P-au-P, 25 oct. 2021 [AlterPresse] --- Nommé le jeudi 21 octobre 2021, en remplacement de Léon Charles, l’actuel directeur général intérimaire de la Police nationale d’Haïti (Pnh), Frantz Elbé, aurait participé, en 2004, à des actes de violations des droits humains dans le pays, a révélé le Réseau national de défense des droits humains (Rnddh), dans une interview accordée à l’agence en ligne AlterPresse.
Frantz Elbé aurait également eu des liens supposés avec des milieux criminels, selon les informations disponibles.
« Le 21 février 2004, vers 10h du matin, le commissaire responsable du commissariat de Grand-Goâve, Frantz Elbé, accompagné du commissaire Emmanuel Montpremier, responsable du commissariat de Delmas 33, et de plusieurs bandits, ont fait irruption dans la résidence de trois militants anti gouvernementaux de l’époque. Ces hommes sont portés disparus et leurs corps n’ont jamais été retrouvés depuis lors ».
Ces militants étaient venus se réfugier à Delmas 41, pour fuir les persécutions politiques, dont ils faisaient l’objet à Grand-Goâve, rappelle Marie Rosie Auguste Ducénat, responsable de programmes au Rnddh.
L’organisme de défense des droits humains dit craindre une nomination politique du nouveau chef de la Police.
Depuis l’accession, le mardi 20 juillet 2021, sur pression internationale, d’Ariel Henry comme premier ministre de facto, des secteurs et militants politiques affirment être responsables de révocations ou nominations dans l’administration publique, relève le Réseau national de défense des droits humains.
En conférence de presse, le 20 octobre 2021, le Secteur dit démocratique et populaire avait effectivement lancé un ultimatum à Ariel Henry, pour qu’il remplace Léon Charles à la tête de l’institution policière.
Près de 24 heures après, Léon Charles a été forcé de remettre sa démission.
Cette structure politique avait également déclaré qu’elle était à l’origine des révocations du titulaire de facto du Ministère de la justice et de la sécurité publique (Mjsp), Me. Rockfeller Vincent, et du commissaire du gouvernement pres le tribunal civil de Port-au-Prince, Me. Bed-Ford Claude.
L’institution policière connaît actuellement de nombreuses difficultés, exacerbées par l’aggravation de la situation sécuritaire du pays, regrette le Rnddh.
« Il est clair qu’on ne peut pas se permettre, en Haïti, d’avoir de nomination politique au sein de la Pnh. Car, la solution pour résoudre le problème de l’insécurité ne peut pas passer à travers des accointances politiques », soutient le Réseau national de défense des droits humains.
L’ancien directeur général ad intérim de la Pnh, Léon Charles. a laissé une institution policière « complètement » démobilisée.
« Des policiers subissent des menaces à cause de leur travail et sont obligés, soit de quitter le pays, soit de se mettre à couvert. L’institution ne dispose pas d’assez de matériels et d’équipements pour traquer les bandits ». [mj emb rc 25/10/2021 20:30]