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Les États de la Caraibe s’entendent sans Haiti sur la création de Petrocaribe

P-au-P, 30 juin 05 [AlterPresse] --- La proposition du Venezuela de créer la Petrocaribe pour garantir le ravitaillement des nations de la Caraïbe en pétrole, a été approuvée le 29 juin par 14 des 16 Etats représentés au premier sommet énergétique caribéen, qui s’est tenu à Puerto La Cruz (est de Caracas) en l’absence d’Haiti.

Interrogé sur l’absence d’Haiti à ce sommet, Mike Joseph, porte-parole du premier ministre Gérard Latortue, a indiqué qu’aucune information officielle relative à ce sommet n’émane du gouvernement intérimaire. « Je n’ai aucune information à ce sujet (...) Je n’ai rien reçu et je ne sais pas si Haïti a été invitée », a déclaré Mike Joseph à AlterPresse.

La déclaration finale officialisant la création de Petrocaribe a été signée par Venezuela, Antigua et Barbuda, Bahamas, Belize, Cuba, la Dominique, Grenade, Guyane, Jamaïque, Sainte Lucie, St-Kitts et Nevis, St Vincent et les Grenadines, Surinam et la République dominicaine.

La proposition n’a pas reçu le vote de Trinidad & Tobago et de la Barbade. Pour justifier leur refus, les deux nations ont avancé qu’elles ont besoin d’étudier l’adaptation des différents termes du document à leurs législations respectives.

Le Venezuela, cinquième pays exportateur mondial de pétrole, a proposé la création d’un « arc solidaire énergétique » dans le cadre de l’intégration régionale prônée par le président Hugo Chávez.

Petrocaribe est une initiative du gouvernement du Venezuela visant la création d’une compagnie énergétique étatique des Caraïbes en vue d’éviter un appauvrissement accéléré des économies de la Caraïbe, tenant compte de la hausse du prix du pétrole brut sur le marché international.

Le premier ministre de Trinidad & Tobago, Patrick Manning, a estime que la proposition vénézuelienne affecterait la petite production pétrolière de son pays, qui a son propre marché dans la région des Caraïbes.

Petrocaribe se présente « comme une initiative politique et commerciale basée sur la solidarité partagée et la co-responsabilité sociale visant à assurer l’accès à l’énergie à un prix juste et raisonnable dans le cadre de l’intégration énergétique régionale », indique le document final.

La compagnie disposera d’un capital initial vénézuélien évalué à 50 millions de dollars destinés à un fonds social pour créer dans la Caraïbe une zone de libre échange commerciale, a fait savoir Chávez.

Le dirigeant du Venezuela a placé cette proposition dans le cadre d’une initiative semblable à l’Alternative Bolivarienne pour les Amériques (ALBA), prônée comme modèle d’intégration économique de l’Amérique latine, en opposition à la Zone de libre Echange des Amériques (ZLEA), approuvée par les Etats-Unis.

« Nous pourrions ensuite chercher des apports spéciaux extraordinaires de quelques instances internationales et d’autres pays qui pourraient nous aider », a dit Chávez.

Un Secrétariat exécutif, qui deviendra un Conseil ministériel, composé d’un représentant de chaque pays membre, est chargé de gérer la Petrocaribe. Ce secrétariat se réunira une fois par an.

Le président vénézuélien a aussi annoncé la création de l’entreprise Pétrole du Venezuela / Caraïbe en vue de coordonner le transport et la commercialisation du pétrole brut vénézuélien dans les pays de la région. Il a promis aux pays de la Caraïbe les équipements et l’appui technique de son gouvernement dans l’objectif de créer leurs propres compagnies pétrolières étatiques.

La création de Petrocaribe complète les accords de Caracas et de San José, signés en 2000 et 1980, en vue d’approvisionner en pétrole brut vénézuelien les pays de la Caraïbe à des conditions préférentielles. [do gp apr 30/06/05 10 : 00]