P-au-P., 21 sept. 2021 [AlterPresse] --- Les déportations massives de migrantes et de migrants haïtiens, en provenance des États-Unis d’Amérique, depuis le dimanche 19 septembre 2021, suscitent de l’indignation en Haïti, où des voix s’élèvent contre la manière dont ces personnes ont été traitées sur la frontière américano-mexicaine, selon les témoignages recueillis par l’agence en ligne AlterPresse.
Les images d’Haïtiens, pourchassés par des gardes frontaliers américains à dos de cheval, diffusées par les médias aux États-Unis et reprises dans le monde entier, soulève la réprobation. Les témoignages de migrantes et de migrants, repartagés sur les réseaux sociaux, ajoutent à l’émotion.
Le père Levelt Michaud, directeur du Service jésuite aux migrants (Sjm), nous a confié qu’il a été choqué par ces images. J’ai le cœur déchiré, a-t-il dit, exprimant sa révolte et sa frustration, face à ce qu’il considère comme un traitement inhumain et dégradant.
Pour lui, cette situation rappelle le temps de la traite, lorsque les colons pratiquaient la chasse aux Africains pour les capturer, les déporter en Amérique pour être réduits en esclavage.
En plus d’un accueil digne, il sollicite un appui psychologique pour les réfugiés sévèrement choqués. D’autres organisations appellent à un moratoire sur les expulsions.
Cette poussée migratoire se produit dans un contexte de crise multidimensionnelle qui ne cesse point de s’aggraver.
Pour les milieux de droits humains, impliqués dans l’assistance aux migrantes et migrants, la crise pousse les Haïtiennes et Haïtiens à quitter massivement le pays, surtout au cours des dernières années. Et elle rend difficile la réinsertion des migrantes et migrants, déportés par centaines à Port-au-Prince et au Cap-Haïtien, dans le Nord.
Crise politique, crise économique, crise humanitaire et, surtout, crise sécuritaire sans fin enlèvent tout espoir d’un avenir différent pour de nombreuses Haïtiennes et de nombreux Haïtiens et qui entrent dans la vie professionnelle, estime le Père Michaud.
Toutes les conditions sont réunies pour que les Haitiennes et Haïtiens quittent le pays.
Les personnes déportées ne cachent pas leur grande préoccupation sur la façon, dont ils vont vivre ici, en raison notamment du climat de terreur des gangs qui perdure à travers le pays, où la violence et l’insécurité n’ont pas cessé de s’accroitre. [apr 21/09/2021 07:00]
Photo : capture d’écran télévision américaine