P-au-P, 23 sept. 2021 [AlterPresse] --- Évoquant sa déception vis-à-vis des modes d’expulsions de réfugiés haïtiens, dans un contexte de crise socio-politique en Haïti, l’envoyé spécial des États-Unis d’Amérique pour Haïti, Daniel Foote, déclare avoir remis sa démission avec effet immédiat, dans une lettre de démission, adressée au secrétaire d’Etat étasunien, Anthony Blinken, dont a pris connaissance l’agence en ligne AlterPresseen.
« Je ne serai pas associé à la décision inhumaine et contre-productive des États-Unis d’expulser des milliers de réfugiés haïtiens et d’immigrants illégaux vers Haïti », avertit Foote, qui avait pris ses fonctions d’envoyé spécial pour Haïti, le jeudi 22 juillet 2021.
Daniel Foote critique l’approche politique américaine, envers Haïti, qui reste « profondément imparfaite », déplorant le fait que ses recommandations « ont été ignorées et rejetées ».
Les expulsions des milliers de migrantes et de migrants haïtiens sans abris et sans argent alimenteront davantage le désespoir et la criminalité en Haïti, où règnent la pauvreté, la terreur, des enlèvements, des vols et des massacres perpétrés par des gangs armés, sous un gouvernement corrompu allié des gangs.
Plus de 600 migrantes et migrants haïtiens ont été refoulés, du dimanche 19 au mardi 21 septembre 2021, à Port-au-Prince, parmi des milliers qui campent à Del Rio, au Texas (États-Unis d’Amérique).
L’ambassadeur américain Daniel Foote appelle à une aide immédiate en faveur des Haïtiennes et Haïtiens, afin de rétablir la capacité du gouvernement à neutraliser les gangs et rétablir l’ordre, par le biais de la police nationale.
Des bandits armés continuent de semer la terreur à Martissant (périphérie sud de la capitale, Port-au-Prince) et Croix-Des-Bouquets (municipalité au nord-est de Port-au-Prince), sans que la police ne puisse pas les arrêter.
Le mardi 21 septembre 2021, des membres du gang dénommé 400 mawozo ont mis le feu à plusieurs véhicules et détruit des maisons dans la commune de la Croix-Des-Bouquets (nord-est), où beaucoup de personnes ont été contraintes de rentrer chez elles.
Un véritable accord est nécessaire entre la société et les protagonistes politiques, avec un soutien international, pour tracer une voie opportune vers la sélection démocratique d’un prochain président et parlement, estime, par ailleurs, Daniel Foote.
Le gouvernement de facto a publié, le 17 septembre 2021, dans le journal officiel de la République « Le Moniteur », son « accord politique pour une gouvernance apaisée et efficace » de la période intérimaire, conclu avec des partis et regroupements politiques.
La publication de ce texte est illégale et contraire aux procédures administratives, relatives aux publications pouvant être consignés dans « Le Moniteur », a dénoncé le secrétaire général de la présidence, Lyonel Valbrun, dans des correspondances adressées aux autorités concernées.
Les ambassades des États-Unis et d’autres à Port-au-Prince ont publié une autre déclaration publique de soutien au premier ministre de facto non élu, le Dr Ariel Henry, en tant que chef par intérim d’Haïti, rappelle Foote.
Les Haïtiennes et Haïtiens veulent « tracer leur propre voie, sans marionnettes internationales et sans candidats privilégiés, mais avec un véritable soutien pour cela », poursuit l’émissaire des Etats-Unis, soulignant combien le cycle d’interventions politiques internationales en Haïti a constamment produit des résultats catastrophiques.
« Des impacts plus négatifs sur Haïti auront des conséquences désastreuses non seulement en Haïti, mais aux États-Unis et chez nos voisins de l’hémisphère », insiste Daniel Foote. [emb rc apr 23/09/2021 09:45]