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Criminalité : Pic alarmant d’enlèvements de femmes et d’enfants, en 2021, en Haïti, relève l’Unicef

« Plus de 100 femmes et enfants kidnappés de janvier à octobre 2021 »

Communiqué de l’Unicef

Transmis à AlterPresse le 21 octobre 2021

Port-au-Prince/Panama, 21 octobre 2021 – En Haïti, frappée par la violence, le nombre d’enfants et de femmes, enlevés contre le paiement d’une rançon, au cours des huit premiers mois de 2021, a déjà dépassé le total de l’année dernière, a averti aujourd’hui le Fonds des Nations unies pour l’enfance (Unicef).

« Plus aucun endroit n’est sûr pour les enfants en Haïti », a déclaré Jean Gough (Ndlr : Jean Cough est de nationalité hondurienne), Directrice régionale de l’Unicef pour l’Amérique latine et les Caraïbes.

« Que ce soit sur le chemin de l’école, à la maison ou même à l’église, les filles et les garçons risquent d’être kidnappés n’importe où, à n’importe quelle heure du jour ou de la nuit. C’est le pire cauchemar de tout parent ».

Selon des estimations de l’Unicef, basées sur des sources officielles, 71 femmes et 30 enfants ont été enlevés au cours des huit premiers mois de cette année (2021), contre 59 femmes et 37 enfants en 2020.

Ils représentent un tiers des 455 enlèvements, signalés cette année. La plupart des enlèvements ont lieu dans la capitale, Port-au-Prince, et la grande majorité des personnes enlevées sont des Haïtiens.

« Les gangs criminels utilisent les enfants comme monnaie d’échange et gagnent de l’argent grâce à l’amour des parents pour leurs enfants », a déclaré Gough.

« Au milieu de la pauvreté généralisée et de la criminalité très répandue, les enlèvements d’enfants sont devenus une activité lucrative. C’est odieux ».

La recrudescence des enlèvements se passe dans un contexte de violence de rue, liée aux gangs à Port-au-Prince et dans ses environs, obligeant plus de 15,000 femmes et enfants à fuir leur domicile.

Ces actes de violence, visant les enfants et leurs mères, ont un impact durable. Pour les parents et les enfants enlevés, la captivité provoque toujours un traumatisme, car ils sont souvent témoins ou subissent des humiliations, des menaces et, dans certains cas, des violences.

Pour améliorer le signalement des incidents et l’assistance aux enfants dans le besoin, y compris les enfants enlevés, l’Unicef a soutenu l’agence nationale de protection de l’enfance, (Ndlr : Institut du bien-être social et de recherches) Ibesr, en réactivant son numéro vert gratuit, pour l’associer à la ligne d’assistance téléphonique de la Brigade de protection des mineurs (Bpm).

Haïti est encore sous le choc d’un tremblement de terre dévastateur, qui a frappé le Sud-Ouest du pays, en août 2021, laissant 130,000 maisons, plus de 1,000 écoles et quelque 90 établissements de santé endommagés ou détruits.

De plus, l’expulsion des États-Unis et d’autres pays, de plus de 7,600 migrants haïtiens, dont plus de la moitié sont des femmes et des enfants, pourrait exposer davantage d’enfants et de femmes vulnérables à la violence des gangs.

La spirale de la violence, les pillages, les barrages routiers et la présence omniprésente de gangs armés constituent autant d’obstacles à l’aide humanitaire au lendemain du séisme. Alors que la route nationale vers les zones touchées dans le Sud-Ouest est la cible d’enlèvements et de détournements, l’Unicef et ses partenaires utilisent des itinéraires alternatifs, pour acheminer les fournitures d’urgence aux communautés les plus touchées. Ce qui augmente les coûts de transport et les délais de livraison.

L’Unicef exhorte tous les acteurs concernés à s’abstenir de cibler les enfants et les femmes, et appelle le gouvernement d’Haïti à prendre les mesures idoines, pour combattre la violence des gangs contre les enfants.

Photo : Unicef