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Haïti-Assassinat de Jovenel Moïse : Malgré son renvoi, le chef du parquet de Port-au-Prince émet une interdiction de départ contre le premier ministre de facto Ariel Henry

P-au-P, 14 sept, 2021 [AlterPresse] --- Quoique ayant été démis de ses fonctions, le commissaire du gouvernement près le tribunal civil de Port-au-Prince, Me. Bed-Ford Claude, a émis une interdiction de départ à l’encontre du chef du gouvernement de facto, Ariel Henry, pour des « présomptions graves d’assassinat » sur l’ancien président de facto Jovenel Moïse, selon les informations obtenues par l’agence en ligne AlterPresse.

Des instructions nécessaires doivent être passées au service concerné pour qu’Ariel Henry « soit interdit de quitter, par voie aérienne, maritime et terrestre, le territoire national », requiert Bed-Ford Claude, dans une correspondance, en date du 14 septembre 2021, adressée au directeur de l’immigration et de l’émigration en Haïti, Joseph Cianciulli.

Renvoyé par Ariel Henry, Bed-Ford Claude s’arroge, quand même, le droit de rendre public « un réquisitoire supplétif », dans lequel il demande au juge d’instruction, Me. Garry Orélien, d’ « inculper » le premier ministre de facto, suite aux nouvelles informations faisant état, entre autres, de conversations téléphoniques entre Ariel Henry et Joseph Félix Badio, l’un des principaux suspects dans l’assassinat de Jovenel Moïse, selon des médias.

Cette interdiction de départ contre Ariel Henry et la demande de mise en mouvement de l’action publique à son encontre font suite à la révocation, décidée par l’ensemble des ministres du gouvernement de facto, du secrétaire général du conseil des ministres, Rénald Lubérice, du titulaire de facto du Ministère de la justice et de la sécurité publique (Mjsp), Rockefeller Vincent et du commissaire du gouvernement près le tribunal civil de Port-au-Prince.

Cette décision survient à l’issue d’un conseil des ministres spécial, organisé la veille, le lundi 13 septembre 2021, par Ariel Henry pour entériner son accord signé avec des organisations politiques de l’opposition et de la société civile. Haïti

« Rien ni personne - voire les menaces de toutes sortes, dont des agressions physiques - ne nous détournera de notre volonté inébranlable et infaillible de cette reconstruction collective, pour le bonheur de toutes les filles et de tous les fils de notre nation », a écrit, ce mardi 14 septembre 2021, Ariel Henry, sur son compte twitter, en réponse à ses opposants politiques de l’équipe tèt kale au pouvoir, qui se revendiquent de Jovenel Moïse.

« L’heure est au relèvement et à la reconstruction », déclare le premier ministre de facto, un mois après le tremblement de terre dévastateur du samedi 14 août 2021, qui a grandement affecté les départements du Sud, de la Grande Anse et des Nippes (sud-Ouest d’Haïti).

Jusqu’où ira ce bras de fer entre le premier ministre de facto Ariel Henry et d’autres membres de l’equipe tèt kale au pouvoir, qui voudraient instruire, eux-mêmes, le dossier d’assassinat, le 7 juillet 2021, de Jovenel Moïse, déjà confié au cabinet d’instruction ?

Dans une prise de position, l’Office de la protection de la citoyenne et du citoyen (Opc) a exigé la démission d’Ariel Henry, suite à la confirmation par la compagnie Digicel des relevés des appels téléphoniques entre Ariel Henry et Joseph Félix Badio, l’un des suspects dans l’assassinat de Jovenel Moïse.

Quoique le dossier soit au cabinet d’instruction, le parquet près le tribunal civil de Port-au-Prince a décidé d’inviter Ariel Henry à venir répondre à ses questions, dans le cadre de l’enquête sur l’assassinat du 7 juillet 2021.

« Soyez assurés qu’aucune distraction, aucune convocation ou invitation, aucune manœuvre, aucune menace, aucun combat d’arrière-garde, ne me détournera de ma mission », avait réagi Ariel Henry.

Mésentente entre le titulaire de facto du Ministère de la justice et son premier ministre

Le titulaire de facto du Ministère de la justice et de la sécurité publique (Mjsp), Rockefeller Vincent, avait exigé des sanctions administratives ou pénales contre tout officier de la Police nationale d’Haïti (Pnh), qui exécuterait un ordre d’une autorité politique non compétente, sans l’aval de son ministère, dans une correspondance adressée, le 13 septembre 2021, au directeur général ad intérim de la Pnh, Léon Charles.

Sans le mentionner, Rockefeller Vincent faisait indirectement référence au premier ministre de facto Ariel Henry, président du Conseil supérieur de la police nationale (Cspn), selon les observations des milieux politiques.

L’institution policière est placée sous l’autorité du titulaire du ministère de la justice, selon Rockefeller Vincent.

« Le Conseil supérieur de la police nationale (Cspn) ne dispose fondamentalement que d’un pouvoir consultatif sur les grandes orientations de la politique d’action de la Police nationale », souligne-t-il.

Rockefeller Vincent en avait profité pour demander à la Police nationale de renforcer immédiatement la sécurité personnelle du commissaire du gouvernement près le tribunal civil de Port-au-Prince, Bed-Ford Claude, en raison de « menaces importantes et inquiétantes, dont il ferait l’objet depuis tantôt cinq jours ». [emb rc apr 14/09/2021 13:05]