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Environnement : COP26 à Glasgow et chaos climatique en Haïti

Participer au COP26 pour le plaisir... En raison du silence de l’État haïtien, aujourd’hui, il ne reste qu’environ douze milles des trente-deux milles hectares de la forêt des Pins et 600 des 2000 hectares du Parc National La Visite. Cette situation est pareille pour le plus grand parc Naturel de la Caraïbe à savoir le Parc Macaya qui est livré à lui-même depuis la fin du projet financé par la Banque Inter-Américaine de Développement (BID). En matière de gestion de l’eau, l’État haïtien n’a pris aucune mesure pour faire respecter l’arrêté du 08 octobre 1992 déclarant d’utilité publique (15) quinze source d’eau qui alimentent l’aire métropolitaine en eau salubre. La biodiversité d’Haïti continue à s’effondrer.

Par Anel DORLÉAN

Repris de Écovert-Haiti

P-au-P., 05 nov. 2021 [AlterPresse/EcovertHaiti] --- La 26e Conférence des Nations-Unies sur le climat s’ouvre à Glasgow en Écosse pendant qu’Haïti risque de plonger dans le chaos climatique 29 ans après avoir signé la Convention Cadre des Nations Unies sur le changement climatique (CCNUCC).

La 26e Conférence des Nations-Unies sur le climat s’ouvre à Glasgow en Écosse pendant qu’Haïti risque de plonger dans le chaos climatique 29 ans après avoir signé la Convention Cadre des Nations Unies sur le changement climatique (CCNUCC).

20 ans après avoir organisé la première conférence des Nations Unies sur l’environnement à Stockholm en Suède en 1972 pendant laquelle les pays du Sud revendiquaient leur droit de se développer en avançant que leurs problèmes environnementaux sont causés par leur sous-développement. Les dirigeants mondiaux se sont donné rendez-vous à Rio de Janeiro au Brésil du 03 au 14 août 1992 pour un nouveau sommet afin d’évaluer les progrès réalisés en matière de l’environnement.

Ce nouveau sommet de la terre a marqué un grand pas dans la prise en compte du développement durable en adoptant une déclaration appelée déclaration de Rio sur l’Environnement et le développement comprenant 27 Principes.

Ce sommet a permis d’adopter un programme d’action pour le 21e siècle appelé action 21 (Agenda 21 en Anglais) qui donne des recommandations pour la mise en œuvre concrète des principes de la déclaration dans les différents domaines (santé, logement, pollution de mer, gestion de la mer, des forêts et des montagnes, désertification, gestion des ressources en eau et de l’assainissement, gestion de l’agriculture, gestion de déchets).

Ce sommet a également permis d’adopter plusieurs conventions internationales sur l’environnement notamment la Convention Cadre des Nations-Unies sur le Changement Climatique (CCNUCC) ratifie le 09 mai 1992 par 154 États et rentre en vigueur le 21 mars 1994. Cette convention compte aujourd’hui 197 États membres et a pour objectif ultime de prévenir les activités humaines dangereuses pour le système climatique.

En 1997, certaines parties à la CCNUCC ont signé 11 le décembre 1997, lors de la troisième conférence des Parties (COP3) le protocole de Kyoto qui est un accord international qui s’ajoute au Convention Cadre des Nations Unies sur le changement climatique avec pour objectifs de réduire les émissions de gaz à effet de serre dans les pays signataires y compris Haïti et se rencontrent une fois par an depuis 1997.

Si COP 26 qui s’ouvre le lundi 01 novembre 2021 à Glasgow en Écosse est une occasion pour les États de présenter les efforts déployés pour lutter contre le changement climatique. Pour la République d’Haïti, c’est alarmant de constater que le pays risque de plonger dans le chaos climatique puisque l’État haïtien, 29 ans après la signature de la CCNUCC, n’arrive pas toujours à mettre en application les recommandations de l’agenda 21 relatives à la gestion de la mer, des forêts, des montagnes, des ressources en eau, des déchets et j’en passe. Un simple constat sur l’état des sources d’eau, des rivières, des ravines, des égouts, des écosystèmes côtiers et marins et des bassins versants indique que le pays est en crise et que nous nous trouvons devant une impasse.

Malgré le cri d’alarme lancé par l’organisation Écovert-Haiti concernant la dégradation de trois(3) des cinq(5) noyaux d’aires protégées de la Première Réserve de Biosphère la Selle (forêt des Pins et Parc) riche en biodiversité et qui abrite des espèces animales et végétales endémiques à la République et leurs rôles dans l’absorption de carbone. L’État haïtien, cet État haïtien qui a eu assez d’audace pour participer au COP26 pour le plaisir, mais n’a pu stopper la dégradation des ressources forestières haïtiennes malgré les différentes interventions de l’organisation Ecovert-Haїti qui ne cesse de montrer l’importance des forets pour la survie de l’humanité en montrant son rôle d’assimilation de l’eau pendant la période pluvieuse pour la rediffuser en période sèche grâce aux sources et rivières. La forêt stocke également le carbone qui contribue à l’effet de serre. En raison du silence de l’État, aujourd’hui, il ne reste qu’environ douze milles des trente-deux milles hectares de la forêt des Pins et 600 des 2000 hectares du Parc National La Visite.

Même les deux zones humides de cette réserve de biosphère à savoir l’Étang Trou Caïman et le Lac Azuei qui constituent avec les zones humides du lac Enriquillo une valeur biologique exceptionnelle ne sont soumises à aucun contrôle.

Cette situation est pareille pour le plus grand parc Naturel de la Caraïbe à savoir le Parc Macaya qui est livré à lui-même depuis la fin du projet financé par la Banque Inter-Américaine de Développement (BID) qui a permis de recruter des agents pour sécuriser ce haut lieu de la biodiversité pourtant très menaces par les activités humaines.

La zone côtière de cette réserve de biosphères n’est soumise à aucune mesure de contrôle malgré la forte présence des mangroves qui aide à stocker les carbones bleus.

En matière de gestion de l’eau. L’État haïtien n’a pris aucune mesure pour faire respecter l’arrêté du 08 octobre 1992 déclarant d’utilité publique (15) quinze sources d’eau qui alimentent l’aire métropolitaine en eau salubre.

La Plupart des rues des grandes villes d’Haïti sont transformées en des centres de décharges de déchets à ciel ouvert qui sont souvent brûlés sur place, mettant en danger la santé des passants tout comme des résidents de ces quartiers.

La biodiversité d’Haïti continue à s’effondrer malgré les différents appels lancés par les organisations écologiques haïtiennes demandant à l’État de déclarer urgence écologique dans les forêts haïtiennes.

On se demande comment des dirigeants si irresponsables peuvent avoir de courage de répondre aux invitations internationales sur le climat alors qu’ils ne prennent aucune mesure pour déclarer urgence climatique en Haïti.

Depuis 1997, Haïti participe tant mal que bien aux Conférences des parties qui ont signé la CCNUCC et le protocole de Kyoto dans l’objectif de travailler à la réduction des CO2, mais peu d’efforts sont consentis sur le terrain.

Certainement, Haïti ne fait partie des grands pollueurs comme la Chine, l’Inde et É.-U., mais en raison de la dégradation des écosystèmes de montagnes et des zones boisées du pays, les effets du changement climatique, notamment les régimes de précipitations et des températures inhabituelles ainsi que des événements météorologiques extrêmes de plus en plus fréquents comme la sécheresse, les cyclones et les tremblements de terre ont un impact croissant sur l’agriculture, et notamment les ressources en eau.

En ce 01 novembre 2021 marquant l’ouverture de la COP 25 sur le climat, Écovert-Haiti salue cet événement mondial de grande ampleur qui vise à conjuguer les efforts pour lutter contre le changement climatique et fustige la présence de l’État haïtien pour son manque d’engagement dans la lutte contre le changement climatique sur le terrain. [ad evh apr 05/11/2021 14:00]

* Écologiste, Ing. en Développement
Coordonnateur de Recherche Écovert-Haiti
Contact : ecoverthaїti02@gmail.com
https://ecoverthaiti.net

Photo : Forêt des Pins, Écovert-Haiti