P-au-P, 24 août 2021 [AlterPresse] --- La journaliste haïtienne Michèle Montas, également ancienne porte-parole de l’Organisation des Nations unies (Onu), souhaite que la distribution des aides internationales se fasse à travers les réseaux locaux de base, évoluant dans les domaines de la santé, de l’éducation et du développement.
Cette stratégie permettrait de mieux répondre aux besoins des survivantes et survivants, souligne-t-elle, dans une tribune, du journal « The New York Times », consultée par l’agence en ligne AlterPresse.
Cette démarche contribuerait à ce que l’aide parvienne réellement aux personnes désespérées dans les villages reculés, estime Michèle Montas, veuve du journaliste Jean Léopold Dominique, assassiné le lundi 3 avril 2000 dans les locaux de Radio Haïti Inter au haut de Delmas.
« Faites confiance aux réseaux haïtiens de base, qui sont en contact direct avec les victimes et qui ont l’habitude de coordonner les efforts de secours… Le simple fait de demander aux habitantes et habitants ce dont ils ont besoin peut éviter les faux pas ».
Les agricultrices et agriculteurs locaux ne doivent pas être négligés en cas d’achats et de distribution de denrées alimentaires aux communautés, poursuit-elle.
La distribution de l’aide s’est améliorée, dans la réponse au tremblement de terre du mardi 12 janvier 2010, lorsque les communautés locales ont été impliquées, alors que le gouvernement haïtien et diverses organisations internationales ont largement échoué pour faire parvenir l’aide dans les zones reculées, a constaté Michèle Montas.
« Avec l’effort international de relèvement à un stade précoce, nous pouvons donner la priorité à ces voix et échapper au cycle de déjà-vu d’Haïti, en repensant la façon, dont l’aide parvient aux personnes qui en ont besoin », déclare-elle.
Suite au tremblement de terre, qui a tué plus de 230 mille personnes en 2010, la Croix-Rouge américaine a été critiquée pour avoir dépensé plus d’argent pour ses propres frais généraux et moins pour aider Haïti, rappelle la journaliste Michèle Montas.
Seulement 6 maisons ont été construites par la Croix-Rouge américaine avec près d’un milliard de dollars américains, collecté pour aider les victimes du séisme, ajoute-t-elle.
« Dans d’autres cas, de larges tranches de l’aide revenaient aux pays donateurs, sous la forme de contrats d’enlèvement des décombres ».
Le dernier bilan provisoire de la protection civile dénombre 2,207 morts, 320 personnes disparues, 12,268 personnes blessées, 52,923 maisons détruites et 77,006 maisons endommagées, dans les départements du Sud, de la Grande Anse et des Nippes, dans le tremblement de terre du samedi 14 août 2021. [mj emb rc apr 24/08/2021 13:05]
Photo : Protection civile