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Haïti-Remaniement ministériel : Rejet, doutes, expectatives

P-au-P, 25 nov. 2021 [AlterPresse] --- Les réactions se partagent entre rejet, doutes et expectatives, après le remaniement ministériel, effectué le 24 novembre 2021, par le premier ministre de facto Ariel Henry, qui a ouvert la porte de son gouvernement à huit nouveaux ministres, issus, pour la plupart, de l’ancienne opposition, dans différentes prises de position rassemblées par l’agence en ligne AlterPresse.

Trouver des solutions

Le parti politique Rasanbleman sosyalis pou yon inisyativ nasyonal tou nèf (Rasin kan pèp la) a condamné la décision d’Ariel Henry de monter un nouveau gouvernement alors qu’il ne jouit d’aucune légitimité.

Ce nouveau gouvernement ne va apporter aucune solution aux problèmes fondamentaux du pays sur le plan sécuritaire et économique, avertit Camille Chalmers, porte-parole de Rasin kan pèp la, dans une interview accordée à l’agence en ligne AlterPresse.

Mainmise du Phtk ?

« Il est évident qu’après 4 mois à la tête du pays, Ariel Henry a démontré qu’il n’a pas de capacité pour répondre aux problèmes du pays ». Et aujourd’hui, il y a un replâtrage, pas vraiment un nouveau gouvernement où les postes clés sont restés sous le contrôle du Parti haïtien tèt kale (Phtk) », a-t-il déploré.

L’agenda présenté, qui est essentiellement centré sur les élections, n’est pas de nature à favoriser le progrès, pense-t-il.

Improbables résultats

Le simple changement de certaines personnalités dans le gouvernement actuel ne contribuera pas à résoudre les problèmes, notamment celui de l’insécurité, souligne, de son côté, l’ancien sénateur Youri Latortue, principal dirigeant du parti politique Ayiti an aksyon (Aaa).

« Pour la sécurité, les personnes qui siégeaient au niveau du Conseil supérieur de la police nationale (Cspn) et qui n’ont pas donné de résultats, en particulier le ministre de l’intérieur (Liszt Quitel) et le premier ministre, sont encore là. Je ne crois pas qu’on aura des résultats à partir de cette même structure », insiste-t-il.

En ce qui concerne l’économie, Latortue critique la volonté exprimée par le premier ministre de facto d’augmenter les prix du carburant afin de diminuer un éventuel manque à gagner de l’État sur la vente des produits pétroliers à la pompe. « Je pense que le gouvernement ne peut pas établir le climat propice à cette augmentation en ce moment », estime-t-il.

Déficit de consensus

De son côté, le parti Union nationale pour l’intégrité et la réconciliation (Unir) entend suivre les actions que ce nouveau gouvernement « remanié » va poser, se montrant quand-même sceptique face à leurs retombées positives.

Les personnalités qui composent ce gouvernement sont issues d’un ensemble de partis politiques qui avaient signé l’accord d’Ariel Henry, dans l’idée de briguer uniquement des postes ministériels pour gérer les intérêts de leurs groupes politiques, fustige le coordonnateur de l’Union nationale pour l’intégrité et la réconciliation (Unir), Clarens Renois.

Aucun consensus n’a été trouvé avec les différents secteurs de la vie nationale pour la mise en place de ce nouveau cabinet ministériel, déplore-t-il.

Il n’est pas trop tard pour le premier ministre de facto de chercher à rencontrer les signataires d’autres accords, en vue de trouver une entente sur la façon de gérer l’Etat, croit-il.

Challenge ambitieux et difficile

Huit personnalités ont intégré le nouveau cabinet ministériel après avoir été investies, le mercredi 24 novembre 2021, en la résidence officielle du premier ministre.

Cette investiture, qui devait avoir lieu au bureau du premier ministre de facto, au bas de la ville de Port-au-Prince, a été déplacée, en dernière heure, à la résidence officielle d’Ariel Henry, en raison de détonations d’armes à feu, entendues dans les environs du bureau du premier ministre de facto.

L’investiture des membres de ce nouveau gouvernement survient, après des consultations initiées par Ariel Henry dans la perspective d’une mise en application de l’accord du 11 septembre 2021, supporté par des anciens dirigeants politiques de l’opposition.

Ariel Henry assimile l’intégration de ces 8 personnalités, dans son gouvernement de facto, à un « challenge ambitieux et difficile, compte tenu du climat d’insécurité, que certains ont choisi de faire régner dans divers coins du territoire », relate AlterPresse.

L’installation de ce nouveau gouvernement permet d’aborder une nouvelle étape décisive de la période intérimaire, déclare-t-il.

L’une des tâches principales de ce gouvernement consiste à créer un environnement sûr et stable, propice à l’organisation des consultations populaires pour l’adoption d’une nouvelle constitution et le choix de nouveaux élus, ajoute-t-il.

Sur le plan sécuritaire, une stratégie mise en œuvre par la Police nationale d’Haïti (Pnh), soutenue par les Forces armées d’Haïti, visant à resserrer l’étau autour de certaines zones de non-droit va se poursuivre et s’intensifier, annonce le gouvernement de facto.

Il appelle les jeunes gens déboussolés qui se sont laissés séduire par la violence armée, à déposer leurs armes.

« Sinon, tôt ou tard, ils seront neutralisés et finiront en prison, ou ils risquent de perdre la vie s’ils résistent aux forces de l’ordre », menace-t-il. [mj emb apr 25/11/2021 16:05]