P-au-P, 1er déc. 2021 [AlterPresse] --- La Commission interaméricaine des droits humains (Cidh) dénonce les expulsions de femmes haïtiennes enceintes en République Dominicaine, dans un communiqué,en date du 1er décembre 2021, dont a pris connaissance l’agence en ligne AlterPresse.
La Cidh appelle l’État dominicain à garantir l’accès aux mécanismes de protection et aux services de santé reproductive.
Les migrantes et migrants ont le droit de recevoir les mêmes soins médicaux que les nationaux, y compris en matière de santé sexuelle et reproductive, rappelle la Cidh.
En réaction aux dénonciations de la Cidh, concernant les déportations de femmes haïtiennes enceintes, le Ministère dominicain des affaires étrangères a exprimé son « ferme rejet de la prétention irresponsable » du gouvernement haïtien et de la communauté internationale de placer la solution des problèmes haïtiens sur les épaules des autorités dominicaines.
« Il n’y aura jamais de solution dominicaine à la situation haïtienne », a-t-il réitéré.
Cependant, la Cidh exhorte l’État dominicain à « respecter le principe de non-refoulement et à assurer la protection effective de la population en mobilité humaine ; en particulier l’accès aux services de santé, quel que soit le statut d’immigration ».
Les expulsions exposent les femmes enceintes à de graves violations de leur droit à la santé, en particulier à la santé reproductive, estime la Commission interaméricaine de droits humains.
Des plaintes d’organisations de la société civile rapportent des opérations de contrôle migratoire, mené par les autorités de l’immigration dominicaine dans les hôpitaux, ayant pour but d’expulser des migrantes et migrants sans tenir compte de leurs besoins de protection humanitaire, dans un contexte de crise institutionnelle, de violence structurelle et de violations des droits humains en Haïti.
Le système des Nations unies en République Dominicaine avait également exprimé sa préoccupation au sujet des arrestations et des expulsions, principalement de femmes enceintes, cherchant ou recevant des soins dans des centres de santé et des hôpitaux, qui ont été détenues et expulsées.
« Une femme haïtienne aurait été contrainte de quitter l’hôpital, où elle recevait une assistance médicale post-partum, y laissant son bébé, pour être transférée à la frontière à Belladère » (Ndlr : sur la frontière commune avec Comendador / capitale de la province d’Elías Piña, en République Dominicaine), relate la Cidh, citant des informations de la société civile.
Cette femme haïtienne a été détenue, pendant quatre jours, dans la ville de Haina (Ndlr : ville située dans la province de San Cristóbal, dans le Sud de la République Dominicaine), avant d’être réunie avec sa famille et son bébé, en dépit de la loi générale sur les migrations interdisant la détention, dans les cas de femmes enceintes ou allaitantes, poursuit la Cidh.
La Commission interaméricaine des droits humains insiste sur la nécessité « de mettre en œuvre des mesures, qui respectent le lien indissoluble entre la non-discrimination et une protection efficace, pour garantir la protection des personnes dans des contextes de mobilité humaine ».
Organe principal et autonome de l’Organisation des États américains (Oea), la Cidh a pour mandat de promouvoir le respect et la défense des droits humains dans la région et agit en tant qu’organe consultatif auprès de l’Oea sur cette question. [emb rc apr 1er/12/2021 15:20]