P-au-P, 09 déc. 2021 [AlterPresse] --- Le premier ministre de facto, Ariel Henry, encourage les organes de contrôle et d’enquête, en particulier l’Unité de lutte contre la corruption (Ulcc), « à décupler leur énergie dans la bataille contre la corruption », lors d’une cérémonie, organisée le 9 décembre 2021, à Port-au-Prince, pour marquer la Journée internationale de lutte contre la corruption, et dont a pris connaissance l’agence en ligne AlterPresse.
Les maigres ressources, dont dispose l’État, doivent être mises au service des plus vulnérables du pays, souhaite-t-il.
Le premier ministre de facto a exprimé cette position après avoir effectué un ajustement à la hausse des prix du carburant, qui entreront en vigueur ce vendredi 10 décembre 2021.
Ariel Henry estime que le moment est venu pour que la justice arrête les corrupteurs et les corrompus qui se trouvent notamment au niveau de la douane, de la Direction générale des impôts (Dgi), de l’immigration, de l’Office d’assurance véhicules contre tiers (Oavct) et de l’Autorité portuaire nationale (Apn).
Il invite les Haïtiennes et Haïtiens à dénoncer les actes de corruption et à soutenir l’État pour le bien-être de la collectivité, « car notre avenir et celui des générations futures en dépendent », dit-il.
La lutte contre la corruption n’aboutira pas, si les autorités ne restaurent pas le système judiciaire haïtien, met-il en garde.
Depuis quelques temps, le système judiciaire fonctionne au ralenti en Haïti.
Une situation de paralysie persiste au niveau de plusieurs juridictions du pays, particulièrement celle de la Grande-Anse (une partie du Sud-Ouest d’Haïti).
Au niveau de la justice, plusieurs dossiers d’assassinats, comme celui du bâtonnier de l’ordre des avocats, Me. Monferrier Dorval, restent toujours pendants.
« Aujourd’hui, nous savons que la corruption nous empêche de construire de bonnes écoles, des centres de santé, des routes et des ponts… Je prends l’engagement avec mon gouvernement de combattre la corruption et les gaspillages au sein de l’État qui n’a déjà pas suffisamment de moyens. Nous devons bien gérer nos ressources », souligne Ariel Henry.
Il exhorte les hauts fonctionnaires et les agents publics à s’engager davantage pour briser la chaîne de la corruption, tout en appelant tous les administrateurs d’État, à faire siennes les valeurs d’éthique, d’honnêteté, de transparence et de probité.
« Il est inconcevable d’envisager le développement durable, si nous ne tâchons pas d’abord d’assainir et de moraliser l’administration publique ».
Le premier ministre de facto souligne combien la lutte anti-corruption « marche de pair avec la stabilité politique, le progrès économique, la sécurité dont nous avons tous besoin ».
« La lutte contre la corruption, à laquelle nous sommes conviés, doit être celle de toute la nation, celle des femmes et des hommes soucieux de voir et de contribuer à améliorer les conditions de vie et à renverser la tendance et la perception d’un pays où règnerait la corruption », conclut-il.
Beaucoup doutent de la volonté réelle du pouvoir de facto en place de freiner la corruption.
Le dossier PetroCaribe de l’aide vénézuélienne à Haïti, qui a soulevé un tollé dans le pays, n’a toujours pas abouti à un procès.
Dans une ordonnance de juin 2021, Ramoncite Accimé avait déclaré surseoir à l’instruction sur le dossier PetroCaribe.
Il a évoqué l’absence d’arrêts de débet de la Cour supérieure des comptes et du contentieux administratif (Cscca) et de décisions du parlement, qui empêcheraient le déroulement de l’enquête.
Les avocats du Réseau national des plaignantes et plaignants PetroCaribe, avaient fait appel, le jeudi 24 juin 2021, de l’ordonnance du juge, qui aurait blanchi « malicieusement » les dilapidateurs des milliards de dollars américains des fonds PetroCaribe, a indiqué l’un des avocats du réseau, Me. Marc-Antoine Maisonneuve.
Trois rapports de la Cscca, publiés, entre janvier 2019 et août 2020, ont indexé plusieurs hauts dignitaires de l’État - comme des premiers ministres, d’anciens ministres, d’anciens directeurs généraux - et des responsables de firmes de construction, dans la mauvaise gestion de plusieurs milliards de dollars américains des fonds publics PetroCaribe de l’aide vénézuélienne à Haïti. [apr 09/12/2021 16:20]
Photo : Primature