P-au-P, 03 déc. 2021 [AlterPresse] --- Du dimanche 19 septembre à fin novembre 2021, plus de 12 mille migrantes et migrants ont été rapatriés des États-Unis d’Amérique dans des conditions infrahumaines, indique à AlterRadio/AlterPresse le Service Jésuite aux migrants (Sjm).
Parmi ces migrants, 25% sont des femmes, alors que 9% sont des enfants, précise le Père Levelt Michaud, directeur du Sjm, dans un entretien à AlterPresse.
Beaucoup d’entre eux ont passé deux ou trois semaines en prison, où ils couchaient à même le sol, sans avoir droit à se doucher, selon les témoignages des victimes rapportés par Michaud.
Une fois arrivés à l’aéroport international à Port-au-Prince, les déportés ont reçu, chacun, 12 mille gourdes (Ndlr : US $ 1.00 = 100.00 gourdes ; 1 eur0 = 112.00 gourdes ; 1 peso dominicain = 1.80 gourde aujourd’hui) des autorités.
« Les personnes ont été déportées, avec menottes aux mains, aux pieds et autour de la ceinture, comme des bandits de grands chemins. La seule chose, dont elles étaient coupables, c’était de chercher à trouver un endroit où elles pourraient vivre mieux », déplore le directeur du Sjm.
Ces expulsions de milliers de migrantes et de migrants haïtiens, de la part de l’administration du président américain, Joseph Robinette Biden, dit Joe Biden, jugées inhumaines, ont suscité une vague indignation dans le monde.
« Par rapport à celles et ceux, qui ont déjà franchi la frontière mexicaino-américaine, les autorités haïtiennes doivent trouver une entente avec les autorités de ces deux pays, pour éviter les déportations des migrantes et migrants, et les insérer dans la communauté où ils se trouvent », recommande Jean Anthony Bazile, responsable de programmes et recherche de financements au Sjm.
Le Service Jésuite aux migrants accompagne 40 familles, parmi les 12 mille migrants rapatriés, à travers un appui psychologique.
Dans la zone frontalière avec la République Dominicaine, la violence à l’égard des femmes haïtiennes se caractérise beaucoup plus par des bastonnades, relève le Sjm.
Arbitrairement arrêtées dans des hôpitaux publics, qui leur prodiguaient des soins appropriés, plusieurs dizaines de femmes enceintes haïtiennes ont été expulsées de la République Dominicaine, au cours du mois de novembre 2021.
La Commission interaméricaine des droits humains (Cidh) a dénoncé les expulsions de femmes enceintes haïtiennes en République Dominicaine, dans un communiqué, en date du 1er décembre 2021.
La Cidh appelle l’État dominicain à garantir l’accès aux mécanismes de protection et aux services de santé reproductive.
En réaction, le Ministère dominicain des affaires étrangères a exprimé son « ferme rejet de la prétention irresponsable » du gouvernement haïtien et de la communauté internationale de placer la solution des problèmes haïtiens sur les épaules des autorités dominicaines. [dj emb rc apr 03/12/2021 10:50]