P-au-P, 10 sept. 2021 [AlterPresse] --- Le premier ministre de facto Ariel Henry continue de multiplier les pourparlers avec des secteurs de l’opposition traditionnelle, en vue d’aboutir à un accord politique pour résoudre la crise, selon les informations rassemblées par l’agence en ligne AlterPresse.
Le jeudi 9 septembre 2021, Ariel Henry s’est entretenu avec des représentants nationaux et de la diaspora, dont du Secteur dit démocratique et populaire (Sdp).
Ariel Henry voudrait, dit-il, « commencer à agir pour améliorer les conditions de vie des concitoyennes et concitoyens, sur le plan social, politique, économique et sécuritaire », selon un communiqué de son bureau.
Ces échanges restent « un moyen sûr et efficace, permettant aux différents acteurs d’aplanir les chantiers de la discorde, de trouver la meilleure formule pour apprendre à se faire confiance et agir ensemble, de manière à recoudre le tissu social », estime le chef du gouvernement de facto.
« Aucune porte de sortie ne pourra être envisagée, si tous les secteurs ne s’accordent pas à trouver une entente, un Accord, en vue d’aboutir à une gouvernance apaisée, dont les retombées faciliteront la mise sur pied d’un Conseil électoral provisoire crédible », reste-t-il convaincu.
Les tâches prioritaires seraient d’assurer et de garantir la sécurité des citoyennes et citoyens sur tout le territoire national, de procéder rapidement à la tenue d’élections honnêtes, inclusives et démocratiques, pour le renouvellement du personnel politique et la mise en marche de toutes les institutions républicaines.
Ariel Henry déclare souhaiter urgemment la finalisation du processus, lié à la signature de l’accord pour la réorganisation et la restructuration de l’État dans ses différentes composantes.
La discorde politique tourne principalement autour de l’adoption ou non d’un Exécutif monocéphale et bicéphale, pour la période de transition politique.
Les divergences politiques
« Normalement, c’est le premier ministre qui va jouer le rôle de l’exécutif. Nous avons souhaité qu’il y ait un président et un premier ministre », affirme l’ancienne sénatrice du Plateau central, Edmonde Supplice Beauzile, présidente du parti politique Fusion des sociaux-démocrates, qui se déclare favorable à un accord politique avec Ariel Henry.
Tout en affirmant sa volonté de faire tout ce qui dépend de lui, le premier ministre de facto s’est interrogé, lors des échanges, sur ses compétences d’installer un président, rapporte-t-elle.
Le dilemme n’est pas la question de « monocéphale ou bicéphale ». L’important, c’est que le pays ne peut plus continuer de fonctionner comme ça, avance la présidente du parti politique Fusion.
Suivant la proposition d’accord du gouvernement de facto, durant la période intérimaire, qui ne devrait pas durer plus d’une quinzaine de mois, l’accent serait mis sur la gouvernance de l’État, un organisme de contrôle, un autre conseil d’administration du Conseil électoral provisoire (Cep), une Assemblée Constituante pour revoir la Constitution, en prenant en compte tous les travaux réalisés dans les années passées, selon le parti politique Fusion des sociaux-démocrates.
« En vue d’assurer la gouvernance politique, les parties conviennent de mettre en place un système gouvernemental bicéphale, calqué sur le régime constitutionnel défini dans la Constitution de 1987 », fait savoir, de son côté, la Commission citoyenne pour la recherche d’une solution haïtienne à la crise, à travers la dernière version du document de son accord politique, dont a pris connaissance AlterPresse, le 9 septembre 2021.
Cette période de transition devrait durer 24 mois, à partir de la date de l’installation du gouvernement de transition, poursuit la Commission citoyenne pour la recherche d’une solution haïtienne à la crise.
« Nous sommes restés attachés à la Constitution de 1987, et nous croyons qu’il ne peut y avoir un accord, qui porte le nom d’Ariel Henry. Nous sommes dans une crise politique, dans laquelle il n’y a pas de dispositions légales pour la résoudre. Donc, il faudrait un consensus pour trouver un accord, afin de déterminer les directions à prendre avec le pays », déclare Raphaël André, porte-parole du parti politique Mouvement patriotique populaire dessalinien (Mopod), partisan d’un exécutif bicéphale.
Le premier ministre de facto fait partie du régime politique en place, qui a contribué à enfoncer Haïti dans la situation actuelle, fustige le parti politique Mopod.
« Les gens qui sont là ont contribué à traîner le pays dans la boue. Ils ne peuvent pas faire partie de la solution ».
Le porte-parole du Mopod appelle donc à une « transition de rupture », avec des femmes et des hommes crédibles, choisis à partir de principes définis à travers l’accord de Montana du 30 août 2021.
Dans une note, le parti politique « Mouvement En avant » de l’ancien député Jerry Tardieu appelle à considérer les trois propositions d’accord, présentant des pistes de solution pour gérer la transition politique.
Il s’agit de la proposition de la Commission citoyenne pour la recherche d’une solution haïtienne à la crise , de celle du Protocole d’entente nationale et celle du bureau du premier ministre de facto, Ariel Henry.
De son côté, l’organisation sociopolitique Matris Liberasyon de l’ancien sénateur Antonio Chéramy dit plaider en faveur d’un exécutif bicéphale.
Matris Liberasyon dit apporter son appui à l’accord, issu des discussions entre les organisations politiques et la société civile, initiées par la Commission citoyenne pour la recherche d’une solution haïtienne à la crise. [mj emb rc apr 10/09/2021 12:15]