P-au-P, 02 déc. 2021 [AlterPresse] --- À travers une exposition de photos à la bibliothèque du centre culturel Pye Poudre, à Port-au-Prince, l’organisation féministe Mariján, a rendu hommage, ce jeudi 2 décembre 2021, à 11 femmes haïtiennes victimes de féminicides, de janvier à août 2021, dans le cadre de la campagne des 16 jours d’activisme contre la violence basée sur le genre, a observé l’agence en ligne AlterPresse.
Lumière tamisée, musique de circonstance à volume réduit et des ballons gonflables mauves sur les murs, au fond d’une petite salle rectangulaire : tel était le décor de l’exposition, qui offrait le spectacle d’un espace sombre.
Il y a aussi des affiches d’une dizaine de femmes placardées au mur, accompagnées de leurs biographies, ainsi que des pancartes portant des messages pour dénoncer ce phénomène de violences meurtrières d’hommes, qui continue de faire des victimes parmi les femmes.
Sur le sol, plusieurs bougies sont allumées pour éclairer 11 petites pierres tombales en bois, de couleur noire.
Sur chacune de ces pierres, portant le nom et l’âge d’une victime, est inscrite « je ne voulais pas mourir », un message qui suscite l’émotion.
Tiye yon fanm pa gen okenn rapò ak lanmou, se zak kanibal (Tuer une femme n’a rien avoir avec l’amour, c’est du cannibalisme) ; Ou agrese l, ou maltrete l jouk ou touye l l (Tu l’as agressée, maltraitée jusqu’à lui ôter la vie) ; Asasen ou ye ! (Tu es un assassin) ; Si nou pa fèt fanm, ebyen nou mouri fanm (Si nous ne naissons pas femmes, alors nous mourrons femmes) », pouvait-on y lire.
« Nous voulons montrer aux femmes que, si elles ne prennent pas une décision, lorsqu’elles se trouvent dans une mauvaise position, elles finiront ici », met en garde Vanessa Valcius, coordonnatrice de programmes à l’organisation féministe Mariján.
Elle souhaite que ces crimes soient les derniers qu’on puisse compter, tout en appelant les hommes à mettre fin à leurs violences envers les femmes.
L’organisation féministe Mariján dénonce également l’impunité, qui est également à l’origine de ces violences.
Rendre hommage à ces femmes constitue un moyen, pour l’organisation féministe Mariján, d’encourager des mesures préventives contre ces types de violences, explique, pour sa part, la formatrice Gabrielle Jovania Pierre, responsable du volet sensibilisation.
Ces photos ont été exposées sur autorisation des familles des victimes.
« C’est la phase la plus dure du travail, contacter les familles », en commençant par celle de Sherley Monfort, jeune fille âgée de 20 ans, assassinée le 1er janvier 2021, confie Vanessa Valcius.
Sherley Monfort a été tuée à coups de couteau dans le quartier de Canapé Vert par son amant Zendeng Chérestal. Ce dernier a été recherché par la police, puis remis à la police par son père.
À la Direction centrale de la police judiciaire (Dcpj), Zendeng Chérestal était passé aux aveux, en présence de la presse.
Cette exposition de photos est réalisée à l’occasion de la campagne des 16 Jours d’activisme, qui a débuté le jeudi 25 novembre 2021, journée internationale pour l’élimination de la violence faite aux femmes, pour prendre fin le vendredi 10 décembre 2021, journée internationale des droits humains. [mj emb rc apr 02/12/2021 16:30]