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Haïti-Politique : Le poids d’une liste

P-au-P, 13 déc. 2021 [AlterPresse] --- Ainsi, l’ancien président de facto Jovenel Moïse aurait été assassiné, le mercredi 7 juillet 2021, en sa résidence privée à Pèlerin 5 (est de la capitale), à cause d’une liste.

Il travaillait sur un répertoire de puissants politiciens et hommes d’affaires impliqués dans le trafic de drogue en Haïti, révèle une enquête publiée par le journal américain The New York Times, consultée par l’agence en ligne AlterPresse.

Moïse aurait eu l’intention de remettre le dossier au gouvernement américain, selon quatre hauts conseillers et responsables haïtiens chargés de rédiger le document.

« Le président avait ordonné aux responsables de n’épargner personne, pas même les puissants qui l’avaient aidé à prendre ses fonctions », ont-ils déclaré, selon ce que rapporte The New York Times. On n’en sait pas plus.

C’est l’une des nombreuses mesures contre les trafiquants de drogue présumés qui pourraient expliquer le motif de l’assassinat, poursuivent-ils.

Le crime

Arrivés sur les lieux du crime, les enquêteurs judiciaires ont trouvé le bureau de Moïse saccagé et des papiers éparpillés partout.

Récupérer la liste sur laquelle travaillait Moïse – avec les noms de trafiquants de drogue présumés – était une priorité absolue, ont avoué, lors des interrogatoires, certains des tueurs à gages capturés, selon trois hauts responsables haïtiens au courant de l’enquête, cités par le journal.

The New-York Times a également fait mention du témoignage de Martine Moïse, blessée lors de l’attaque. Elle aurait été laissée pour morte.

Selon elle, les assaillants se sont mis à fouiller précipitamment la pièce et dans ses dossiers. “C’est ça”, ont-t-ils dit au bout d’un moment avant de prendre la fuite, a-t-elle raconté au New York Times lors de sa première interview après l’assassinat, ajoutant qu’elle ne savait pas ce que les tireurs avaient dérobé.

Figurerait principalement sur la liste de Moïse le nom d’un homme d’affaires haïtien, Charles Saint-Rémy, appelé Kiko, soupçonné par la ’’Drug Enforcement Administration’’ des États-Unis d’être impliqué dans le trafic de drogue, ont indiqué deux des responsables haïtiens chargés d’aider à rédiger le dossier.

Saint-Rémy est le beau-frère de l’ancien président Michel Martelly, qui a sorti Moïse de l’obscurité politique et l’a choisi pour lui succéder, souligne l’article.

Drogue, politique...

Martelly, qui envisage une autre candidature à la présidence, et Saint-Rémy n’ont pas répondu à une liste détaillée de questions pour cet article, révèle le journal américain.

Martine Moïse a également annoncé, après l’assassinat de son mari, son intention de se présenter aux prochaines présidentielles, confirmant des rumeurs qui circulaient bien avant le meurtre.

The New York Times indique avoir mené son enquête dans huit des 10 départements et interviewé plus de 70 personnes dont des fonctionnaires d’Etat.

Une piste parmi d’autres ?

Les conclusions de l’enquête du New-York Times seraient-elles susceptibles de faire écarter d’autres pistes dans ce qui apparait comme un vaste complot transnational ?

Environ une quarantaine de personnes suspectes dont une douzaine de policiers haïtiens et 18 militaires colombiens ainsi que des Haïtiens-Américains sont actuellement détenues dans le cadre de l’enquête sur l’assassinat de Jovenel Moïse.

Les auditions de trois anciens hauts fonctionnaires sont prévues, du 13 au 16 décembre 2021, au cabinet du juge d’instruction Garry Orélien, dans le cadre de ce dossier d’assassinat.

Il s’agit de l’ex-ministre de la justice et de la sécurité publique, Rockfeller Vincent, celui des affaires étrangères et des cultes, Claude Joseph, également ex-premier ministre et l’ancien directeur général de la Police nationale d’Haïti (Pnh), Léon Charles. [emb gp apr 13/12/2021 10 :10]