des dix départements géographiques du pays. Cette activité de « sensibilisation massive » a reçu l’appui du Ministère de la Condition Féminine et des Droits de la Femme ainsi que celui des organisations féministes oeuvrant dans le pays.
« Par cette initiative, nous entendons encourager un plus grand nombre de femmes à se faire inscrire dans une ambiance civique et festive », a renchéri Max Mathurin.
« Nous sommes intéressés à la journée nationale d’inscription électorale le 17 juillet (...) et nous espérons qu’après cette journée tous les citoyens, de nombreux citoyens décident que c’est le temps de se faire enregistrer », a indiqué José Miguel Insulza.
Le haut responsable de l’organisation hémisphérique a réaffirmé la volonté de la communauté internationale de créer des conditions propices à la tenue des élections dans le pays à la fin de l’année.
« Nous voulons travailler avec vous, avec le gouvernement et les autres institutions internationales en vue d’assurer un climat de paix et de sécurité » le jour même des élections », a déclaré Miguel Insulza. La démocratie, pense-t-il, est très pratique et pour la consolider en Haïti, la participation de tout un chacun s’avère nécessaire.
Des membres de l’électorat haïtien se montrent très sceptiques et doutent de la capacité des autorités actuelles à réaliser des élections crédibles, libres et démocratiques dans le pays dans le délai prévu.
Jusqu’à ce mercredi 6 juillet, le Conseil Electoral Provisoire n’est pas en mesure de faire une évaluation réelle du nombre d’électeurs et d’électrices déjà enregistrés sur les registres électoraux. La semaine dernière, le chiffre de 200 mille inscrits était avancé, ce qui correspond à environ 4% des électeurs.
« Nous n’avons pas le chiffre exact. Nous aurons à faire une tournée dans les provinces pour pouvoir avoir une évaluation définitive », a déclaré à AlterPresse le conseiller Pierre Richard Duchemin.
La semaine dernière, le conseiller Rosemond Pradel avait indiqué à AlterPresse que l’institution se donnait pour limite le mois d’août pour terminer les opérations d’enregistrement.
Jusqu’à présent plusieurs personnalités politiques ont annoncé publiquement leur décision de se porter candidats à la présidence, dont le professeur Leslie Manigat du Rassemblement des Démocrates Nationaux Progressistes (RDNP), Evans Paul du parti Konvansyon Inite Demokratik (Convention de l’Unité Démocratique, KID) et Serge Gilles du Parti Fusion des Sociaux-démocrates Haïtiens.
On compte aussi le pasteur Luc Mésadieu du Mouvement Chrétien pour une Nouvelle Haïti (MOCHREHA), le pasteur Chavannes Jeune de l’Union Nationale Chrétienne pour la Reconstruction d’Haïti (UNCRH), Guy Philippe du Front pour la Reconstruction Nationale (FRN), Bonivert Claude du Parti Social Rénové (PSR) et l’ancien bâtonnier de l’ordre des avocats de Port-au-Prince, Rigaud Duplan.
17 partis politiques, y compris le parti Fanmi Lavalas de l’ex-président Jean Bertrand Aristide, ont paraphé un document intitulé « code de conduite électorale », dans lequel ils s’engagent à utiliser la voie légale et pacifique pour accéder au pouvoir et à bannir l’utilisation des armes, l’agression physique, la calomnie, la corruption et le discours discriminatoire lors des scrutins de 2005.
Sur un budget de 60.7 millions de dollars américains, 46.6 millions ont été décaissés par les Etats-Unis, le Canada et l’Union Européenne. [do apr 06/07/05 14 : 36]